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Trois ans après le drame de Strépy, la Chambre des mises en accusation de Mons examine ce lundi la possibilité de renvoyer Paolo Falzone devant une cour d’assises pour meurtre. Une audience décisive pour les parties civiles et les proches des victimes. L'arrêt sera prononcé le 7 avril.
La chambre des mises en accusation de Mons rendra son arrêt le lundi 7 avril prochain concernant le renvoi ou non de Paolo Falzone et de son cousin devant la cour d'assises du Hainaut. Le premier est inculpé de sept meurtres et de plusieurs tentatives de meurtre, alors que le second est poursuivi pour non-assistance à personne en danger.
Le 20 mars 2022, au matin, la voiture pilotée par Paolo Falzone avait violemment percuté un cortège folklorique qui procédait au ramassage des Gilles dans le cadre du Carnaval de Strépy-Bracquegnies. L'auto roulait à vive allure dans une zone limitée à 50 km/h. Paolo Falzone et son cousin, passager du véhicule, se filmaient au moment du drame, est-il ressorti de l'enquête.
Lundi matin, les avocats des parties civiles et le ministère public ont demandé le renvoi des deux hommes devant les assises, comme l'avait fait la chambre du conseil de Tournai il y a quelques semaines. Me Discepoli, avocat de Paolo Falzone, a, lui, plaidé un renvoi devant le tribunal de police, contestant les sept meurtres et les 78 tentatives d'homicide retenus contre son client.
Me Fabrice Guttadauria a, pour sa part, plaidé un non-lieu pour le cousin de Paolo Falzone, passager de l'auto au moment des faits et inculpé de non-assistance à personne en danger. L'avocat estime que l'élément moral fait défaut à la commission de l'infraction en raison de l'état de sidération de son client. Une suspension du prononcé de la condamnation a été plaidée à titre subsidiaire ou une disjonction et un renvoi en correctionnelle pour ce délit.
Le bilan fut de six morts et une trentaine de blessés. Une septième victime est décédée ultérieurement.
"Une journée décisive" pour les familles des victimes
Pour les parties civiles, la qualification des faits ne fait effectivement aucun doute. Me David Gelay, avocat des victimes, insiste sur l’importance de cet examen judiciaire : "C’est une journée décisive. Nous plaidons avec conviction que ce dossier doit être renvoyé devant les assises et qu’il s’agit bien de meurtre".
L'avocat des victimes ajoute que "tous les éléments du dossier convergent : expertises, témoignages, constatations policières. Selon nous, il s'agit incontestablement de meurtre et pas simplement d'un accident de la circulation."
Les proches des victimes espèrent que cette étape leur permettra d’avancer dans leur processus de deuil. "D’échéance en échéance, c’est compliqué de tourner la page. Chaque audience ravive le drame. Ils attendent le procès pour pouvoir s’exprimer et faire entendre leur douleur", confie Me Gelay.
Peu de suspense sur la décision attendue
Me Mayence, avocat d’une des victimes, partage ce sentiment : "J’espère qu’il n’y a pas de suspense. Mon client, M. d’Andrea, a été percuté, s’est retrouvé sur le capot, l’auteur a freiné, attendu qu’il tombe, puis lui a roulé dessus. Si on nous dit qu’il n’y a pas matière à discuter d’un meurtre devant une cour d’assises, alors je ne comprendrai plus grand-chose."
Il estime que cette audience marque "la dernière ligne droite judiciaire". Si la Chambre ordonne le renvoi de Paolo Falzone, il ne restera plus qu’à fixer la date du procès.
La tenue d’un procès aux assises semble inévitable, mais son organisation pourrait prendre du temps. Avec un nombre exceptionnel de parties civiles et de victimes, l’infrastructure nécessaire sera conséquente. "L’objectif est un procès d’assises le plus rapide possible, mais dans de bonnes conditions", souligne Me Mayence.
L'autre question de cette audience concerne le passager qui se trouvait dans le véhicule de Paolo Falzone. Il pourrait lui aussi se retrouver sur le banc des accusés en cour d'assises.