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Des drones ont de nouveau été aperçus au-dessus de la base militaire de Kleine-Brogel, près de Peer (Limbourg), dimanche en début de soirée. Vers 19h00, la police et la défense ont détecté quatre appareils, a indiqué le bourgmestre de Peer, Steven Matheï. La police locale a procédé aux constatations nécessaires, tandis que l’hélicoptère de la police fédérale a de nouveau été mobilisé pour poursuivre les drones. Mais les appareils ont disparu en direction du nord, vers les Pays-Bas.
Il s’agit d’un incident supplémentaire alors que les signalements de drones au-dessus de la base aérienne de Kleine-Brogel se sont multipliés ces derniers jours. «Il ne s’agissait pas d’un simple survol, mais d’une commande claire visant la base militaire. Un brouilleur de drones a été utilisé, mais sans succès. Un hélicoptère et des véhicules de police ont pris en chasse le drone, mais l’ont perdu après plusieurs kilomètres», a réagi Theo Francken, ministre de la Défense.
Selon le ministre, les pilotes ne pourraient contrôler leur drone qu’à 20 ou 30 km maximum de l’engin. Ils pourraient ainsi être proches ou au-delà de la frontière avec les Pays-Bas.
Vives inquiétudes
Ces appareils suscitent de vives inquiétudes, notamment en raison de la sensibilité stratégique du site. Cette base, considérée comme l’un des lieux les plus protégés du pays, pourrait abriter des bombes nucléaires américaines destinées à être embarquées sur des chasseurs F-16 et F-35.
Une dizaine de drones ont également été repérés au-dessus de la zone industrielle de Malines-Sud. La police locale a reçu dimanche soir un signalement indiquant leur présence. La zone de police Rivierenland indique avoir dépêché plusieurs patrouilles sur les lieux. Ces dernières n’ont cependant rien trouvé. L’équipe de drones de la police a également survolé la zone, mais n’a constaté que des vols réguliers passant sur la trajectoire d’approche de l’aéroport de Zaventem.
Plusieurs survols en une soirée
Les drones avaient déjà été repérés à deux reprises ce samedi : entre 18h et 18h30, puis entre 21h et 21h30. Trois engins de grande taille ont survolé la zone avant d’être pris en chasse par un hélicoptère de la police fédérale. Un brouilleur a été activé pour tenter de perturber leur signal, sans succès. L’un des drones a même franchi la frontière pour disparaître aux Pays-Bas.
Sur le terrain, la police locale de Kempenland a mené plusieurs interventions. « Nous sommes allés sur place à trois reprises avec plusieurs équipes. Il fallait agir vite et voir quelles étaient les possibilités d’identifier les personnes derrière ces drones. On a fait quelques contrôles dans les environs de la base, mais tout était négatif », a déclaré Stefaan Volckaerts, officier de police.
Une base stratégique sous surveillance
Pour les spécialistes de la Défense, ces survols ne sont pas anodins. Kleine-Brogel est un site hautement stratégique, aussi bien pour la Belgique que pour l’OTAN et les États-Unis. « L’idée, c’est que des bombes nucléaires B61 puissent être, le cas échéant, emportées sur des avions de combat belges dans le cadre, par exemple, d’une invasion de l’Europe par la Russie », explique le journaliste Gaëtan Powis, spécialiste de la Défense.
Ces incursions, qui permettent potentiellement d’observer la configuration du site et ses systèmes de surveillance, sont jugées très préoccupantes.
« C’est de l’espionnage »
Le ministre de la Défense, Theo Francken, ne cache pas sa colère : « Ils cherchent des renseignements spécifiques sur les systèmes de surveillance, la position des caméras, l’emplacement des sorties de secours. C’est de l’espionnage », a-t-il affirmé.
Tout semble indiquer cette direction
Même s’il ne dispose pas de preuve formelle, le ministre évoque une possible implication d’un État étranger : « Ce sont probablement des pilotes professionnels, sans doute au service d’un État comme la Russie. Je n’ai pas de preuves, donc je reste prudent, mais tout semble indiquer cette direction. »
Une riposte à 50 millions d’euros
Face à la menace, le gouvernement prépare une riposte technologique et militaire. Un plan d’urgence d’un montant de 50 millions d’euros, financé par le budget de la Défense, doit être validé vendredi en Conseil des ministres. Ce plan prévoit notamment l’achat de drones d’interception et de systèmes anti-drones à courte portée, similaires à ceux utilisés dans le conflit ukrainien.
« Ce type de système permet d’intercepter dans le ciel d’autres drones, ou de neutraliser des engins intrus avec des armes anti-drones efficaces », précise Theo Francken.
Des aéroports également touchés
Les survols ne concernent pas uniquement les sites militaires. Vendredi soir, des drones ont également été aperçus près de l’aéroport d’Ostende et dans les environs de l’aéroport de Deurne, à Anvers. Bien que les opérations aériennes n’aient pas été perturbées, une plainte a été déposée et une enquête est en cours.
Paniquer est un mauvais conseil
L’organisme de contrôle aérien Skeyes assure que la sécurité n’a jamais été compromise, mais les autorités restent vigilantes.
« Rester en alerte, sans paniquer »
Le ministre de la Défense appelle à la prudence, sans verser dans l’alarmisme : « Cette guerre hybride est-elle une tentative de déstabilisation pour créer la panique ? Nous devons rester en alerte, être vigilants et ne pas céder à la panique. Paniquer est un mauvais conseil. »
Alors que l’Union européenne envisage la mise en place d’un mur anti-drones, les discussions restent divisées entre États membres.

















