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Optique, prothèses: Buzyn bat le rappel du "reste à charge zéro"

C'était une promesse populaire d'Emmanuel Macron: le remboursement intégral d'une offre d'optique et de prothèses dentaires et auditives. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, réunit pour la première fois mardi tous les acteurs concernés pour concrétiser cet engagement.

Le candidat Macron avait promis, d'ici à 2022, un "reste à charge zéro" pour ces produits mal pris en charge par la Sécurité sociale. Mais pas question pour autant de tout rembourser.

L'objectif est d'"aboutir à la création d'un panier de soins +standard+ pour lequel le patient n'aura aucun reste à charge", indiquait Mme Buzyn en octobre, sans s'avancer sur le financement de la mesure par l'Assurance maladie et les complémentaires santé.

Jusqu'à présent, les tractations se sont déroulées en parallèle: les dentistes négocient avec l'Assurance maladie depuis septembre, tandis que des discussions sur l'optique et l'audition ont commencé en novembre sous l'égide de la Direction de la Sécurité sociale, donc de Bercy et de la Santé.

La réunion de mardi "rassemblera les acteurs des trois secteurs pour partager les objectifs, le calendrier et la méthode de travail", selon le ministère de la Santé.

Les associations de patients, la Haute Autorité de Santé et la secrétaire d'Etat à l'Economie, Delphine Gény-Stephann, seront aussi présentes autour de la table.

"Le but est de parvenir à une date d'aboutissement et de mise en oeuvre commune" même si "les mesures seront bien sûr différentes en fonction des trois secteurs", a expliqué à l'AFP le cabinet de Mme Buzyn.

Signe que les négociations avancent vite, le gouvernement attend d'ici fin janvier les propositions des professionnels de l'optique et de l'audition.

- 'Aboutir d'ici l'été' -

"Il y a une volonté de l'Etat d'avoir un calendrier assez serré", atteste André Balbi, président du Rassemblement des opticiens de France (Rof).

Son homologue du Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf), Luis Godinho, relève "une volonté d'aboutir d'ici l'été".

Pour la convention dentaire, la ministre de la Santé avait par ailleurs souhaité en novembre qu'un accord puisse être conclu "avant cet été".

Mais cette négociation "est complètement à l'arrêt", affirme Catherine Mojaïsky, présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), qui regrette que "tout tourne autour du reste à charge zéro".

"Tant qu'on ne connaît pas le financement, on est bloqués", explique-t-elle, estimant que l'exécutif "veut accélérer le processus sans visiblement avoir plus à mettre sur la table", alors que "les complémentaires veulent payer le moins cher possible".

L'Assurance maladie pourra toutefois difficilement financer l'ensemble de la réforme. Rien que pour les audioprothèses, l'Unsaf propose d'augmenter la participation de la Sécu de 340 millions d'euros par an d'ici 2020.

Le rôle des complémentaires santé fait aussi débat, en particulier dans l'optique. "Si on veut réussir cette réforme, ça ne peut pas se faire dans le cadre de (leurs) réseaux de soins" où assureurs et mutuelles imposent leur prix et conditions de remboursement, prévient M. Balbi.

Avant de savoir qui devra payer, "nous avons besoin de définir quelle sera la population concernée", estime Alain Gerbel, président de la Fédération des opticiens de France (Fnof), considérant que "cette mesure doit concerner tous les Français".

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