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La fille de Jacques Brel dévoile des détails inattendus sur la vie de son père

France Brel s'est confiée à RTL info sur sa relation avec son papa, Jacques Brel.

France Brel, l'une des filles de Jacques Brel, a suivi les traces de son célèbre père en devenant elle aussi une artiste, mais dans le domaine de la littérature. Influencé par l'héritage du chanteur, elle sort son deuxième livre sur la vie de ce dernier "Chronique d’une vie, tome II – Un troubadour". Dans ce tome, elle "invite le lecteur à retrouver son père, désemparé, le 25 décembre 1946 à Bruxelles".

Je présente votre père, Jacques Brel, comme le chanteur belge le plus mythique, celui qui laisse le plus de traces. Qu'est-ce que vous pensez de cette description-là, justement?

Je trouve que vous n'avez pas tout à fait tort. Il y a quelque chose de mythique chez Jacques, mais alors expliquer pourquoi c'est comme ça, c'est difficile. Mais d'une manière générale, je crois que mon père a tout d'abord, à travers ses textes, touché les êtres humains parce que ses chansons, le contenu de ses chansons, c'est vraiment toucher à l'humanité de chacun. Et donc il s'adresse au cœur, il s'adresse à la vie, aux émotions des personnes. Il le faisait déjà sur scène et il le fait encore maintenant quand on l'écoute. Et donc, il a laissé des traces qui touchent. Et puis, il y a aussi le fait que tout d'un coup, tout va très bien, et il arrête. Ça, c'est toujours un peu mythique.

Il y a beaucoup de chanteurs, des jeunes chanteurs, qui disent: "En fait, avec Brel, on s'est pris une claque. C'est une rencontre extraordinaire, qu'on a subi. Vous qui connaissez sa vie et son œuvre par cœur, est-ce que vous êtes encore touchée? Vous avez encore du recul pour profiter de ce qu'il a fait?

Oui, mais je ne le montre jamais. Mais c'est certain, il me fait rire et il me fait lever les yeux au ciel quand je me rends compte dans ses interviews qu'il ment comme un arracheur de dents, il me touche totalement. Absolument.

Dans votre livre "Le Troubadour", deuxième tome des Chroniques de la vie de Jacques Brel, vous expliquez, qu'en 1946, il arrive à ce qu'on appelle la Franche Cordée : c'est entre le mouvement de jeunesse, c'est le mouvement altruiste?

C'est un mouvement de jeunesse altruiste, né pendant la guerre et parce qu'il fallait s'occuper un petit peu de la jeunesse qui avait un petit peu tendance à faire des choses imprudentes à ce moment-là. Et pourquoi est-ce que Jacques va se retrouver là?

C'est parce qu'en fait, il a été viré du collège. On en voulait plus. Il est désespéré et ses parents sont tristes. C'est un moment de crise dans la famille et il y a un copain qui lui dit: "Ecoute, viens à côté de chez moi, il y a un type et là, il est tout à fait extraordinaire. Va le voir, il va sans doute t'écouter". Et là, il y a une rencontre extraordinaire. Parce que pour la première fois de sa vie, Jacques a 17 ans, il a un adulte devant lui qui ne va pas lui demander son bulletin, ni ses résultats scolaires et qui va lui dire: "Alors qu'est-ce que tu aimes faire dans la vie?".

Et là, Jacques se dit: "Il y a des adultes qui arrivent à parler comme ça". Et puis Jacques lui répond: "Moi, ce que je veux faire, c'est écrire". Et comme l'adulte continue à le soutenir parce qu'il voit la fragilité de Jacques à ce moment-là, Jacques continue et lui dit: "Mais est ce que je pourrais éventuellement ici, dans cette pièce où il y a tous ces jeunes chez vous, présenter le spectacle que je suis en train d'écrire?". Et l'adulte lui dit oui. Et tout commence.

Il y a aussi un profond désir humaniste, au-delà de transmettre ces textes d'entente entre les gens, d'apporter quelque chose aux autres?

Il l'a un peu de nature, il est déjà généreux, mais Hector (l'adulte de la Franche Cordée) va devenir une figure très importante pour Jacques, et Hector est un homme disponible et généreux. On ne fait rien sans aider l'autre, donc aider l'autre va devenir une valeur essentielle chez Jacques. Et c'est peut-être la raison pour laquelle, dans ses interviews plus tard, Jacques va dire: "Pour moi, écrire des chansons et les chanter, c'est offrir quelque chose à quelqu'un".

Souvent, les jeunes, quand ils veulent devenir des vedettes, ils veulent monter sur scène pour se montrer. Jacques non, il monte sur scène parce qu'il veut donner et c'est rare.

Il a essayé aussi de travailler dans l'entreprise familiale. Là, on a senti que le côté hiérarchique, côté ordonné, ce n'est pas trop pour lui. Alors il a du mal à recevoir des ordres, certes, à en donner aussi, mais il ne se sent pas toujours légitime dans ce genre de ce genre de situation?

Pour lui, c'est vraiment très très très difficile. Il faut savoir que mon grand-père, son père, toute sa vie, va travailler pour que Jacques puisse avoir une place dans cette usine. Jacques, ce n'est pas son truc, mais le père a vraiment fait ça. Dans cette usine, il va rencontrer l'ennui, pas autre chose.

Vous racontez aussi son service militaire. Et puis la rencontre l'amour, le mariage entre votre père et votre mère. Vous racontez les premières amours, le batifoler, le charme qui va chez l'un et chez l'autre. Ça fait quoi de connaître l'histoire d'amour de ses parents dans les moindres détails, comme ça? Comment vous vous sentez quand vous connaissez et racontez cette histoire-là?

Dans les moindres détails ? Restons calmes. Je trouve ça très très, très intéressant, parce que le couple de mes parents est quand même assez incroyable puisque, n'oublions pas une chose, c'est que quand mon père demande ma mère en mariage, il est encore avec une autre dame, Suzanne, peut-être que ce soir-là, il avait oublié.

Ma mère est folle amoureuse de Jacques, mais elle ne veut pas le reconnaître. Elle est beaucoup moins verbale que mon père et elle lui dit cette phrase qui est devenue légendaire dans la famille: "Je vais réfléchir pendant trois jours". Pour mon père, c'est catastrophique. Après deux jours, lui, il craque et il va le retrouver. Ma mère lui dit avant les fiançailles officielles: "Tu sais, j'ai bien compris, moi, dans ta vie, il n'y a qu'une chose qui m'intéresse, c'est exister à tes côtés. Et mon souhait, c'est que tu vives ta vie comme tu l'entend. Je ne veux jamais être un poids pour toi". Mes parents ne vont jamais divorcer, même si effectivement on sait qu'il y a eu un vent de liberté dans ce couple.

Le livre s'arrête en 1954 et ce n'est pas le dernier. Quelle est la suite alors ?

Le livre se termine quand ils partent en voyage de noces avec un couple d'amis, ça mérite d'être souligné. Avec Brel, tout est différent. Et puis là, il va commencer une vie, un petit peu normal, qui très rapidement, très rapidement, ne le sera plus. Il va écrire les premières chansons et un jour, il va rencontrer quelqu'un qui va lui dire: "Et pourquoi ne pas partir à Paris ?". Ne me demandez pas quand se terminera le prochain livre. Je n'en sais rien.

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