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« Mon enfant n’existe pas aux yeux de la loi » : Vincent essaie depuis un mois de déclarer la naissance de son fils

Par Jennifer Mertens

Vincent nous a contactés via le bouton Alertez-nous pour nous partager sa mésaventure : papa depuis un mois, il ne parvient pas à déclarer la naissance de son fils, ce qui entraîne beaucoup d’embarras.

Malgré tout le bonheur que lui procure l’arrivée de son nouveau-né, Clément, né le 5 mai dernier, ce père de 27 ans est épuisé. Il n’arrive pas à déclarer la naissance de son enfant à la commune de Lobbes, nous a-t-il fait savoir, via le bouton Alertez-nous. Le problème ? Un souci informatique. « Ça fait des semaines qu’on me dit que le problème est sur le point d’être réglé, mais j’attends toujours ».

Dans les faits, en Belgique, chaque naissance doit obligatoirement être déclarée au service de l’état civil de la commune où elle a eu lieu. Les parents ont 15 jours après la naissance pour s’acquitter de cette obligation citoyenne. Une obligation à laquelle Vincent, responsable logistique au sein d’une entreprise de location, a voulu se soumettre, sans succès.

« À chaque fois que je téléphone à la commune de Lobbes, c’est la même chose, ils nous disent qu’un informaticien va passer dans la journée pour corriger le problème, mais ce n’est jamais réglé », nous a expliqué ce jeune père.

Mais le problème ce n’est pas simplement qu’il ne parvient pas à remplir son devoir administratif, cela a un réel impact sur la petite famille. « Vu que Clément n’existe pas officiellement au niveau de l’État, il n’a pas de registre national et n’est donc pas couvert par la sécurité sociale. Ça pose aussi un problème au niveau des paiements de congé parental. C’est un enfer », nous a confié Vincent.

« Vu qu’il n’est pas enregistré comme personne à charge sous notre mutuelle, tous les frais liés à un nouveau-né, dont les frais médicaux, c’est pour notre pomme », ce qui constitue un poids financier conséquent pour les jeunes parents.

 

 

« On a encore la chance de pouvoir aller à l’hôpital où il est né parce que, là-bas, il a été enregistré à la naissance. Il existe donc pour eux, mais ailleurs, ce n’est pas le cas », de sort qu’« on n’ose rien faire, de peur qu’il tombe malade et qu’on doive se rendre dans un autre centre hospitalier ou chez le médecin. »

Mais que se passe-t-il dans la commune de Lobbes ? Contacté par nos soins, le bourgmestre de la petite commune dans le Hainaut, Steven Royez (Les Engagés), nous a expliqué le problème. Et le moins que l’on puisse dire, qu’il s’avère plus complexe qu’il n’y paraît.

« C’est vraiment une situation déplorable, dont on veut absolument sortir », commence monsieur Royez quand nous abordons la question. « Malheureusement, le monsieur en question se trouve dans le pire des cas », nous explique-t-il, car le problème informatique dont est victime la petite commune a touché en réalité un grand nombre de services.

« Début mai, nous avons décidé de changer de prestataires de services, d’applications et de logiciels. On est passé de Proximus à Dstiny avec la promesse que tout se passerait bien. Le fait est que ça n’a pas été le cas puisque la migration vers le nouveau prestataire a entraîné des blocages dans plusieurs de nos services. Il était devenu impossible de fournir des extraits de casier judiciaire, des déclarations de décès ou de naissance, ainsi que des attestations de changement d’adresse. Ça a été très compliqué. »

« On a travaillé sans relâche avec Dstiny pour trouver des solutions et petit à petit certains services sont revenus à la normale, mais ce n’est pas encore le cas pour les déclarations de naissance parce qu’on s’est rendu compte que le problème est plus important que ne le pensait » , poursuit le bourgmestre de Lobbes.

 

 

Sans rentrer dans les détails techniques complexes, le problème avec Dstiny a permis de révéler d’autres soucis informatiques au sein de la commune de Lobbes : « des erreurs ont été commises sous l’ancien mayorat ce qui a entraîné encore plus d’embarras, prolongeant le dysfonctionnement de nos services ». Un autre prestataire a également été impliqué dans le problème, ce qui a compliqué davantage la situation, car les deux se renvoyaient la faute.

« Ce qu’il faut comprendre, c’est que la situation n’incombe pas à une seule personne, mais est le résultat de plusieurs dysfonctionnements regrettables », résume le bourgmestre, « les difficultés pour les communes à joindre les pouvoirs fédéraux n’ont pas aidé. Il est scandaleux que des pouvoirs publics comme nous doivent attendre au moins 10 jours pour avoir une réponse à un problème administratif, alors que nous essayons de répondre aux besoins de nos citoyens ».

« Mais je peux vous assurer que nous prenons la situation très au sérieux. Nous faisons deux points par jour avec notre informaticien pour discuter des évolutions et contacter les personnes adéquates pour faire avancer les choses », explique Steven Royez.

« Aux dernières nouvelles la situation serait sur le point de se débloquer. C’est en tout cas la version de Dstiny, mais par sécurité, je dirais que d’ici la semaine, ça sera réglé. Je l’espère en tout cas », conclut le bourgmestre.

Une lumière au bout du tunnel pour Vincent, même si ce dernier assure avoir entendu cette belle promesse de trop nombreuses fois malheureusement : « c’est ce qu’ils me disent chaque semaine. Je ne sais plus quoi faire ».

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