Accueil Sport

Vendée Globe: les revers de mer ont "fait grandir mentalement" Beyou

Passé du statut de super favori à celui de dernier de la flotte, Jérémie Beyou (Charal) a fait l'apprentissage d'une difficile expérience pour son quatrième Vendée Globe, qui l'a "fait grandir mentalement", comme il le raconte à l'AFP.

Reparti en course avec neuf jours de retard après des réparations sur son bateau +volant+, il a croqué les concurrents en queue de flotte. Mardi, il se classait 21e sur 27 skippers encore en course.

En approche de l'Australie, le marin de 44 ans s'accorde un temps de pause sous un soleil qu'il n'avait pas vu depuis quelque temps, pour revenir sur son parcours semé d'embûches, entre ambition et désillusion, dont il se remet avec un certain panache.

Q: Comment vous sentez-vous ?

R: "Ca va mieux, j'ai avancé au jour le jour tout le long de la descente de l'Atlantique et ce n'était vraiment pas facile. Quand tu as l'habitude de te projeter assez loin avec de gros objectifs et qu'il faut juste avancer heure par heure et derrière tout le monde, ce n'est pas évident et je ne suis vraiment pas +câblé+ pour ça. D'avoir réussi à franchir toute cette période-là, ça m'a fait du bien, ça m'a fait grandir mentalement. Je suis assez fier de ce début de course. Je n'ai pas trop mangé, j'ai mal dormi, physiquement c'était pas terrible mais depuis que je suis revenu au cœur de la flotte, je mange mieux, je dors mieux."

Q: Qu'est-ce qui a été le plus difficile durant cette période ?

R: "C'est dur de faire une croix sur cette victoire sur le Vendée Globe. Passer à autre chose... Tout le monde m'a dit ça: +prends du plaisir sur l'eau+. Enfin bon, c'est facile à dire mais switcher dans ta tête de +Je suis là pour gagner le Vendée Globe+ à +Je suis là juste pour faire le tour du monde+, c'est une démarche vraiment pas simple. Ca a pris un peu de temps. J'avoue que j'évite toujours de regarder la tête de la flotte parce que ça me fait un peu mal. Je suis toujours en course et faut se satisfaire de ça."

Q: Dans quel état d'esprit aviez-vous repris le départ ?

R: "J'avais rêvé d'une météo qui me permette de rattraper la queue de la flotte. C'était possible. En repartant, je m'étais dit: faut jouer, va y avoir des faits de course, pourquoi pas essayer de jouer une place dans les dix. Mais dès que j'ai repris le départ, ça s'est bouché devant moi et j'ai tout de suite compris que j'allais plutôt perdre du temps, ça a été le coup de massue le premier jour de navigation. T'y crois plus, tu te poses mille questions. Ca a été un Atlantique pire que tout."

Q: Aujourd'hui, ça va beaucoup mieux...

R: "J'avoue que je retrouve le mode compétition peu à peu. Mais ça fait vraiment pas longtemps. J'ai engagé une dynamique un peu meilleure, en terme de météo déjà. Mon rythme est meilleur aussi, c'est difficile d'être en mode attaquant quand t'as personne autour. Le premier groupe, ça s'est fait assez rapidement. Là, j'essaie de faire la jonction avec le petit groupe devant. Déjà les rattraper, et après voir si je peux les dépasser."

Q: Comment envisagez-vous la suite ?

R: "Mon objectif c'est d'essayer de me rapprocher au maximum des gens qui sont devant moi jusqu'au cap Horn, avec un bateau en bon état et si possible, aller chercher des belles places après le cap Horn, lâcher un peu plus les chevaux. Mais à un moment je vais buter dans des systèmes météo aussi, je ne pourrais pas rattraper tout le monde. Mais je peux essayer de m'en rapprocher, après dans la remontée de l'Atlantique, il peut se passer plein de choses. Mais c'est dans longtemps. En tout cas, je suis content d'être reparti même si ça a été super dur. Je suis content de chaque journée que je fais, en continuant d'y croire avec un bateau toujours en bon état."

Propos recueillis par Sabine Colpart

À lire aussi

Sélectionné pour vous