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Le 16 octobre dernier, Bruxelles a été frappé par un nouvel attentat terroriste. Abdesalem Lassoued, un homme d'origine tunisienne se réclamant de l'État islamique, a tué deux Suédois à l'arme à feu avant de prendre la fuite et d'être finalement abattu par la police.
Le double homicide a pour rappel eu lieu non loin du centre-ville de Bruxelles un lundi soir après 19h, avant un match de football opposant la Belgique et la Suède au stade Roi Baudouin. L'assaillant a abattu avec une arme deux supporters suédois et blessé un troisième avant de s'enfuir en scooter.
La chasse à l'homme a duré une douzaine d'heures, jusqu'à ce que le Tunisien soit repéré mardi à 7h37 par un témoin dans un café de la commune de Schaerbeek, où il résidait. Lors de l'intervention de la police "des coups de feu ont été tirés et le suspect a été abattu", avait précisé le parquet fédéral. Il a été transféré dans un hôpital où son décès a été constaté à 9h38.
Je l'ai vu me suivre avec son scooter
Aujourd’hui, un chauffeur de taxi, qui a vu Abdesalem Lassoued tirer sur son véhicule, s'exprime pour la première fois au micro de RTL info.
Le lundi 16 octobre, à 19h10, on a pu voir sur les images que l'homme avait déballé son arme. Il était alors au niveau du boulevard Neuvième de Ligne. Quelques minutes plus tard, au même endroit, à 19h14, le suspect avait pointé son arme vers un taxi. Il avait tiré une première fois et le véhicule avait redémarré. L'assaillant était resté sur place et deux coups de feu ont été entendus. Ensuite, il était remonté sur son scooter.
"J'ai pris trois Suédois dans mon véhicule et après 8 minutes de trajet, j'ai entendu des clashs sur le côté droit de ma voiture. Je suis sorti pour voir ce qui s'était passé. Je pensais que j'avais fait un manoeuvre qui n'avait pas plu à quelqu'un qui avait essayé de taper mon véhicule avec des pierres. J'ai ensuite vu un homme avec un gilet fluo. J'ai vu des armes, et j'ai vu ses yeux (ceux d'Abdesalem Lassoued). Je me suis dit que c'était grave. J'ai fermé la voiture vite fait et j'ai roulé", raconte le chauffeur de taxi qui véhiculait les supporters suédois abattus par Abdesalem Lassoued.
Karim (prénom d'emprunt) poursuit: "Je l'ai entendu dire Allah Akbar. C'était inimaginable. Je l'ai vu me suivre avec son scooter et il a ensuite tiré sur l'autre côté de la voiture. J'ai vu que quelqu'un était blessé, mais je ne savais pas s'il y avait des morts. J'étais choqué. J'ai appelé la police en disant que c'était un attentat et qu'il fallait réagir".
Une fois rentré chez moi, je n'arrivais pas à parler
"Je n'ai pas réalisé ce qui se passait", témoigne-t-il. "Quand il me suivait en scooter, il a tiré à l'aveugle. Quand je me suis caché derrière une voiture, il tirait partout. Quand j'ai appelé la police, je n'arrivais pas à parler. C'était très difficile de trouver les mots. Ensuite, j'ai pris la fuite. Ce n'était possible de rester sur place car il tirait à l'aveugle... J'ai retrouvé un trou dans mon siège de voiture."
Karim est revenu sur ses émotions: "On ne réalise pas. C'est quelque chose que je n'avais jamais imaginé. J'étais choqué. Plein de choses sont arrivées dans ma tête. J'ai pensé à ma famille, au fait que j'allais mourir... Pourquoi tire-t-il? On n'a pas le temps de réfléchir. J'avais besoin d'aide et il tirait en même temps. (...) Plus tard, quand je suis rentré chez moi, je n'arrivais pas à parler. J'étais choqué. Je ne suis pas parvenu à dormir. Les images étaient dans ma tête. J'avais encore peur d'être suivi ou que quelqu'un tire dans les portes de ma maison. Si ça peut arriver dans un taxi, cela peut arriver n'importe où."
Le chauffeur de taxi explique devoir à présent prendre des médicaments "pour essayer de dormir un peu". "J'ai été voir le médecin, un psychologue, qui ont essayé de m'aider un petit peu. Quand je suis seul, les images reviennent. Ce que j'ai vécu pendant 10 à 12 minutes, cela revient tout le temps. Les tirs, le visage, ses yeux... A un certain moment, on entendait des cris, tout le monde courait partout. Ces choses-là se déroulent normalement dans des films. Aujourd'hui, j'essaye de me relever, mais c'est dur. Je réalise que j'ai eu beaucoup de chance qu'il m'a raté avec ses tirs. Je pensais ce lundi-là que c'était mon dernier jour."
Très ému, Karim a évoqué sa famille: "Heureusement que je suis encore vivant. Il faut profiter de la vie, de la famille. Chaque jour, peut être le dernier jour. J'ai une deuxième chance", conclut-il.
Pour le soutenir financièrement, l'Union des chauffeurs de limousines en Belgique a par ailleurs créé une cagnotte en ligne. Karim ne peut en effet plus utiliser son véhicule, sur lequel l’assaillant a tiré à plusieurs reprises.


















