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Mondial-2018: Deschamps, un patron tout en contrôle

A l'entraînement, rien de lui échappe, devant les médias encore moins... Au Mondial-2018, l'exigeant Didier Deschamps prouve une nouvelle fois combien il aime contrôler tout ce qui entoure les Bleus, ce qui n'empêche pas une grande complicité avec ses joueurs et son staff.

. Omniprésent

L'image est désormais rituelle au petit stade d'entraînement de Glebovets, non loin du camp de base des Bleus. Pendant la séance, Deschamps, chronomètre à la main, pose un genou à terre, et scrute le moindre exercice effectué par ses joueurs.

Même si c'est son bras droit Guy Stéphan qui dirige l'entraînement, "DD" veille au grain, davantage que son prédécesseur Laurent Blanc. "Il est plus entraîneur dans l'âme que pouvait l'être Laurent Blanc", relève pour l'AFP Philippe Hinschberger, actuel entraîneur de Grenoble et ancien de Metz. "Il a encore une âme de joueur. Il reste chambreur, un peu comme un entraîneur de club, proche de ses joueurs".

Le sélectionneur de 49 ans affiche effectivement une grande complicité avec ses Bleus. Très tactile, il multiplie les accolades que ce soit à l'entraînement ou quand un joueur est remplacé pendant un match, à l'image des sorties d'Antoine Griezmann et Kylian Mbappé contre l'Argentine (4-3).

Deschamps est en outre très vigilant vis-à-vis de l'environnement extérieur. Au premier tour du Mondial, le sélectionneur n'a pas apprécié que des journalistes parviennent à observer les entraînements à huis-clos. "Ce qui me gêne, c'est que notre adversaire connaît toujours notre équipe 48 heures à l'avance. (...) S'il y avait un peu plus de respect de ce côté-là, ce ne serait pas plus mal", a-t-il lancé sur beIn Sports.

. Vigilant avec les médias

Avant l'Argentine, il a donc brouillé les pistes. A l'abri des regards, il s'est contenté d'un entraînement sur le demi-terrain de l'hôtel des Bleus avant de s'envoler pour Kazan, où se tenait ce 8e de finale. Et à la veille du match, il n'a pas fait de véritable mise en place tactique.

En Russie, Didier Deschamps contrôle toujours aussi prudemment sa parole médiatique et corrige, voire recadre, comme à son habitude, la moindre imprécision dans les questions de la presse. Une nuance toutefois: contrairement à certains sélectionneurs précédents, il laisse les membres de son staff s'exprimer, surtout son homme de confiance Guy Stéphan, très à l'aise lundi en conférence de presse. Mais gare à celui qui interviendrait devant un micro sans son aval. Il a aussitôt droit à un regard noir et des remontrances en privé.

Le technicien français place la vie de groupe et le collectif au-dessus de toute considération. Il autorise à ses joueurs des respirations familiales, mais sans excès: deux pendant la préparation, mais une seule en Russie après le 0-0 contre le Danemark à Moscou le 26 juin.

Il soigne aussi le cadre de vie de son équipe. A Clairefontaine, il est connu pour s'impliquer dans l'aménagement de la résidence de l'équipe de France. Pour la Coupe du monde, il s'est beaucoup investi dans le choix du camp de base d'Istra.

. "Il ne décide pas tout"

Ses proches nuancent toutefois le portrait d'un patron omnipotent. "Ce n'est pas un dictateur, loin de là. Il est toujours dans l'échange et son sens du détail lui permet de tirer la quintessence de tout le monde", se souvient, auprès de l'AFP, Christophe Manouvrier, son préparateur physique du temps de l'Olympique de Marseille.

"Il ne décide pas tout. Il écoute aussi", abonde Guy Stéphan, qui l'accompagne depuis neuf ans. "Après évidemment, c'est un chef, un meneur d'hommes, il a la gagne en lui. Avoir la gagne, c'est être exigeant avec soi-même et avec les gens qui vous entourent. Et tout prévoir, même l'imprévisible".

Les joueurs sont invités à se plier à ce cadre bien défini, comme le racontait Didier Deschamps dans un récent entretien au journal Midi Olympique.

"Les joueurs intelligents mettent leur talent au service du collectif. Mais quand ce n'est pas le cas… (il souffle longuement). Un joueur de ce genre dans un groupe, ça peut passer. Mais quand il y en a deux, l'entraîneur est dans la merde. Ça crée des situations pas possibles car ils entraînent avec eux les suiveurs", prévenait le sélectionneur.

Une grande exigence, mais pas de stress pour autant, garantit Stéphan. "Je le trouve très à l'aise, le contraire de tendu, détendu. Et comme disait Samuel Umtiti, on est encore plus détendu depuis que les épouses sont arrivées", a-t-il plaisanté lundi.

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