Le Roi et la Reine sont de retour au pays: pourquoi leur présence était-elle si importante au Vietnam?

La délégation emmenée par le roi Philippe au Vietnam est rentrée au pays vendredi soir. Elle ramène dans ses valises quelques contrats et accords, principalement académiques, des contacts et ambitions mais surtout une demande de longue date de la diplomatie belge : l'engagement du gouvernement vietnamien à exempter les Belges de visa.

Première visite d'État au Vietnam pour la Belgique, malgré désormais 52 ans de relations diplomatiques, ce n'était pas pour autant la première fois que Philippe de Belgique foulait le sol du pays communiste après trois voyages en tant que prince. Cette visite venait aussi clore une séquence asiatique de la diplomatie belge, après la mission économique en Inde emmenée par la princesse Astrid début mars, puis la réception pour une visite d'État du président de Singapour fin mars.

Avec la guerre commerciale lancée par l'administration américaine de Trump, il est essentiel "pour l'Union européenne de repenser ses accords commerciaux pour être moins dépendante des États-Unis", estime le vice-Premier et ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot. "Et si le Vietnam peut considérer la Belgique comme une porte d'entrée pour le marché européen, c'est encore mieux".

Mais bien que les annonces des droits de douane américains ont mis l'économie au cœur des débats lors du voyage, elle n'était pas, loin s'en faut, le seul sujet de la visite.

La présence des souverains est précieuse

Les plus hautes autorités du pays – Président, Premier ministre, Secrétaire général du parti communiste – ont reçu le Roi et ses ministres à Hanoï, sous l'œil de l'inévitable leader communiste Hô Chi Minh. Le régime vietnamien est loin des standards européens. "C'est là où la diplomatie prend tout son sens", selon M. Prévot. Il est important de continuer à échanger avec des pays qui n'ont pas forcément les mêmes idées "sans renier nos valeurs, ni nos combats" pour faire avancer une série de dossiers.

En début de semaine, le Namurois a – au-delà de sujets plus internationaux – abordé avec son homologue vietnamien la question des visas. Un assouplissement de la procédure pour la Belgique est demandé depuis des années. La bonne nouvelle est tombée deux jours plus tard, quand le Premier ministre s'est engagé devant le Roi à ce que la Belgique soit le prochain pays dont les citoyens seront exemptés de visa. "La présence des souverains est précieuse et permet d'ouvrir des portes", entend-on en fin de mission, comme régulièrement après les déplacements de ce style.

De Hanoï à Hô Chi Minh-Ville en passant par Hai Phong, le Roi et la Reine auront (re)découvert de nombreux projets qui font vivre les liens entre les deux pays. La reine Mathilde se sera notamment rendue à l'hôpital pédiatrique de la capitale, avec lequel collaborent les entités belges francophones depuis de longues années, et la délégation aura pu constater l'expansion continue de Deep C, plus grand investissement belge au Vietnam, ou encore découvrir le rôle du fournisseur de produits dédiés à la boulangerie, la pâtisserie et le chocolat Puratos dans la formation des jeunes précarisés d'Hô Chi Minh-Ville.

Un espoir belge au Vietnam

Hasard du calendrier, l'annonce des droits de douane américains – qui vont très durement toucher le Vietnam, avec un taux de 46 % – aura coïncidé avec la journée dédiée aux victimes de l'agent orange, cet herbicide hautement toxique et largement pulvérisé sur le pays par les États-Unis pendant la guerre et qui continue à faire des dégâts 50 ans plus tard. En 2023, la Belgique avait été le premier pays à adopter – à l'unanimité – une résolution en faveur de ces victimes. Aujourd'hui, l'entreprise belge Haemers peut se targuer de proposer une technologie qui permettrait de dépolluer le pays. Elle espère désormais un signal du gouvernement vietnamien.

La brève mais intense visite s'est terminée jeudi soir avec la traditionnelle réception belge. Après une journée de vol, la délégation est arrivée en soirée à Bruxelles.