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Un détenu a violemment attaqué trois agents ce mardi après-midi à la prison de Lantin (Juprelle, province de Liège). L'un d'eux est gravement blessé. Les gardiens, "découragés", ont décrété un arrêt de travail.
Trois gardiens de la prison de Lantin ont été agressés mardi après-midi par un détenu. Une information confirmée par Marc Brisy, le directeur de la prison.
L'auteur des coups est un détenu de 24 ans, de retour du Palais de Justice, qui s'est soudainement rebellé. L'une des victimes, grièvement blessée à la tête, a été emmenée en ambulance à l'hôpital. Ce gardien souffre d'une commotion cérébrale et de multiples hématomes au visage. Le détenu a pu être maîtrisé par des renforts et a été placé en cellule d'isolement.
Les trois gardiens sont tous en arrêt de travail et sont profondéments choqués.
C'est la deuxième agression grave en moins d'un mois dans cet établissement, déjà largement sous pression. Selon le directeur de la prison, ces incidents, de plus en plus fréquents, s'inscrivent dans un contexte de surpopulation carcérale. "Les conditions de vie des détenus et les conditions de travail des agents se dégradent sans cesse", explique Marc Brisy. L'incident de ce mardi a justement eu lieu lors d'un changement de pause. Il y a trop de travail pour les agents, ce qui rend l'attente des détenus trop longue au goût de certains d'entre eux. La tension monte et la suite, on la connaît.
La prison de Lantin compte actuellement 1.088 détenus, pour une capacité théorique de 744 places, soit une occupation de 140%.
Conformément aux procédures, les agents pénitentiaires ont décrété un arrêt de travail avec un service minimum jusqu'à mercredi 14h, indique Eric Manise, président de la CSC Lantin. "Les agents sont découragés de travailler dans de telles conditions. Il n'est pas illusoire qu'à l'avenir, d'autres actions puissent être menées."
Les visites sont suspendues et les promenades sont annulées. Seuls les repas, les soins et les transferts judiciaires sont maintenus.
À Lantin, on compte aujourd'hui 350 détenus de trop par rapport aux capacités officielles. Un comité de concertation est prévu vendredi matin pour tenter de trouver des solutions à cette situation explosive.
"Invivable"
"'C'est la merde ici!", "Libérez-nous! On est en surpopulation ici!", crient des détenus au loin, depuis la prison de Lantin. "Tous les murs sont délingués, il y a des marquages sur tous les murs", raconte un prisonnier tout juste libéré. "Dans les cellules et même dans les cachots, c'est invivable. Il n'y a même pas de chauffage. Il n'y a rien du tout. Clairement, ils en auront le bol. Et à un moment donné, il faut faire quelque chose...."
Un autre détenu incarcéré se livre. Il n'est pas surpris par ces débordements. "Quand tu as deux agents pour gérer 80 détenus sur un niveau complet, forcément quand il y a des dérapages, eux non plus, ils n'ont pas de protection. On leur retire des moyens. Et je comprends qu'il y aura le bol manifeste des deux côtés. Imaginons que je fais un infarctus. Vous pouvez taper pendant une demi-heure sur la porte avant qu'ils arrivent... En général, un infarctus, s'il ne s'est pas pris dans les 15-20 premières minutes, ici, t'es mort. Si tu fais un infarctus, c'est clair, t'es mort."
Cette situation alarme aussi les proches des personnes incarcérées. Souvent impuissants face à des conditions de détention de plus en plus critiques. "Pour moi c'est inhumain", ajoute une maman inquiète pour la santé de son fils, enfermé avec deux autres individus dans une cellule de 9 mètres carrés. "Moi, des fois, j'ai même peur pour la santé parce qu'il y a des champignons, il y a des rats. Il y a tout dans cette prison-là. Il n'y a pas d'hygiène de vie. Pour moi, cette prison doit fermer. Elle doit fermer."
La réponse de la ministre de la Justice
Annelies Verlinden, invitée du 7h50 de bel RTL ce matin, a réagi à cette actualité : "Il est vrai que la surpopulation carcérale engendre une tension, non seulement sur les conditions de détention, mais aussi sur les conditions de travail des gardiens de prison. C’est une préoccupation majeure pour moi. Il est essentiel de renforcer leur sécurité, ce que nous faisons en améliorant la protection des cellules, en multipliant les tests de dépistage de drogue, en utilisant des chiens détecteurs, et en recourant à des technologies comme les drones pour sécuriser les établissements pénitentiaires. Il est également nécessaire de mettre en place un régime disciplinaire clair pour les détenus. ".


















