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Un championnat qui a vu passer Del Piero, Roberto Carlos et Anelka sur le point d’être annulé

Par RTL info avec l’AFP
L’ex-patron du foot mondial Sepp Blatter a un jour qualifié l’Inde de « géant endormi ». Dans le pays où le cricket est roi, le ballon rond n’a jamais réussi à creuser son trou, au point que le sort de son championnat ne tient plus qu’à un fil.

Chaque match le confirme, le football indien n’est qu’un nain sur la scène internationale, indigne de son statut de pays le plus peuplé de la planète – 1,4 milliard d’habitants.

L’équipe nationale pointe péniblement au 133e rang mondial. Malgré le retour de son buteur fétiche Sunil Chhetri, 40 ans, l’Inde n’a remporté qu’une seule de ses 16 dernières rencontres et, sauf miracle, ratera la prochaine Coupe d’Asie. Un bilan catastrophique, qui a précipité la démission, début juillet, du sélectionneur national, l’Espagnol Manolo Marquez.

Et comme un malheur sportif n’arrive jamais seul, c’est maintenant l’Indian Super League (ISL), la compétition nationale réservée à l’élite en crampons, qui menace de s’effondrer… Le gestionnaire privé du championnat, Football Sports Development Ltd (FSDL), a prévenu la semaine dernière qu’il avait gelé le coup d’envoi de l’édition 2025-26 pour cause de différend financier avec la fédération (AAIF).

L’occasion d’un « redémarrage » ?

« Nous ne sommes pas en position d’organiser la saison 2025-26 », a écrit FSDL aux 13 clubs en course, arguant d’un « manque de clarté sur l’avenir de la structure contractuelle qui expire ». « La situation actuelle du football indien est très préoccupante », a résumé sur X Sunil Chhetri, qui porte le maillot du FC Bangalore.

À défaut d’une désormais improbable prolongation du contrat entre la FSDL et l’AAIF, plus de 5.000 joueurs, entraîneurs ou salariés des clubs pourraient perdre leur emploi.

Le directeur, et ancien capitaine de l’équipe nationale, Subrata Paul, refuse d’y croire. « Comme pour tout écosystème, le football indien est confronté à son lot de défis et de nécessaires adaptations », déclare-t-il à l’AFP, résolument optimiste. « Je veux y voir l’occasion d’une pause, d’une réflexion et d’un redémarrage ».

Une saison avec des stars en préretraite… pour rien

Née en 2014, l’ISL a d’abord concurrencé la vénérable I-League, avant de la supplanter définitivement comme principale compétition de l’élite du football indien en 2022-23. Pour lancer le « produit », elle a réussi à attirer sur les terrains du sous-continent quelques vedettes en fin de carrière comme Alessandro Del Piero, Alessandro Nesta, Roberto Carlos, Diego Forlan, Fredrik Ljungberg, David James, Robert Pirès, David Trezeguet ou Nicolas Anelka, têtes de gondole le temps d’une saison.

Mais la mayonnaise n’a pas pris. Quatre-vingts ans après avoir rompu avec l’Empire britannique, le public indien continue obstinément à préférer l’élégant pantalon repassé de ses « cricketeers » au short crotté des « footeux ».

Les audiences télévisées du sport le plus joué au monde en sont l’illustration têtue. À la bourse des valeurs sportives indiennes, un match de foot n’a rapporté en moyenne la saison dernière que 16,8 millions de roupies (170.000 euros environ) en revenus divers. Près de cent fois moins qu’une partie de cricket…

Commencer à 8 ans au lieu de 13 pour susciter des vocations ?

Certains grands noms européens se sont pourtant penchés sur le berceau du football indien. Ex-entraîneur du club londonien d’Arsenal, le Français Arsène Wenger, désormais en charge du développement à la FIFA, a bien inauguré en 2023 une académie flambant neuve.

À en croire les confidences du président de l’AIFF Kalyan Chaubey, qui dit s’en être entretenu avec lui le mois dernier, le technicien plaide pour un apprentissage plus précoce du ballon. Pour susciter des vocations, estime-t-il, les jeunes Indiens devraient taquiner le ballon dès 8 ans. Pas à 13 ans comme c’est la moyenne aujourd’hui.

À l’heure où le Premier ministre Narendra Modi rêve de voir « sa » ville de cœur et son fief électoral, Ahmedabad (nord-ouest), décrocher l’organisation des Jeux olympiques de 2036, il y a urgence à faire décoller le sport roi sur ses terres.

L’Inde ne s’est plus qualifiée depuis belle lurette pour le tournoi olympique de football : c’était en 1948, 1952, 1956 et 1960. Le « géant endormi » raillé par Sepp Blatter n’a depuis émergé sur la scène footballistique qu’à deux reprises pour organiser la Coupe du monde des moins de 17 ans : celle des garçons en 2017 puis celle des filles en 2022.

Pas suffisant pour créer un élan. Sur les 43 joueurs convoqués en équipe nationale l’an dernier, seuls 13 venaient de clubs disputant l’ISL. « Pour bâtir des fondations solides, il faut investir dans la formation des jeunes, les infrastructures et un entraînement de qualité », répète Subrata Paul. « La passion du football ne demande qu’à grandir dans notre pays, je veux y croire ».

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