Partager:
Le projet de fusion des zones de police bruxelloises divise. Si le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin défend une meilleure efficacité, plusieurs bourgmestres craignent une perte de proximité et un recentrage des moyens.
C'est un projet d'ampleur de l'Arizona avec un objectif très clair : placer l'ensemble des policiers bruxellois sous un commandement unique. Actuellement, à Bruxelles, il y a 6 zones de police qui sont amenées à devenir une seule méga-structure.
Nous avons demandé à trois bourgmestres de nous donner leur point de vue : le socialiste Fabrice Cumps d'Anderlecht, Benoît Cerexhe, à Woluwe-Saint-Pierre et Boris Dilliès à Uccle.
Ce dernier a pris la parole lors du congrès de participation du MR pour faire part de son inquiétude concernant la fusion des zones de police. "Il est indiqué qu'il y aura une fusion parce que ce serait plus efficace. Pourquoi ? Comment? On ne sait pas. En revanche, moi, ce que je sais, en l'état, la collaboration entre ces 6 zones fonctionne bien, que le service rendu à la population est bon, parfois même très bon", estime Boris Dilliès.
Plus les structures sont grandes, plus les moyens sont concentrés
Depuis de nombreux mois, des fusillades liées au trafic de stupéfiants se sont multipliées à Bruxelles. La mise en place d'une méga zone de police apportera-t-elle plus d'efficacité dans la lutte contre ce type de problématiques ? "Historiquement, on a toujours vu que plus les structures sont grandes, plus les moyens sont concentrés, vont vers le centre des territoires", assure Fabrice Cumps. "C'est une mesure qui va diminuer la présence policière dans les quartiers périphériques et surtout qui va diminuer l'efficacité de la police de proximité", estime l'Anderlechtois.
Ni l'avis du procureur du Roi de Bruxelles, ni les résultats d'une étude ne sont favorables à la fusion des zones de police bruxelloises. Certains voient donc dans cette réforme une concession faite à la Flandre. "Il y a clairement une volonté politique du côté néerlandophone, puisque ça figure dans tous les programmes des partis depuis très longtemps, de fusionner les polices, les CPAS, les communes. Ça donne évidemment plus de pouvoir aux Flamands ici à Bruxelles, mais moi ce que je recherche, c'est l'efficacité sur le terrain, elle passe notamment par la proximité et la coordination", répond Benoît Cerexhe.
Autre question - qui va financer la méga zone de police bruxelloise ? Sur ce point-là également, les bourgmestres attendent plus d'informations.
Les réponses du nouveau ministre de l'Intérieur
"On va chercher l'efficacité et l'efficience, qui sont deux choses conjointes mais pas exactement pareilles", assure le nouveau ministre de l'Intérieur, Bernard Quintin sur le plateau du RTL info 13h. "Il faut être à la fois efficace, obtenir les résultats, mais il faut le faire en utilisant au mieux les moyens".
Pour convaincre les bourgmestres, le ministre compte "concerter" : "Je suis diplomate, je pense que mes talents de diplomate auront à se déployer dans ce travail. Donc je vais aller voir les bourgmestres, je vais aller voir les chefs de corps. On va discuter. Il y a un accord de gouvernement, moi, j'ai été désigné, j'ai prêté serment pour mettre en œuvre cet accord de gouvernement. La fermeté ce n'est pas la brutalité", répond-il.
L'idée n'est évidemment pas de diminuer la police de proximité
"L'idée est en tout cas de faire ces gains d'efficience. Dans ces structures-là, il y a certainement déjà au départ des choses que l'on peut mettre en commun, en termes techniques, en termes administratifs, qui peuvent permettre d'avoir des gains d'efficience. Et comme je le disais, de mettre plus de policiers et de policières sur le terrain. Donc l'idée n'est évidemment pas de diminuer la police de proximité", affirme le ministre.
Un financement supplémentaire des polices, est-il envisageable ? Depuis de nombreuses années, les policiers demandent les moyens pour atteindre leurs ambitions. "J'ai conscience que les défis sont énormes", admet l'invité. "J'ai conscience que les chantiers auxquels je vais devoir m'atteler sont d'importance. C'est avoir suffisamment de gens sur le terrain, qu'ils soient bien équipés, qu'ils soient bien formés aussi", répond-il.
Le rôle premier de l'État, c'est d'assurer la sécurité de ses citoyens
"Nous allons travailler pour être les plus efficaces possible, pour apporter ce que nos concitoyennes et nos concitoyens demandent : de la sécurité. C'est quand même le rôle premier de l'État, c'est d'assurer la sécurité de ses citoyens", conclut Bernard Quintin.