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« Le contribuable belge devra combler le trou » : libérer les avoirs russes pourrait avoir des conséquences sur votre portefeuille, prévient cet économiste

Par RTL info
Invité de Bel RTL ce jeudi matin, l’économiste belge Geert Noels a mis en garde contre les risques financiers liés à l’utilisation des avoirs russes gelés, stockés via Euroclear à Bruxelles, pour aider l’Ukraine.

Alors que l’Union européenne discute de l’utilisation des avoirs russes gelés pour financer l’aide à l’Ukraine, l’économiste Geert Noels alerte sur les risques considérables que cette décision pourrait faire peser sur la Belgique.

Invité ce jeudi du bel RTL Matin, il rappelle que près de 200 milliards d’euros d’avoirs russes sont actuellement gelés via Euroclear, une plateforme financière basée à Bruxelles. Une situation complexe, à la fois politique, économique… et potentiellement explosive pour le contribuable belge.

« Un tiers du PIB belge en jeu »

Euroclear, bien qu’installée à Bruxelles, n’est pas une entreprise détenue exclusivement par la Belgique. « La Belgique ne détient pas la majorité, mais comme Euroclear est basé ici, c’est notre responsabilité d’en garantir la continuité », explique Geert Noels.

Les effets économiques sont déjà visibles
Geert Noels, Économiste

Or, si ces fonds étaient saisis ou utilisés contre l’avis de la Russie, le risque est réel : « S’il y a un problème, c’est le contribuable belge qui devra combler le trou. Et avec 200 milliards d’euros en jeu, soit un tiers du PIB belge, c’est considérable. »

Face à cette perspective, la Belgique réclame des garanties : « La seule demande, c’est que le risque soit partagé équitablement entre les pays européens, selon leur poids économique. Ce n’est pas qu’on ne veut pas aider l’Ukraine, mais la Belgique est trop petite pour être garante des risques européens », insiste-t-il. « C’est comme si New York devait porter seule tous les risques des États-Unis. »

Une position soutenue « de gauche à droite »

Geert Noels souligne que le Premier ministre belge, Bart De Wever, bénéficie d’un soutien politique très large dans ce dossier. « Je n’ai pas souvenir d’une telle unanimité en Belgique. Tout le monde soutient le Premier ministre, de gauche à droite », affirme-t-il.

Et pour cause : selon lui, les conséquences pourraient être dévastatrices. En plus du risque budgétaire, des représailles de la Russie sont à prévoir. « La Russie ne va pas rester les bras croisés. Elle pourrait saisir des avoirs belges à l’étranger, viser des entreprises belges actives sur son sol », prévient l’économiste.

Il rappelle qu’environ 20 milliards d’euros appartenant à Euroclear sont en Russie, et pourraient faire l’objet de mesures de rétorsion immédiates.

Le système financier mondial déjà ébranlé

Plus largement, Geert Noels estime que le système financier mondial a déjà commencé à réagir à ces tensions. « Dès le gel des avoirs russes en 2022, les banques centrales non occidentales ont commencé à se détourner du système financier européen et américain », explique-t-il.

La Belgique demande des garanties partagées, rien de plus
Geert Noels, Économiste

« On a vu un report massif vers l’or, notamment de la part de la Chine, pour remplacer les obligations classiques. La hausse du prix de l’or depuis deux ans en est la conséquence directe. » Autrement dit, les effets économiques sont déjà visibles, et l’instabilité pourrait s’aggraver si les avoirs russes étaient saisis sans garanties.

Une sortie de l’UE ? Pas à l’ordre du jour

Interrogé sur une éventuelle sortie de la Belgique de l’Union européenne dans un contexte de désaccords, Geert Noels a écarté cette hypothèse. « La Belgique demande des garanties partagées, rien de plus. » Que chaque pays européen endosse une partie des risques équitablement.

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