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"C’est ça qui me hante encore aujourd’hui": Philippe Besson se confie sur un traumatisme d'enfance

L'écrivain Philippe Besson se confie sur son 23ᵉ roman intitulé "Un soir d'été". L'auteur revient sur un événement qui a bouleversé sa jeunesse : la disparition de l'un de ses amis sur l'île de Ré lors d'un été, dans les années 80.

 

1985. La disparition soudaine et tragique d'un ami a profondément affecté Philippe Besson. Le drame, décrit dans son dernier roman, s'est déroulé sur l'île de Ré, située dans le golfe de Gascogne.

Cette île est un véritable repère pour l'écrivain. Adolescent, il y retournait année après année, chaque mois de juillet, aux côtés de sa bande de copains : "On avait à peu près comme seule ambition d’aller à la plage l’après-midi, d’aller boire des bières le soir (...) et puis de se retrouver en discothèque le soir et de danser".

"On était dans une forme d’insouciance et de désirs naissants parce qu’on a 18 ans et on se dit "tiens est-ce qu’il n’y a pas des gens qui nous intéressent ?"", continue-t-il. "On était assez désœuvré, et je voulais raconter ça, ses moments de presque rien, où en plus le monde extérieur existe assez peu (...). On est juste là à vouloir passer du bon temps". 

L’île de Ré, à cette époque-là, n’a rien avoir avec le coin huppé qu’elle est devenue. 

"C’était une île donc mes amis étaient des insulaires, moi, je les jalousais, j’aurais adoré être un insulaire", répond-il. "C’était effectivement populaire, il y avait des campings, on amenait sa caravane ou sa toile de tente, le soir, on prenait l’apéro avec des tranches de saucisson dans des bols en plastique sur des tables pliantes, il y avait des douches collectives... Mais il y avait déjà la plage et la mer. J’ai des souvenirs joyeux et heureux là-bas, c’était vraiment une jeunesse insouciante".

Êtes-vous nostalgique à 56 ans ? Est-ce que c’était mieux avant ?

"Je ne sais pas si c’était mieux avant. Que je sois nostalgique, je l’assume absolument, parce que c’est un livre sur le regret de cette jeunesse qui s’est enfuie (...). L’un d’entre nous va disparaître à ce moment-là et on va être précipité dans l’âge adulte... On va perdre notre innocence", explique-t-il. 

""C’était mieux avant", je n’en sais rien, parce que je ne vais pas non plus idéaliser. C’était notre vie et notre jeunesse donc évidemment avec le temps, on a gardé que le meilleur". 

Qu’est-ce que vous voulez changer dans le passé avec la sagesse que vous avez ?

"Je pense que je ne voudrais pas être sage, je ne voudrais pas profiter de ma sagesse", affirme l’écrivain. "Je trouve justement que j’ai été trop sage quand j’avais 18 ans. J’étais un garçon discipliné, j’étais bien peigné, j’avais mes lunettes, j’étais très bon à l’école (...). Je pense que je n’étais pas assez insolent, pas assez libre à l’époque".

"Je n’ai pas assez profité de ce moment et au fond, c'est ça peut être mon regret, c’est de ne pas avoir compris à quel point nous étions libres, joyeux. À quel point, on pensait que tout était possible, que rien n’était grave. J’étais déjà dans une forme de sérieux. Et finalement, ce qui nous est arrivé cet été-là, c’est qu’on a perdu notre innocence, j’ai l’impression de l’avoir perdue sans l’avoir gagnée avant".

La culpabilité est une émotion qui vous suit régulièrement ?  

Philippe Besson est clair : "La culpabilité me fait écrire des livres". "C’est parce que je me sens coupable que j’ai écrit ce livre-là", continue-t-il gravement.

"Je pense qu’au fond, on est inattentif, on est incurieux. On est là, centré sur notre petit nombril, et puis on ne voit pas à côté des gens qui ne vont pas très bien. Il y a des indices qui nous sont envoyés, mais ils sont trop tenus pour qu’on y fasse attention, il y a des signaux, mais ils sont trop faibles".

"Et tout d’un coup, des drames se nouent sous nos yeux, mais on ne fait pas vraiment attention. Et on le regrette après, quand il est trop tard. Tout d’un coup, on se rend compte de la fragilité de nos vies et du prix de la vie. Quand tout un coup quelqu’un disparaît, on fait la connaissance de la finitude, de la possibilité que les choses se finissent mal".

 "C’est ça qui nous est arrivé à ce moment-là et qui me hante encore aujourd’hui", a-t-il fini par confier. 

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