Partager:
Euroclear, un acteur clef du système monétaire mondial, est au cœur du débat européen sur les avoirs russes gelés. Ni vraiment une banque, ni une société de placement, l’institution joue un rôle à part. Ou plutôt, plusieurs rôles. Celui de coffre-fort d’abord : l’institution garde les titres de ses clients en sécurité. Celui de notaire ensuite : en étant une sorte d’intermédiaire entre vendeurs et acheteurs, elle gère les risques et garantit des transactions sûres. Enfin, Euroclear fournit l’infrastructure financière : la « tuyauterie » nécessaire pour les échanges de titres.
« Il y a plusieurs rôles, plusieurs fonctions qui sont liées, qui sont interconnectées, et donc c’est une importance centrale dans le système financier, souligne l’économiste Bruno Colman. Et aujourd’hui, Euroclear détient en dépôt à peu près 42 000 milliards d’euros de titres, c’est-à-dire à peu près 40 % du PIB mondial. Donc, c’est vraiment ce qu’on appelle le notaire financier du monde occidental. »
Un notaire au cœur de la finance mondiale. Les clients d’Euroclear sont des banques, des grandes entreprises, des courtiers, d’autres institutions financières, et des banques centrales, comme celle de Russie, dont il est question aujourd’hui.
185 milliards
Euroclear détient 185 milliards d’euros d’avoirs russes : des fonds qui appartiennent en majorité à la Banque centrale de Russie.
« Il s’agit de réserves de change de la Banque centrale russe qui comprennent un fonds national de prévoyance en cas de coup dur ou et dans lequel le Kremlin a mis de côté ses revenus pétroliers excédentaires, explique Alexander Kolyandr, chercheur au centre d’analyse des politiques européennes. Vous savez, vous devez garder vos dollars et vos euros à l’abri de l’inflation et vous ne pouvez pas garder vos réserves de change sous votre matelas. Donc ils achetaient ces actions et obligations et les gardaient dans différentes banques et institutions telles qu’Euroclear ».
Si Euroclear est un acteur aussi important de la finance mondiale, c’est aussi grâce à la fiabilité qu’il assure à ces clients très influents.
Aujourd’hui, la crise des avoirs russes risque d’ébranler sa position ; et avec elle, celle de la Belgique.
