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Saccage du péage de Narbonne: prison ferme requise contre 27 des 31 prévenus

"Des scènes de chaos, de guérilla, d'apocalypse": le parquet a demandé mardi des peines de prison ferme contre 27 des 31 prévenus jugés à Narbonne pour le saccage d'un péage et d'un peloton de gendarmerie en pleine mobilisation "gilet jaune" il y a un an.

La procureure Marie-Agnès Joly et la substitut Esther Paillette ont dénoncé dans leur réquisitoire "des scènes de chaos, de guérilla, d'apocalypse" commises par "une foule bête et brutale".

Outre les 27 peines de prison ferme requises, onze mandats de dépôt et le maintien en détention de deux des prévenus ont également été demandés lors de ce procès, entamé le 9 décembre devant le tribunal correctionnel de Narbonne.

- Véhicule en flammes -

La peine la plus lourde, six ans de prison dont une année avec sursis et mise à l'épreuve, a été requise à l'encontre d'un homme de 29 ans considéré par la procureure comme le conducteur d'un engin, un Manitou, porteur sur sa fourche d'un véhicule en flammes lancé sur la barrière de péage de Narbonne Sud.

Cet homme "est désigné" par un autre prévenu "comme ayant conduit le Manitou projeté sur la barrière de péage", a déclaré d'une voix ferme la procureure. Il "a été reconnu, identifié" par le prévenu qui l'a "répété à l'audience", a insisté Mme Joly qui a rappelé que l'homme ainsi désigné avait "contesté ces faits".

Certes "son téléphone ne borne sur les lieux que jusqu'à 23 heures", soit avant la scène du Manitou. "Mais cela ne signifie pas qu'il ne se soit pas trouvé sur place plus longtemps", a fait valoir Mme Joly qui a dénoncé les "mensonges sur les horaires" et ce qu'il a "a fait" cette nuit-là.

"Par ailleurs, cet homme a toutes les compétences pour conduire un Manitou", a ajouté Mme Joly, qui a reconnu toutefois qu'il n'avait pas celles "pour manier le bras du Manitou".

La peine de six ans de prison dont un an avec sursis a été la dernière réclamée par la procureure. Elle a été accueillie dans un silence total dans la salle d'audience, au terme de près de 4 heures de réquisitions.

- Cocktails Molotov -

Deux peines de 5 ans de prison dont une année avec sursis ont par ailleurs été requises contre deux prévenus.

L'un est accusé d'avoir aidé à la préparation de cocktails Molotov et d'avoir jeté des pierres sur les forces de l'ordre. L'autre, âgé de 33 ans, est soupçonné d'avoir jeté des fumigènes et des pierres sur les gendarmes. "Il semble s'être beaucoup amusé jusqu'au dernier moment", a pointé la procureure, dont l'indignation était palpable.

Dans la matinée, Me Romain Bellet, intervenant pour le compte du Peloton de sécurité et d'intervention de la gendarmerie (Psig), venu en renfort de leurs homologues de la gendarmerie et qui avait aidé à l'évacuation des gendarmes, avait dénoncé "le déchaînement de violence" auquel avaient eu à faire face les 8 hommes de ce peloton.

- "On va vous brûler" -

"Ils ont subi une pluie de cailloux pendant trois quarts d'heure, ils sont subi cette haine à leur égard", certains dans la foule menaçant: "on va vous brûler".

"Ce n'était pas une confrontation" entre forces de l'ordre et manifestants "c'était une agression". "Ils savaient qu'ils avaient la vie de leurs camarades entre leurs mains", a insisté Me Bellet.

La nuit du 1er au 2 décembre 2018, lors de l'acte 3 des "gilets jaunes", dans cette ville de l'Aude alors fortement mobilisée, environ 200 personnes, dont bon nombre étaient ivres ou sous l'emprise de stupéfiants, s'étaient retrouvées au niveau de la barrière de péage de Narbonne Sud, qui avait été incendiée.

Les locaux du peloton autoroutier de la gendarmerie et ceux de la société Vinci avaient été incendiés et pillés.

Le procès doit s'achever vendredi.

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