Accueil Actu Régions Bruxelles

« Ils ont menti, car ils ont utilisé la violence » : l’expulsion de sans-papiers a viré à l’affrontement entre policiers et manifestants

Par RTL info avec Belga
À Anderlecht, la police a violemment dispersé une manifestation contre l’expulsion de sans-papiers, utilisant gaz lacrymogènes et canon à eau. Malgré l’intervention, l’avenir des résidents reste incertain, entre risques de retour à la rue et négociations en cours.

Vers 11h15 ce vendredi matin, la police bruxelloise a ouvert la porte principale de l’ancien bâtiment syndical du square de l’Aviation à Anderlecht, occupé depuis plusieurs mois par des sans-papiers. Quelques minutes plus tôt, les manifestants avaient été évacués à l’aide de deux autopompes, de gaz lacrymogène et de matraques. Plusieurs personnes ont été blessées ou incommodées par les gaz, certaines ont été assistées sur place. La tension était encore palpable, les manifestants restant à distance, regardant avec colère et tristesse l’intervention se poursuivre.

« Ils nous avaient dit qu’ils n’utiliseraient pas la violence, mais ils ont menti car ils ont utilisé la violence. Toutes les violences qui existent, on les a subies aujourd’hui », « Il n’y a pas moyen de ne pas être choqué quand on voit la violence sur des gens qui sont en train de chanter et de se mettre devant la porte pour le droit à une dignité humaine d’avoir un logement », témoignent deux participantes.

La police est restée sur les lieux

À 13h00, la relève policière a pris position autour du square de l’Aviation a constaté Belga sur place. Des renforts venus de la police fédérale, de la sécurité publique et de plusieurs zones locales (Boraine, Mazerine, Nivelles-Genappe, Ouest Brabant wallon) encadrent toujours les lieux. Après avoir délogé les quelque 400 militants venus empêcher l’expulsion du collectif Zone Neutre, les forces de l’ordre protègent un camion-poubelle et des déménageurs chargés de vider le bâtiment, pendant que des jeunes chantent sporadiquement: «Papa qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui? J’ai des enfants dans la rue».

Selon les militants, une personne a perdu connaissance durant l’intervention policière, une autre souffre d’un pouce cassé, et nombreux sont ceux qui présentent des contusions ou des irritations dues aux gaz lacrymogènes. Un policier aurait été blessé, sans confirmation officielle. Le collectif dénonce une intervention «violente et disproportionnée». 

Une fois les protestataires dispersés, les policiers sont entrés sans résistance dans le bâtiment. Une partie des 70 sans-papiers avaient quitté les lieux avant l’intervention, par crainte des forces de l’ordre.

Sur place, une mère accompagnée de ses enfants affirme ne pas savoir où elle dormira ce soir. «On ne faisait rien de mal, on occupait juste un bâtiment vide», confie-t-elle. D’autres anciens occupants ont trouvé une solution temporaire, mais plusieurs restent sans hébergement.

Dès l’aube

Cette opération de police a fait suite à l’échec des négociations menées dans la matinée. Depuis 6h, entre 300 et 400 personnes s’étaient rassemblées devant le bâtiment à l’appel du collectif Zone Neutre pour empêcher une expulsion annoncée. Malgré plusieurs demandes de la police de libérer les lieux, les manifestants ont refusé de partir, formant un bloc devant les trois portes du bâtiment. Vers 10h30, les forces de l’ordre ont chargé depuis le boulevard Poincaré, provoquant des scènes de panique. Deux des trois accès ont pu être dégagés, le troisième restant occupé par des militants déterminés.

Le collectif Zone Neutre dénonce une intervention « particulièrement violente », évoquant l’usage de chiens en plus des autopompes et du gaz. Selon eux, l’expulsion menace de remettre à la rue une soixantaine de sans-papiers, dont quinze enfants. Leur avenir reste incertain : des négociations pour un relogement sont en cours avec la Région bruxelloise et un nouveau propriétaire, mais elles pourraient encore durer plusieurs semaines. « En attendant, ces personnes risquent de retourner dans des squats », déplore le collectif.

137026123
BELGA
137026136
BELGA
137017951
BELGA
137026126
BELGA
137017953
BELGA
137017948
BELGA

Des divergences persistent entre occupants, propriétaire et autorités

L’attitude du bourgmestre d’Anderlecht, Fabrice Cumps (PS), a également suscité l’indignation des militants. Celui-ci a confirmé vendredi matin qu’il ne s’opposerait pas à l’expulsion, invoquant l’exécution d’une décision de justice. « Je regrette vraiment qu’on en arrive là, mais je n’ai pas le pouvoir de l’empêcher », a-t-il déclaré à Belga. Selon le collectif, plusieurs tentatives pour le convaincre dans la matinée sont restées vaines.

Sur place, l’avocat du propriétaire du bâtiment, Me Johan Vonckers, était présent pour superviser l’application de la décision judiciaire. Pris à partie par certains manifestants juste avant l’intervention, il a dû être escorté par les policiers pour entrer dans l’immeuble. Le propriétaire, le promoteur Staring Real Estate, souhaite transformer le bâtiment en hôtel. Une demande de délai supplémentaire formulée par les occupants vendredi matin a été refusée.

L’ancien bâtiment de l’ACLVB, situé square de l’Aviation, est occupé depuis mars par le collectif Zone Neutre. Il accueille des personnes sans papiers originaires du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, dans des conditions précaires. Depuis plusieurs mois, le lieu servait aussi de cadre à des activités sociales et culturelles ouvertes au quartier. Une première tentative d’expulsion, programmée en août après une décision de justice, avait été déjouée. La mobilisation de ce vendredi visait à empêcher une nouvelle opération, finalement menée de manière musclée par la police.

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus

Le fils d’Isabelle, 12 ans, abusé sexuellement par un employé dans une école de Charleroi : la famille est prise en charge dans un centre spécialisé

À Charleroi, le Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) interpellent et inquiètent. Plus d’un patient sur deux qui y est accueilli est mineur. Une proportion bien plus élevée que la moyenne nationale. Pour l’instant, difficile d’obtenir des réponses claires : les spécialistes eux-mêmes peinent à interpréter ces données. Dans ce contexte préoccupant, nous avons rencontré une maman dont le fils a été victime d’abus sexuels. Elle a accepté de nous confier son récit, un témoignage douloureux. La famille a été prise en charge dans le centre.