Partager:
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, propose un nouveau cycle de pourparlers de paix directs entre la Russie et l'Ukraine à Instanbul.
EN DEUX MOTS :
- La Russie propose de relancer des pourparlers de paix avec l’Ukraine à Istanbul, tout en critiquant vivement les dirigeants européens.
- Moscou accuse Kiev d’intensifier les attaques pour saboter les négociations, après un week-end de frappes meurtrières de part et d’autre.
- La situation reste explosive, entre déclarations incendiaires, confusions diplomatiques et intensification des combats sur le terrain.
À l'issue d'une réunion avec son homologue turc Hakan Fidan, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, propose qu'un nouveau cycle de pourparlers de paix directs entre la Russie et l'Ukraine se poursuive à Istanbul, ajoutant que la ville turque est un "très bon" endroit.
Lavrov dit se moquer également du "snobisme" et de "l'incompétence" des dirigeants européens lors de la conférence de presse, après que le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré que les principaux bailleurs de fonds occidentaux de l'Ukraine avaient abandonné les restrictions de gamme sur les armes envoyées à Kiev, une annonce qui a suscité une grande confusion quant à la politique de l'Occident.
"Pour ce qui est d'un deuxième cycle de négociations entre la Russie et l'Ukraine, si vous me posez la question, je me tournerais une fois de plus vers nos amis turcs. Istanbul est très bien.", a ainsi déclaré Sergueï Lavrov.
"Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot a déclaré hier, avec un snobisme bien français, que la France n'était pas en guerre contre le peuple russe ou la Russie, qu'elle soutenait simplement la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine et de ses forces armées. (...) Il ne dit pas la vérité. La France est en guerre contre la Russie parce que ses missiles à longue portée sont utilisés par le régime nazi de Kiev pour frapper le territoire de la Fédération de Russie.", a-t-il également déclaré.
Un processus de négations fragile
Moscou a accusé mardi Kiev d'intensifier ses attaques aériennes pour faire échouer "le processus de négociations" entre les deux pays, après un week-end de frappes massives en Ukraine que la Russie voit comme une "réponse".
Sous pression américaine pour mettre fin au conflit lancé par l'assaut russe en février 2022, la Russie et l'Ukraine ont tenu en mai des pourparlers à Istanbul, qui n'ont pas permis de réelle percée.
Ces derniers jours, l'Ukraine a accusé la Russie d'avoir mené des attaques aériennes d'une ampleur record, tuant notamment 13 personnes dimanche. Les attaques ont conduit le président américain Donald Trump, qui veut une fin au conflit aussi vite que possible, à estimer que son homologue russe Vladimir Poutine était "devenu complètement fou".
Le ministère russe de la Défense a affirmé mardi que c'était l'Ukraine, soutenue par "certains pays européens", qui avait "pris une série de mesures provocatrices visant à faire échouer le processus de négociations", citant la multiplication des "attaques à l'aide de drones et de missiles" contre des installations civiles en Russie depuis le 20 mai dernier. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ensuite affirmé que les actions de Kiev étaient "clairement en dissonance avec la volonté de paix".
Le comportement des Européens, qui soutiennent militairement l'Ukraine, "ne contribue en rien à un règlement pacifique", a-t-il ajouté. L'Ukraine a dit, elle, avoir été visée par des attaques aériennes russes massives ces derniers jours. Dimanche, 13 civils, dont trois enfants de la même famille, ont péri dans des attaques de missiles et drones russes, selon Kiev.
Les attaques de lundi n'ont pas fait de morts, mais elles ont impliqué 355 drones, un "record" depuis le début du conflit, a affirmé l'armée de l'air ukrainienne.
Le ministère russe a assuré que ses propres frappes en Ukraine étaient une "réponse" à des attaques de drones ukrainiens ayant fait des victimes civiles russes.
La Russie affirme toujours ne viser que des installations liées à l'armée en Ukraine, même si des villes entières ont été ravagées par son assaut.
"Impunité"
Des attaques d'une telle ampleur mettent à rude épreuve la défense antiaérienne de l'Ukraine qui commence, selon des médias occidentaux, à manquer sérieusement de moyens pour les repousser. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé lundi "le sentiment d'impunité" de la Russie, appelant les Occidentaux à renforcer leurs sanctions.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a créé une certaine confusion lundi en annonçant qu'il n'y avait "plus de limites de portée" pour les armes occidentales livrées à l'Ukraine, qu'elle était donc libre d'utiliser pour frapper en profondeur dans le territoire russe.
Il a clarifié ses propos mardi en expliquant qu'il évoquait simplement des levées de restrictions de portée déjà annoncées par certains alliés ces derniers mois, et non de nouvelles. Donald Trump s'est, lui, gardé de promettre des actions concrètes contre Vladimir Poutine, avec lequel il a parlé au téléphone la semaine dernière.
Le Kremlin a minimisé lundi les récentes critiques du président américain contre son homologue russe, les attribuant à une "surcharge émotionnelle" touchant "tout le monde". Washington appelle à un cessez-le-feu inconditionnel, ce que veut aussi Kiev, mais pas Moscou.
La Russie part du principe que les négociations doivent se faire "simultanément" aux combats. L'Ukraine voit cette position comme une preuve que le Kremlin cherche à jouer la montre pour profiter de son avantage sur le champ de bataille.
Le ministère russe de la Défense a encore revendiqué mardi la prise d'un village de la région ukrainienne de Donetsk, dans l'est, Stara Mykolaïvka.
Les frappes en Ukraine se poursuivent par ailleurs mardi, les autorités régionales du pays faisant état d'attaques russes ayant blessé des civils dans le sud et le nord-est.


















