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Plus de 40.000 suspicions de fraude au crédit l'an dernier: comment marche la loi "anti-blanchiment"?

Depuis plusieurs années, la lutte contre le blanchiment d'argent est devenue une priorité pour de nombreux pays européens, et notamment la Belgique. Le but est de repérer le plus rapidement possible les comportements suspects. Une volonté des pouvoirs publics qui s'est sérieusement renforcée au lendemain des attentats.

Le 22 mars 2016, le pays s'en souvient, des explosions éclatent à l'aéroport et dans le métro. Ceux vagues d'attentats meurtrières ont abouti à un constat après enquête: les deux étaient en partie financées par le blanchiment d'argent.

Pour de lutter contre ce fléau, ce qui est sur la table des politiques depuis longtemps prend un autre sens. Tout s'accélère, une nouvelle loi fait son entrée dans le moniteur belge. "Ça a accéléré les choses et ça a aussi mis l'emphase sur la loi anti-blanchiment mais aussi anti-financement du terrorisme", explique Sabrina Scarna, avocate fiscaliste. "On a vraiment mis sur pied d'égalité le blanchiment et le financement du terrorisme. Et donc c'est vraiment une loi qui vise à lutter contre les deux. Clairement depuis les attentats de Paris et de Bruxelles, l'emphase est mise aussi sur cet aspect des choses."

Les acteurs du secteur de la finance doivent détecter les éventuelles tentatives de fraude. La loi contre le blanchiment d'argent oblige les banques à respecter une méthodologie particulière lors de transactions plus importantes. "La législation anti-blanchiment oblige les banques à identifier leurs clients", indique Isabelle Marchand, porte-parole Febelfin. "Les clients seront demandés de s'identifier et à surveiller les transactions. Par exemple, les banques peuvent demander à leurs clients l'origine de certains fonds."

Le nombre de déclarations de soupçons de blanchiment rentrés par les établissements de crédit, par exemple, est passé de 21 624 en 2021 à plus de 40 000 l'an dernier. Pour ce qui est des établissements de jeux de hasard, le chiffre lui aussi augmente fortement et atteint les 322 déclarations en 2023.

Réinjecter l'argent blanchi 

Les mesures mises en place contre le blanchiment payent mais éradiquer ce phénomène est difficile. "Les narcotrafiquants par exemple et toute une série de criminels ont souvent une longueur d'avance et utilisent aujourd'hui des professionnels du blanchiment. Ce sont des personnes qui vont aider notamment les narcotrafiquants à blanchir leur argent en créant de fausses sociétés, en émettant de fausses factures et toute une série de choses pour permettre de réinjecter l'argent dans le circuit", poursuit Sabrina Scarna.

Selon le Fonds monétaire international, les fonds blanchis ou destinés au financement du terrorisme représenteraient entre 400 et 1000 milliards d'euros.

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