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L'arrivée par la grande porte de Victor Wembanyama en NBA, drafté en première position par San Antonio, est l'aboutissement de plusieurs années de préparation minutieuse orchestrée par son agent, Bouna Ndiaye, un des plus influents de la planète, à la tête de Comsport.
"Avec Victor, on a affaire à quelqu'un d'atypique dans tous les sens du terme, sur le plan mental comme physique. Il faut tout adapter à lui. On y a mis beaucoup d'énergie, mais que c'est excitant!", dit Ndiaye, en regardant son poulain de 2,24 m tenter quelques shoots, pour la première fois sous le maillot blanc des Spurs, dans l'AT&T Arena.
Quelques instants plus tôt, c'est visiblement plus fatigué, qu'il s'était plié à une énième conférence de presse, deux jours après être devenu le premier Français de l'histoire N.1 de la draft.
On sent la fierté et l'émotion poindre pudiquement chez cet homme de 58 ans, dont le parcours est pourtant jalonné de réussites, avec, en quasiment 20 ans, une trentaine de joueurs de son écurie qui ont signé en NBA, et de très gros coups, comme le contrat record signé en 2020 par Rudy Gobert (205 millions de dollars sur cinq ans) avec Utah.
Mais rien de tout ceci n'est comparable à la "Wembamania" qui ne fait que commencer aux Etats-Unis, bien avant même le premier match officiel du prodige français de 19 ans.
Alors, après plusieurs jours d'un tourbillon médiatique intense, de New York à San Antonio, où l'accueil réservé par les fans a embrassé une certaine démesure, voir Victor enfin dunker sur le parquet des Spurs est un instant précieux. Il permet de mesurer le chemin parcouru.
- "Un garçon extraordinaire" -
"Il y a environ 30 ans, on m'a un peu poussé à devenir agent, car à l'époque je m'occupais des gamins à Grigny (Essonne), à la cité de la Grande Borne. Et un jour, l'un d'entre-eux m'a dit +mais pourquoi tu ne deviendrais pas mon agent? C'est en toi que j'ai confiance+".
Il crée Comsport en 1995, avec Jérémy Medjana, admire David Falk, l'agent de Michael Jordan, et s'inspire de Pape Diouf, incontournable dans le foot, pour sa capacité à instaurer une relation de confiance, presque familiale avec les joueurs.
"Ma première décision a été de ne m'occuper que des Français et des Africains. On m'a dit +tu es fou, les meilleurs basketteurs sont Américains, les étrangers n'ont aucune valeur+ J'ai répondu: +eh bien ça va changer+ Et aujourd'hui je suis dans Forbes, classé parmi les agents les plus influents du monde, tous sports confondus", sourit-il.
"A travers les années, on a pu aiguiser notre savoir-faire, avec tous les joueurs que nous avons accompagnés en NBA, Didier Mbenga, Ian Mahinmi, Ronny Turiaf, Rodrigue Beaubois, Nicolas Batum, Rudy Gobert, Evan Fournier...", poursuit-il.
"Aujourd'hui, on est dans les pas d'un garçon extraordinaire. Là-haut (dans sa tête, ndlr) ça va très, très vite. Il est prêt. Pour lui, ce qui se passe est normal, parce qu'il s'y prépare depuis longtemps. Et nous, nous devons utiliser toute l'expérience accumulée, retenir les erreurs qu'on a pu commettre aussi, à son service", dit Ndiaye, en observant la maman du joueur assise non loin.
- Féroce concurrence -
"Dès le départ il y a des connexions, car avec Elodie on se connaît depuis 35 ans, raconte-t-il. Elle entraînait mon fils, quand il avait quatre ans. Lorsque Victor a commencé à faire parler de lui, Jérémy (Medjana) me disait: +il y a ce gamin, il faut que tu ailles le voir!+ Il avait 12 ans. Je ne voulais pas, car si quelqu'un était venu voir mon fils à cet âge-là, je l'aurais envoyé ch..."
"A force d'insistance, j'ai fini par aller l'observer. On a gardé contact et quand il a eu 15 ans, on a commencé à mettre les choses en place, avec des spécificités pour chacun des secteurs à travailler. Un staff médical a été mobilisé, il a Guillaume Alquier, un des meilleurs préparateurs physiques, et il y a eu la gestion au quotidien sur le plan mental...", énumère-t-il.
Tout ceci pour que Victor soit armé pour répondre au défi de la NBA. On glisse d'ailleurs à Ndiaye que lui aussi va devoir muscler son jeu avec Comsport, face à la féroce concurrence qui ne manquera pas de vouloir lui chiper son client.
"Certains agents américains ont déjà essayé", coupe-t-il en souriant. "Mais on ne s'occupe pas de ça. Ce qui compte, ce sont les résultats."