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« Ce n’est pas un laisser-aller, c’est un abandon total » : la colère des habitants du quartier de Cureghem, qui font face au trafic de drogue

Par RTL info avec Amélie Schildt et Thomas Decupere
Le quotidien des habitants de Cureghem s’avère de plus en plus compliqué par la présence de dealers et de consommateurs de crack. RTL info était déjà allé à leur rencontre en 2022, et la situation a empiré depuis. Le bourgmestre a proposé un couvre-feu à 21 heures, une mesure rejetée par le collège communal.

Face à la situation incontrôlable dans le quartier Clémenceau, le bourgmestre a mis sur la table une proposition de couvre-feu dans deux quartiers d’Anderlecht après 21h afin d’endiguer le trafic de drogue. Mais la mesure n’a pas été approuvée par le collège communal, pour le plus grand soulagement des restaurateurs.

Des seringues sur les trottoirs, tout un quartier gangrené par le trafic de drogue et des habitants qui commencent à craindre de sortir de chez eux. « Il y a des gens qui se piquent en rue, qui fument du haschisch et qui créent de l’insécurité. Je dirais que le quartier est un peu laissé à l’abandon quoi », témoignait déjà un habitant en 2022.

La colère des habitants

Trois ans plus tard, la situation ne fait que s’aggraver à en croire les habitants. Mohamed vit à Cureghem depuis l’enfance. Il voit des dealers occuper toujours plus de terrain et dénonce une inaction des pouvoirs politiques. « Pour moi ce n’est pas un laisser-aller, c’est un abandon total. Que ça leur plaise ou non, ils sont responsables », dénonce fermement Mohamed, habitant du quartier depuis plus de 40 ans.

En colère, Mohamed explique : « Si on reste ici, c’est parce qu’on n’a pas le choix. On aime ce quartier parce qu’on est près de tout. Il y a encore des irréductibles comme moi ainsi que d’autres personnes de mon comité de quartier Vigilance Cureghem, qui nous tenons mordicus et je pense qu’à la longue on va y arriver. »

Stratégie de dispersion

C’est précisément pour tenter de disperser les consommateurs et les vendeurs de drogue que le bourgmestre a soumis l’idée d’un couvre-feu dans ces quartiers. Il s’agissait alors de fermer tous les commerces et restaurants à partir de 21h, une proposition rejetée lors du conseil communal.

« Il y a à partir de 21h une autre vie qui commence ici, pleine d’incivilités, pleine de nuisances pour les habitants, générées par un public qui est en errance et qui est sous influence, généralement cracké. On a donc voulu faire diminuer la pression sur le quartier pendant un temps pour pouvoir reprendre pied », justifie Fabrice Cumps, le bourgmestre de la commune d’Anderlecht.

Ce n’est pas la solution de fermer les commerces à 21h
Un restaurateur

Une fermeture à 21h est totalement impensable pour les restaurateurs. Un commerçant qui travaille dans un établissement proche de la gare du Midi souffrant déjà de la mauvaise fréquentation du quartier dénonce la situation : « Les touristes qui viennent ici pour manger et qui voient ça, ne sont pas très chauds de rentrer dans le restaurant pour manger. Ce n’est pas la solution de fermer les commerces à 21h. », souligne-t-il.

Environ 40 fermetures

C’est aussi l’avis des habitués en terrasse. Anna vit dans le quartier, et a vu le trafic de drogue s’intensifier et l’insécurité grandir. « Cette dernière année, la situation s’est énormément aggravée et ça se voit surtout avec la saleté. Mais on a besoin des restaurants et des petites terrasses qui sont ouverts, on a besoin de tout ça », insiste-t-elle.

Certains riverains pointent l’implication des night shops qui vendent de l’ammoniaque, une substance utilisée par les consommateurs de crack. Cette année, une quarantaine de commerces ont été fermés pour tapage, sans pour autant déloger les toxicomanes.

Absence de plan social

Le bourgmestre d’Anderlecht est clair : « Ces personnes sont avant tout des personnes malades, il faudrait donc un dispositif socio-sanitaire, or celui-ci n’existe pas. Il faut alors que la région crée plus d’outils pour aider les personnes en errance. »

En 2024, la zone de police Midi a arrêté 1.500 vendeurs de drogue.

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