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"Nos enfants sont en danger": une école de Jemeppe-sur-Meuse dans un état d'insalubrité, les parents sont en colère

En région liégeoise, une école de Jemeppe-sur-Meuse se trouve dans un état inquiétant. Des parties de plâtre du plafond se sont effondrées à plusieurs endroits, notamment dans une classe. Pour plusieurs parents d’élèves, le bâtiment est insalubre. Redoutant un accident, ils s’inquiètent pour leurs enfants. Un étage a même dû être fermé pour des raisons de sécurité. C’est loin d’être le seul établissement scolaire décrit comme vétuste en Fédération Wallonie-Bruxelles. D’après une récente enquête, il faudrait 4 milliards pour rénover les écoles francophones.

"Les enfants sont revenus en disant que le plafond s’est effondré dans la classe", confie Valérie via notre bouton orange Alertez-nous. A la fois inquiète et en colère, cette mère de famille nous a contactés pour dénoncer l’état de délabrement et d’insalubrité de l’école de ses enfants située à Jemeppe-sur-Meuse, en région liégeoise. "On nous promet des travaux. Mais personne ne bouge", regrette cette habitante de Grâce-Hollogne, juste devant l’établissement scolaire.

Pour évaluer la situation, la directrice nous ouvre les portes de l’école. Rapidement, elle lève les yeux vers le plafond où il y a clairement des tâches d’humidité, des moisissures et des fissures."Un des premiers problèmes se situe à ce niveau-là", explique la directrice de l’école du Centre. "Il y a eu plusieurs infiltrations d’eau et on a laissé dans cet état", ajoute-t-elle.

Dès l’entrée dans le bâtiment, une première preuve de l’insalubrité est donc visible. Et à l’intérieur de l’établissement, plusieurs endroits problématiques sont épinglés. "Ici, il y a eu aussi une infiltration assez importante et une partie s’est effondrée", montre la directrice en pointant du doigt un trou dans un plafond.

On a évité la catastrophe, cela aurait pu très bien tomber sur des enfants

Le souci principal se situe au niveau du toit qui est ancien. Ce qui permet à l’eau de s’infiltrer un peu partout dans l’école. Tout le premier étage a dû être fermé, à cause d’un incident dans une classe. Une partie du plafond s’est écroulée juste au-dessus des bancs des élèves, laissant place à un trou béant. "On a évité la catastrophe car ici il y a des cours. Cela aurait pu très bien tomber sur des enfants, sur un adulte", souligne la directrice.


  

Dans la salle de gym, certaines plaques du plafond sont également tombées. Des ouvriers communaux ont été appelés en urgence pour réaliser des réparations indispensables. "On a stoppé dans un premier temps les cours de gym pour ne pas prendre de risque au niveau des enfants et du personnel. La commune a réagi assez rapidement en fermant la salle et maintenant le suivi s’opère", assure-t-elle.

"Même nos enfants ne se sentent pas en sécurité"

Face à cet état de vétusté, certains parents sont particulièrement inquiets. Quand elle vient chercher sa fille de 12 ans, Valérie ressent le même sentiment d’angoisse tous les soirs. "C’est catastrophique pour une école, surtout une école communale. J’ai peur quand je vois l’état intérieur du bâtiment. On a surtout peur pour nos enfants, que cela s’effondre. Ce ne sont pas des petites fissures. Il y en a partout. Même nos enfants ne se sentent pas en sécurité", confie la maman de Pauline, présente à ses côtés.

Et cette mère de famille n’est pas la seule à éprouver de l’inquiétude. Plusieurs parents demandent aujourd’hui aux autorités de réagir. "Nos enfants sont en danger. Cela fait 5 ans. Même les exercices d’évacuation en cas d’incendie, ils ne les ont pas faits parce que la porte principale est bloquée à cause des infiltrations", s’alarme le papa d’un élève, qui préfère garder l’anonymat. "On aimerait qu’ils commencent les travaux. C’est tout ce que l’on demande", précise-t-il.

Un peu plus loin, un autre parent exprime la même crainte : "Ce sont nos enfants qui sont dans ces murs. Si un gros bloc se déchausse et tombe sur la tête d’un enfant, cela pourrait être dramatique. Il pourrait y avoir des blessés graves ou des décès. Je suis conscient que ce sont de vieux bâtiments mais il pourrait y avoir des choses graves qui se produisent si la situation ne bouge pas".

Cette école a en effet été construite il y a 150 ans. Le bourgmestre de Seraing connait d’ailleurs bien cet établissement scolaire. "C’est un vieux bâtiment qui date de fin des années 1880. Moi je l’ai fréquenté quand j’étais petit", confie Francis Bekaert.

Les autorités communales se disent conscientes qu’une rénovation est indispensable. Mais, pour les travaux, le problème est financier. "La toiture du bâtiment à l’intérieur de la cour est d’origine. Elle est très, très vieille. Cela va représenter un montant important pour la réparer mais à moyen terme cela sera évidemment la solution", avance Laura Crapanzano, échevine des travaux, de l’environnement et des finances à Seraing. Il faudrait 1 million d’euros pour remplacer la toiture.

Afin de garantir la sécurité des élèves et des professeurs, la commune a dépêché un expert sur place. Il assure que l’édifice est stable. "Le feu était vert et nos équipes en interne ont pu intervenir pour les premières réparations", assure l’échevine.

"Ce n’est pas nécessairement que sur Seraing"

"Ce n’est pas nécessairement que sur Seraing. Je pense que nous sommes tous victimes du vieillissement des bâtiments scolaires. Ils nécessitent un entretien et des investissements réguliers. Mais nous sommes arrivés dans une problématique. Cela devait arriver car nous sommes dans un vieux bâtiment", ajoute le bourgmestre.

C’est effectivement loin d’être un cas isolé. Cette problématique concerne de nombreux autres bâtiments scolaires en Wallonie. "L’ensemble de notre patrimoine est concerné par des problèmes de vétusté ou d’un manque d’investissement les législatures précédentes", indique Laura Crapanzano.

9 millions de m2 doivent être rénovés dans les écoles à Bruxelles et en Wallonie 

A Bruxelles et en Wallonie, on estime que 9 millions de mètres carrés doivent être rénovés dans nos écoles. "Les besoins sont importants. Il y a un sous-investissement clair depuis de nombreuses années", admet Frédéric Daerden, ministre du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le budget est immense puisqu’il faudrait investir 4 milliards d’euros. La Fédération Wallonie-Bruxelles a dégagé la moitié de ce montant. Pour le reste des travaux, il faudra être patient. "Les fonds classiques vont permettre de résorber au fil du temps les besoins et pouvoir en une dizaine d’années résorbés les besoins complémentaires pour atteindre le 4 milliards d’investissement permettant d’avoir des écoles de qualité", assure le ministre du budget.

La crise énergétique rend la situation encore plus urgente. Avec des moyens limités, les autorités politiques devront établir des priorités.

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