Partager:
Face à la flambée des prix de l’immobilier, accéder à la propriété devient un défi majeur, en particulier pour les jeunes générations. Le prix moyen d’une maison 4 façades en Wallonie atteint désormais 325 000 euros, marquant une hausse de 10 % sur l’année écoulée. Cet environnement met à mal le rêve d’acquisition, notamment pour les primo-accédants, confrontés à des coûts de plus en plus inaccessibles.
Pour répondre à ces pressions économiques, certaines banques ont lancé une solution inédite : des crédits hypothécaires d’une durée exceptionnelle de 40 ans. Ce dispositif a pour but de rendre l’acquisition immobilière plus accessible en réduisant les mensualités, bien que le coût total du prêt s’alourdisse. Ces crédits séduisent un segment particulier de la population : « On voit que c’est surtout les personnes seules qui prennent ces prêts. Et dans ce groupe, on constate que 80 % des femmes qui achètent leur première maison choisissent cette formule », développe Sophie Misselyn, membre du comité de direction du groupe P&V, qui propose cette offre.
Cependant, l’étalement d’un prêt sur une si longue période n’est pas sans conséquences. En augmentant significativement la durée de remboursement, le coût total du crédit grimpe de manière substantielle. Les emprunteurs remboursent beaucoup plus que le prix initial de leur propriété, une donnée qui suscite débats et questionnements sur la viabilité de cette solution. Pour l’instant, la pratique ne s’est pas généralisée et reste encore une exception.
La limite d’âge imposée par ce type de crédit représente également une contrainte importante. Le remboursement du prêt doit être totalement finalisé avant que l’emprunteur n’atteigne ses 70 ans. En conséquence, ceux qui dépassent le seuil de 30 ans se retrouvent dans l’incapacité d’opter pour ces crédits ultra long terme. Une restriction qui exclut de fait une part non négligeable de la population cherchant à acquérir un bien immobilier.
Pour Lionel Artige, professeur d’économie à l’Université de Liège, cette durée d’engagement n’est pas sas risque : « S’engager à 40 ans de la part de la banque ou de l’acquéreur sur un taux fixe, c’est quand même assez risqué. Ce ne sera pas une tendance, ce sera vraiment un marché marginal. » Ce type de contrat engendre une incertitude économique considérable, tant pour les prêteurs que pour les emprunteurs, dans un contexte où le marché et les taux d’intérêt peuvent fluctuer sur plusieurs décennies.
Le concept de crédits hypothécaires très longs n’est toutefois pas une nouveauté mondiale. Dans des pays comme les Pays-Bas ou le Royaume-Uni, des prêts éprouvés sur plusieurs générations sont déjà bien établis. Ces modèles offrent une flexibilité qui permet aux ménages de faire face à des prix immobiliers bien plus élevés que ceux pratiqués en Belgique.

















