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L’actrice italienne Lea Massari s’est éteinte à l’âge de 91 ans, a annoncé ce mercredi 25 juin un membre du gouvernement italien. Son décès est survenu lundi à Rome et ses obsèques ont eu lieu mardi à Sutri, une commune située au nord de la capitale, selon le quotidien Il Messaggero.
La secrétaire d’État à la Culture, Lucia Borgonzoni, a salué «une actrice au magnétisme irrésistible et au talent fulgurant».
Une carrière entre l’Italie et la France
Née Anna Maria Massatani le 30 juin 1933 à Rome, Lea Massari s’est fait connaître du grand public en 1960 grâce à «L’Avventura» de Michelangelo Antonioni. Aux côtés de Monica Vitti, elle incarne une femme mystérieusement disparue avant son mariage, dans un film qui bouscule les codes narratifs traditionnels et marque un tournant dans l’histoire du cinéma.
Un an plus tard, elle est à l’affiche du péplum «Le Colosse de Rhodes» de Sergio Leone et de «Une vie difficile» de Dino Risi. Très vite, elle devient l’une des actrices italiennes les plus en vue de sa génération, tournant aussi bien dans son pays natal qu’en France.
Des rôles marquants et audacieux
En 1964, elle apparaît dans «L’insoumis» d’Alain Cavalier, aux côtés d’Alain Delon, qu’elle retrouvera huit ans plus tard dans «Le Professeur» de Valerio Zurlini. Mais c’est en 1971 qu’elle fait sensation dans «Le souffle au cœur» de Louis Malle. Son interprétation d’une mère entretenant une relation incestueuse avec son fils marque durablement les esprits.
Lea Massari enchaîne alors les rôles marquants : «Les Choses de la vie» de Claude Sautet, «La Course du lièvre à travers les champs» de René Clément, «Le Silencieux» de Claude Pinoteau, «Le Fils» de Pierre Granier-Deferre, «Allonsanfan» des frères Taviani, «Peur sur la ville» d’Henri Verneuil ou encore «Le Christ s’est arrêté à Eboli» de Francesco Rosi.
Une discrétion assumée
Actrice expressive, nuancée, Lea Massari acceptait volontiers les seconds rôles dès lors que les projets lui semblaient exigeants. Elle a tourné avec les plus grands – Yves Montand, Jean-Paul Belmondo, Gian Maria Volonté, Mel Ferrer ou Anthony Perkins – et sous la direction de cinéastes majeurs comme Sergio Leone, Claude Sautet ou Carlos Saura.
Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes, lui a rendu hommage : «Belle, simple, pudique, Léa Massari a souvent joué au cinéma la femme qui se sent de trop. C’est ainsi qu’elle disparaît peu après le début de L’Avventura d’Antonioni pour ne plus jamais revenir ou qu’elle subit de plein fouet son inceste filial dans Le souffle au cœur de Malle. Disparaître en laissant une trace.»

















