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A l'issue d'une année agitée, les organisateurs des Jeux olympiques 2024 de Paris ont bouclé jeudi la dernière mouture de leur budget, avec des économies obtenues en réduisant le nombre de sites, dont Toulouse écarté des tournois de football.
"Le projet est prêt à embarquer tout un pays", s'est félicité Tony Estanguet, président du comité d'organisation Paris-2024, lors d'un point-presse après un conseil d'administration. Depuis quelques semaines, le triple champion olympique de canoë vante "un projet renforcé" en dépit des économies réalisées.
Du fait de la crise sanitaire et économique inédite, et de peur d'une réticence des sponsors, le comité d'organisation a décidé avant l'été de passer tout à la moulinette pour trouver environ 400 millions d'euros d'économies.
"Le sens de l'histoire, c'est de réduire le barnum", décrypte l'un des acteurs, la grande caravane des JO attirant de moins en moins de villes candidates ces dernières années.
Depuis six mois, les négociations se sont multipliées, entre le comité d'organisation (Cojo), les collectivités locales, le Comité international olympique (CIO) et les fédérations internationales.
- "Réduire le barnum" -
Au final, environ 300 millions d'euros d'économies présentées jeudi. Au menu des bonnes nouvelles, explique le Cojo, des recettes supplémentaires émanant du CIO (71 millions d'euros), qui contribuent à faire passer l'enveloppe globale (sponsors, billetterie, et contribution CIO) de 3,8 à 3,9 milliards d'euros.
La remaniement de la carte de sites a permis d'économiser une centaine de millions d'euros.
Le plus gros des changements était déjà connu, avec la suppression de deux sites temporaires, pour la natation et le volley, qui quittent la Seine-Saint-Denis pour atterrir à La Défense Arena et au Parc des expositions de la Porte de Versailles.
Les élus de ce département pauvre, qui avaient mis la pression en septembre, sont satisfaits des contreparties reçues, comme l'arrivée de l'escalade au Bourget et du rugby au Stade de France.
Ils ont également obtenu que le village des médias, destiné à devenir un quartier résidentiel, soit conservé, même désormais construit en deux temps.
Seule nouveauté jeudi: la "collectivité hôte" de Toulouse est écartée des tournois de football. "Cela s'est joué à pas grand-chose", selon Estanguet.
Sept villes sont définitivement retenues: Marseille, Bordeaux, Lyon, Saint-Etienne, Nice, Paris (Parc des Princes), Nantes. Quant à Lille, aussi prévue initialement pour le foot, elle accueille désormais le handball.
Cette liste sera soumise à la Fifa en mars prochain.
"C'est une grande déception", a réagi Laurence Arribagé, adjointe aux sports à la mairie de Toulouse, "on a accueilli des matches de l'Euro, on accueillera des matches du Mondial de rugby en 2023, on a l'expérience des grands événements".
- Budget sécurité en hausse -
Parmi les lignes budgétaires en hausse: 100 millions en plus pour la sécurité, qui passe à 300 millions d'euros, dont 10 millions supplémentaires pour la cybersécurité qui passe à 17 millions d'euros.
La hausse des dépenses est aussi liée aux quatre nouveaux sports adoubés mi-décembre par le CIO (surf, skate, escalade et breaking), pour cette édition des JO qui sera pour la première fois paritaire.
A quelques mois d'élections départementales et régionales, et à deux ans de la présidentielle sur laquelle la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, a des vues, des tensions ont parfois éclaté.
Ainsi, explique un des acteurs du dossier, Anne Hidalgo a mis récemment "une bonne baffe" au Cojo sur le thème de la "clarté" et "de la transparence", après la publication prématurée d'un rapport provisoire de la Cour des comptes s'inquiétant de surcoûts.
Paris-2024 a précisé jeudi le découpage de ses plus gros postes de dépenses: sites et infrastructures 840 millions d'euros, services (hébergement, logistique, sécurité....) 710 millions, ressources humaines 550 millions, développement commercial et marketing 326 millions, marque événements et cérémonies 225 millions.
Interrogé sur la cérémonie d'ouverture, et les cérémonies en général, mises à l'étude en 2021, Tony Estanguet a répondu: "Pour le moment, c'est au Stade de France, pas de changement".
Tout en ajoutant: "Il est vraiment trop tôt pour répondre (...) on va regarder différentes options (...), tout est envisageable", au risque d'inquiéter à nouveau les élus de Seine-Saint-Denis qui tiennent mordicus à la cérémonie d'ouverture au Stade de France.
L'année prochaine marquera aussi le lancement des chantiers d'ouvrages pérennes conduits par la Solideo (société de livraison des ouvrages olympiques), notamment en Seine-Saint-Denis où des riverains font parfois entendre leur voix contre certains projets d'aménagements qu'ils taxent d'"aberration écologique".