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Année 2018 - Cyclisme: les Français réussissent mieux sur une journée

Les Français brillent dans les classiques mais attendent toujours la consécration dans les grands tours malgré les tentatives de Thibaut Pinot et de Romain Bardet, à leur sommet dans les courses d'un jour.

Eclatant lauréat en octobre du Tour de Lombardie, l'un des cinq "monuments" de la saison cycliste, Pinot a échoué à monter au printemps sur le podium du Giro. Deuxième du championnat du monde en fin de saison, Bardet a reculé à la sixième place du Tour, sans parvenir à faire aussi bien que les deux années précédentes (2e puis 3e).

"Je suis le premier à le juger en dessous de mes attentes", reconnaît lucidement l'Auvergnat. "Je n'ai pas su créer la situation qui aurait pu faire des étincelles".

D'une année à l'autre, le résultat peut varier sensiblement à niveau physique comparable voire supérieur. "Cela se joue sur des détails", insiste Bardet. Pour lui, la roue a tourné dans le mauvais sens en juillet, les éléments contraires se sont accumulés.

Son équipe AG2R La Mondiale a été affaiblie avant la montagne, la météo clémente a favorisé le verrouillage de la course par les Sky de Geraint Thomas et Chris Froome, de possibles alliés ont abandonné prématurément (Porte, Nibali)... Mais, plutôt que de remâcher le Tour 2018, Bardet préfère regarder l'avenir: "Je pense que ce sera fondateur pour la suite. On a besoin parfois d'avoir un petit bas pour pouvoir rebondir encore plus haut."

- Le Tour 2019 favorable -

Rebondir mais jusqu'où? Pour être le premier représentant français au classement général depuis 2015, le coureur de l'équipe AG2R sait tout de l'impatience que provoque l'interminable attente d'une victoire nationale dans la course-symbole du cyclisme. Quand Bernard Hinault s'imposait pour la cinquième fois en 1985, Bardet n'était pas né, tout comme la majorité du peloton actuel.

A 28 ans, alors qu'il aborde ses meilleures années, il assume son ambition de victoire, sans pour autant la proclamer. Ainsi, son analyse du parcours du Tour 2019: "Depuis que j'intègre le Tour pour conquérir le maillot jaune, c'est le Tour le plus favorable."

Cartésien mais aussi pragmatique, Bardet soupire: "Ce sera peut-être l'année où l'on s'y attend le moins que je réussirai le mieux." La phrase vaut également pour Pinot, heureux ces deux dernières années sur les routes du Giro qu'il a couru honorablement sans parvenir toutefois à monter sur le podium (4e et abandon).

En 2019, le Franc-Comtois de la Groupama-FDJ reviendra au Tour. Avec l'avantage, plus encore que Bardet, de disposer d'un parcours à sa convenance qui fixera un premier rendez-vous sur ses terres, à La Planche des Belles Filles, dans les Vosges, au sixième jour de course. Sa fin de saison triomphale en Italie lui ouvre aussi l'horizon des grandes courses d'un jour, redevenues accessibles pour les meilleurs Français.

- L'instinct d'Alaphilippe -

Dans ce registre, Julian Alaphilippe excelle. Il a gagné deux d'entre elles (Flèche Wallonne, Clasica San Sebastian) mais c'est sur le Tour que le grand public s'est pris d'affection pour la personnalité exubérante de l'ancien mécano, un stakhanoviste du travail au joyeux tempérament.

Coureur d'instinct, il a fait merveille par son sens offensif et sa prise de risques en descente. Le puncheur-kamizake de l'équipe belge Quick-Step a raflé deux étapes de montagne, en partant tôt dans les échappées, et ramené le maillot de meilleur grimpeur, comme Warren Barguil douze mois plus tôt.

Est-il pour autant un vainqueur potentiel à court ou moyen terme? "Viser le classement général c'est une tout autre course où on ne se relève pas, elle demande un énorme mental", répond Alaphilippe (26 ans). "J'ai encore énormément de choses à découvrir. Ce n'est pas parce que j'ai gagné deux étapes et le maillot à pois que je vais tout mettre sur le Tour".

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