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Qui sera le prochain pape? "L'Église devra trancher entre un profil très engagé ou le cardinal chouchou de l’extrême-droite"

François Gemenne, professeur à HEC Paris et à l'ULG, est revenu sur le décès du pape François ce mardi matin. Il a notamment évoqué la succession du souverain pontife. L'Église devra, selon lui, choisir entre deux options.  

Au lendemain de la mort du pape François, une question cruciale se pose : qui va lui succéder ? 135 cardinaux électeurs vont devoir trancher et désigner le futur souverain pontife. 

Quels éléments vont-ils jouer dans la désignation du futur pape ? D’après François Gemenne, invité de Martin Buxant ce mardi matin sur bel RTL, il faudra choisir entre deux options. "Lors du conclave, il faudra se demander si on va désigner un pape qui va poursuivre l'œuvre du pape François, une sorte de François II, en quelque sorte, ou si on va désigner un pape plus conservateur, et donc une sorte de Benoît XVII, d'une certaine manière", indique le chercheur du FNRS à l’université de Liège et professeur à HEC Paris. 

"On sait que le pape François a fait beaucoup progresser l'Église sur certains sujets, sur d'autres, sur les femmes, sur l'avortement, pas du tout. Il est resté sur des positions très traditionnalistes et un peu réactionnaires. L'Église doit aujourd'hui trancher, et c'est certain que, quand on regarde les figures de cardinaux qui font figure de favoris aujourd'hui pour l'élection, elle va devoir trancher entre quelqu'un comme le cardinal Aveline, par exemple, qui est l'évêque de Marseille, qui est très engagé également sur la question des migrants. Ou le cardinal Robert Sarah, qui représente un peu la voie de l'Afrique, qui est le chouchou de l'extrême-droite", poursuit François Gemenne. 

Quelle sera l'influence de Donald Trump? 

L’administration américaine va-t-elle influencer ce choix ? Le vice-président américain J.D. Vance a vu le pape François la veille de son décès. Est-ce qu’il faisait du lobbying pour que le prochain pape soit éventuellement américain ou aligné sur les thèses de Donald Trump ? "Il est certain que le grand lobbying a commencé, les grandes manœuvres ont commencé. Ce n'est pas pour rien que Donald Trump a été un des premiers chefs d'État à confirmer sa présence à l'enterrement du pape. On sait que J.D. Vance, de surcroît, est un converti récent au catholicisme, et donc a un peu cette sorte de foi de zélote, extraordinairement conservateur, en rappelant notamment Saint-Augustin et l'ordre de l'amour, pour justifier son exclusion des migrants en disant, voilà, selon Saint-Augustin, on aime d'abord sa famille, puis ses voisins, puis ses compatriotes, et puis enfin on s'intéresse au reste du monde. Ce qui est le contraire de la doctrine du pape François, qui clairement était un pape qui s'intéressait avant tout au reste du monde", souligne le professeur, tout en admettant qu’il est difficile de pouvoir deviner le nom du prochain souverain pontife. 

François Gemenne a ensuite dressé le portait d’un pape moderne pour les 20 prochaines années : "Je pense que c'est d'abord un pape qui puisse poursuivre l'œuvre de François sur la question des migrations, du climat et sur les grands sujets internationaux, et puis quand même un pape qui fasse avancer, d'abord la cause et la place des femmes dans l'Église, et puis un pape qui soit plus ouvert sur les sujets éthiques comme l'avortement". 

D’après le chercheur, l’ordination de femmes prêtres, une idée soutenue par certains cardinaux, pourrait devenir une réalité. "Cette idée progresse au sein de l'Église, malgré des oppositions virulentes, notamment de la part des cardinaux africains qui sont plus conservateurs", indique le professeur. 

L'avis de Luc Terlinden 

"À mes yeux, le jeu est très ouvert", indique mardi matin Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles. Pour lui, les pronostics sont compliqués, entre autres parce que le pape François "a ouvert le collège des cardinaux au monde entier", réduisant notamment "l'influence des Italiens mais aussi des Européens en général".

Le grand enjeu du futur pape sera, selon Luc Terlinden, la mise en œuvre du récent synode sur la gouvernance de l'Église. Une gouvernance qui doit se faire "beaucoup plus partagée", "plus transversale", mais aussi avec une prise en compte "de la place des femmes dans l'Église".

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