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Refus d'obtempérer à Paris: les policiers ressortent libres, passe d'armes entre Mélenchon et ses rivaux

Les trois policiers qui ont tiré à Paris sur une voiture qui leur aurait foncé dessus sont ressortis libres mardi de garde à vue, sans poursuites judiciaires à ce stade après la mort par balle d'une jeune passagère, qui suscite de vifs échanges politiques avant le premier tour des législatives.

Après 48 heures de garde à vue à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), "ils sortent libres de toute charge", a déclaré à l'AFP Me Laurent-Franck Liénard. "Ils n'ont rien à cacher et démontreront leur respect des règles et la légitimité de leur action".

Les investigations se poursuivent, confiées désormais à un juge d'instruction pour notamment "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l'autorité publique".

Cette "information judiciaire permettra de retracer avec précision le déroulement des faits et de déterminer les circonstances exactes d'usage de leur arme par les policiers", a indiqué la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, dans un communiqué.

Le conducteur du véhicule, grièvement blessé par balle mais dont l'état de santé s'est amélioré, a été placé en garde à vue mardi pour notamment "tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique".

Il est soupçonné d'avoir refusé d'obtempérer samedi en fin de matinée dans le XVIIIe arrondissement, alors que des fonctionnaires à VTT ont voulu contrôler deux fois son véhicule. Les fonctionnaires ont fait feu et touché par balle dans la tête la passagère assise à l'avant, une jeune femme née en 2001, décédée le lendemain.

- "Police qui tue" -

"Après l'hystérisation et la politisation du débat, le temps est à l'enquête et à la sérénité" pour les enquêteurs, a tweeté le syndicat Unité SGP qui, comme son concurrent Alliance, a apporté son "soutien" aux policiers.

Ce contrôle a ravivé la question de l'usage de la force par les policiers et gendarmes et nourri une nouvelle passe d'armes entre le chef de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon et ses adversaires politiques.

M. Mélenchon a dit mardi sur France Inter assumer d'avoir fustigé ce weekend "une police qui tue". Il a expliqué avoir "monté le ton" pour dénoncer "l'évolution de l'usage de la force de la police telle qu'elle est aujourd'hui définie par le pouvoir politique qui commande".

"Si vous votez pour moi, je changerai la doctrine d'usage de la force de police dans notre pays" pour un usage "proportionné", a promis le numéro 1 de LFI, qui brigue le poste de Premier ministre si l'alliance de gauche (Nupes) emporte une majorité de sièges à l'Assemblée à l'issue des législatives des 12 et 19 juin.

- "Choquant" -

Se défendant d'être "antiflic", il a de nouveau pointé du doigt les "comportements factieux" selon lui de certaines "organisations politico-syndicales" policières.

Des mots qui ont déclenché une salve de critiques, au moment où la Nupes est identifiée par la majorité présidentielle comme son adversaire principal pour ce scrutin.

"Je trouve très choquant la façon qu'a Jean-Luc Mélenchon de s'en prendre systématiquement à la police avec des propos totalement outranciers", s'est émue la Première ministre Elisabeth Borne mardi sur France Bleu.

"Quatre morts en 4 mois. La mort d'une jeune femme de 21 ans abattue d'une balle dans la tête: pas grave pour #Borne", lui a aussitôt rétorqué M. Mélenchon sur Twitter. "Pour elle, moi seul suis un problème. Borne, Première ministre technocrate sans coeur, sans compassion humaine, sans principe républicain sur la force publique."

"Il va trop loin", c’est un "dérapage contrôlé", a protesté le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti. "C’est insupportable de la part d’un haut responsable politique, particulièrement dans cette période électorale", a estimé le garde des Sceaux sur BFM TV, en lançant: "C’est le politburo de LFI qui rend la justice dans ce pays ?".

Pour l'ex-candidate RN à la présidentielle Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon est "toujours du côté des voyous" et, à droite, le président des sénateurs LR Bruno Retailleau a réclamé ses "excuses aux policiers".

Fin avril, à Paris, un policier avait été mis en examen pour "homicide volontaire", soupçonné d'avoir tué le conducteur et un passager d'une voiture qui aurait forcé un contrôle près du Pont Neuf. Et dans la nuit de lundi à mardi, un policier a blessé au dos un automobiliste soupçonné d'avoir refusé un contrôle à Argenteuil (Val-d'Oise).

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