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L'avenir de la presse papier se jouera en partie vendredi devant le tribunal de commerce de Paris, qui dira s'il accepte l'offre des quotidiens nationaux pour sauver de la liquidation le principal distributeur de presse français, Presstalis, de nouveau étranglé par les dettes.
Le jugement du tribunal a été mis en délibéré à vendredi 15H, a indiqué Presstalis à l'AFP, tandis que le Syndicat du Livre-CGT a appelé à la non-parution des journaux de mercredi pour protester contre ce plan, qui prévoit une liquidation partielle de l'entreprise.
Le distributeur s'était déclaré en cessation de paiements le 20 avril, plombé par des pertes colossales. Ses actionnaires, les quotidiens et les magazines, se sont affrontés pendant plusieurs semaines autour de l'avenir du distributeur, sans trouver de compromis.
La survie de Presstalis est essentielle pour certains éditeurs, le distributeur détenant les résultats de leurs ventes en kiosques sur plusieurs mois, tandis que d'autres préfèrent le voir sombrer pour passer à un autre système.
Emmenés par Louis Dreyfus, président de la Coopérative de distribution des quotidiens et du directoire du Monde, les quotidiens français proposent de reprendre une centaine des 209 postes du siège, et 125 des 193 postes de la plate-forme de Bobigny, qui gère la distribution des quotidiens, selon Presstalis. Mais pas les équipes de ses filiales SAD et Soprocom, qui comptent plus de 500 salariés et desservent près de 10.000 points de vente en France.
C'est une offre "acceptable socialement" qui a reçu l'aval le week-end dernier des représentants des salariés des deux sites d'Ile-de-France, a souligné M. Dugardin dans un entretien à l'AFP.
Les salariés de la SAD et de la Soprocom ont lancé un coup de semonce mardi matin en bloquant des imprimeries, de Gallargues (Gard) à Nancy (Meurthe-et-Moselle), empêchant la distribution des journaux sur une large partie du territoire.
"Face à l’irresponsabilité des éditeurs incapables de s’entendre (ou faisant mine de), face au dogmatisme du gouvernement qui bloque sur un chiffre sans autre argument, c’est l’ensemble de la filière qui est ce soir en crise", a souligné le Syndicat du Livre dans un communiqué.
Le syndicat "prend acte de ce refus des éditeurs et du gouvernement de s’en sortir par le haut avec un accord global et de préférer les aléas d’une procédure juridique non maîtrisée au tribunal de commerce", et a appelé au blocage des parutions.
- L'équilibre passe par les magazines -
Les quotidiens ont proposé leur plan lundi soir in extremis. Au cours d'un dernier week-end de négociations, deux des principaux groupes de magazines n'avaient pas validé une dernière proposition commune: Prisma (éditeur de Femme actuelle, Geo, Capital, Voici, Gala...) et Reworld (Closer, Auto Plus, Pleine Vie, Grazia...). .
Les discussions doivent se poursuivre dans la semaine : la coopérative redimensionnée proposée par les quotidiens ne pourrait pas atteindre l'équilibre sans distribuer quelques magazines, le volume de quotidiens ayant fortement baissé en kiosques ces dernières années.
Les magazines ont, de leur côté, migré en masse vers les MLP (Messageries lyonnaises de presse). Plusieurs petits groupes, dont SoPress (Society) ou FGH (Le Un) ont également été autorisés par le régulateur du secteur, l'Arcep, à rejoindre leur concurrent dès ce mardi.
Presstalis a appelé tous les éditeurs "à participer activement aux discussions" des prochains jours pour "finaliser une offre enrichie et structurante pour la filière". "Une partie" de la presse magazine pourrait accompagner l'offre des quotidiens, a assuré Frédérick Cassegrain, par ailleurs directeur des opérations de CMI France (Elle, Marianne...).
L'Etat a déjà soutenu Presstalis, qui traverse sa troisième crise majeure en moins de dix ans, à hauteur de 33 millions d'euros pendant le confinement. Il va débloquer 35 millions supplémentaires dans le cadre du Fonds de développement économique et social (FDES), pour accompagner la période de redressement judiciaire, a indiqué mardi le ministère de l'Economie.