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« Si on nous demande de sauter, on saute ensemble » : pourquoi la question des avoirs russes est-elle aussi épineuse… et aussi primordiale ?

Par RTL info avec Mathieu Col et Sébastien Rosenfeld et Thomas Decupere
Avant de se rendre au sommet européen, décisif, sur le financement de l’Ukraine, le Premier ministre Bart De Wever a défendu devant le Parlement une position de prudence sur l’utilisation des avoirs russes bloqués à Bruxelles. Une ligne soutenue par l’ensemble des partis belges. Au niveau européen, en revanche, on peine à se mettre d’accord.

La Belgique est au centre des débats européens sur l’utilisation des avoirs russes gelés. Avant de se rendre à Bruxelles pour le Conseil européen, Bart De Wever a tenu à clarifier la position de son gouvernement devant les députés : pas question de confisquer seule les fonds russes placés chez Euroclear. Toute décision devra être collective, partagée à l’échelle des 27 États membres.

« Si on nous demande de sauter, on saute tous ensemble. Si on a confiance dans le parachute, ça ne peut pas poser de problème de sauter tous ensemble », a résumé le Premier ministre. Une métaphore pour exprimer la nécessité d’un engagement collectif face aux conséquences d’une éventuelle confiscation. Pour la Belgique, la question n’est pas uniquement politique, elle est aussi juridique et financière. Les autorités craignent que la Russie ne réplique par des représailles, comme la confiscation d’avoirs européens sur son territoire ou d’actifs liés à Euroclear. D’autant que d’autres pays européens détiennent également des avoirs russes : pourquoi alors Bruxelles devrait-elle assumer seule le risque ?

Une position que soutiennent largement les députés belges de tous les partis.

L’option B : un prêt européen pour l’Ukraine

Face aux blocages, la Belgique pousse pour une alternative : un prêt garanti par l’Union européenne à hauteur de 50 milliards d’euros pour 2026, sans puiser directement dans les avoirs russes. Une solution qui fait son chemin à Bruxelles, même si elle soulève aussi des questions sur sa viabilité à long terme. « Alors là, on se demande : est-ce que 50 milliards, ce sera assez ? Est-ce que c’est un one shot ? Est-ce que c’est suffisant jusqu’en 2027 ? », s’interroge Sandro Di Nunzio (Open VLD).

Bart De Wever se veut néanmoins rassurant : « Est-ce qu’on est seul ? Non. Est-ce qu’on est complètement isolé ? Non. Il y a certains pays que vous connaissez – l’Italie, Malte, les Bulgares – mais aussi d’autres qui pourraient basculer. »

Plusieurs scénarios sur la table

Trois grandes options sont discutées ce jeudi entre les dirigeants européens. La première, la plus ambitieuse, serait un prêt de 90 milliards d’euros pour Kiev, adossé aux intérêts générés par les avoirs russes gelés. Ce prêt pourrait être adopté à la majorité qualifiée, mais plusieurs États, dont la Hongrie, s’y opposent. La Belgique, elle, conditionne son vote à l’obtention de garanties solides.

Deuxième scénario : un prêt classique, sans lien direct avec les avoirs russes. Une solution que certains pays, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, rejettent en raison de la dette supplémentaire qu’elle impliquerait.

Enfin, le pire des scénarios : un blocage total. Une issue que tous veulent éviter, car elle enverrait le signal d’une Europe divisée, incapable de faire front commun – un message qui ferait le jeu du Kremlin.

Une pression croissante sur la Belgique

Présent à Bruxelles ce jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est en quête de soutien. Il espère convaincre le Premier ministre belge de s’aligner sur une solution ambitieuse pour assurer le financement de son pays. Les 90 milliards promis par l’UE ne représenteraient qu’un tiers des besoins de l’Ukraine sur les deux prochaines années.

Mais pour la Belgique, le cœur du débat reste inchangé : elle ne prendra aucun risque seule. António Costa, président du Conseil européen, se veut toutefois confiant : « Nous ne quitterons pas ce Conseil sans avoir pris une décision. Et nous n’approuverons jamais une solution qui ne garantirait pas pleinement la sécurité de la Belgique et des Belges. »

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