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Il y a 13 ans, Ihsane était assassiné par des homophobes : « À partir de là, j’ai tout remis en question », témoigne son père, profondément croyant

Par RTL info avec Dominique Demoulin, Thomas Kinet et Véronique Forest
En avril 2012, Ihsane Jarfi, 32 ans, disparait à la sortie d’une boite de nuit. Dix jours plus tard, un promeneur découvre son corps sans vie : le jeune homme a le visage tuméfié, 17 côtes cassées et le corps lacéré par des barbelés. Il a été sauvagement tué car il a croisé la roue de personnes homophobes.

C’est une audience pas comme les autres : en ce jour de l’hiver 2014, la cour d’assises de Liège se rend au milieu de nulle part.

Au bout d’un chemin de terre, loin de la route et des habitations, c’est là que le corps d’Ihsane Jarfi, un jeune homme de 32 ans, a été découvert, 8 jours après avoir disparu.

« C’était un jeudi, on a sonné, ma femme est allée ouvrir et elle me dit que c’est fini, qu’on a retrouvé son corps. C’est un moment surnaturel, on vivait quelque chose dont on n’a pas conscience, quelque chose qui ne devait pas arriver », se remémore son papa.

Revenons au moment de la disparition : nous sommes le 22 avril 2012, au petit matin, Ihsane Jarfi sort d’un bar gay du centre de Liège lorsqu’il croise ses tortionnaires. Ils sont quatre, bien alcoolisés et ils embarquent Ihsane dans leur petite voiture, lui donne un premier coup puis un deuxième, puis la meute se déchaîne. « On n’a toujours pas compris jusqu’à aujourd’hui. À côté de notre vie, il y a une vie parallèle, quand on est seul, quand des souvenirs reviennent. On s’y replonge sans savoir nager, c’est comme une noyade ».

Une noyade qui se solde par une première mort : celle des certitudes de ce père musulman, profondément croyant, tourmenté par les penchants homosexuels de son fils. « J’ai toujours eu peur qu’il soit homosexuel. Je suis allé trouver un psychologue et il m’a dit que c’était moi qui avais besoin d’un psychologue et pas Ihsane. Je suis allé trouver des médiums, qui m’ont donné des grigris, des talismans… Je croyais en tout », dit-il.

Ihsane aimait les garçons et certains détestaient cela. Le jeune homme a été torturé puis laissé nu et agonisant dans la nuit froide. « On avait trop bu », diront ses bourreaux. « Je n’aime pas les PD », déclare l’un d’entre eux au procès.

Trois accusés sont condamnés à la prison à perpétuité, le quatrième à 30 ans de réclusion. « Justice a été rendue, Ihsane est parti, mais le combat continue contre l’homophobie », disait son papa après le jugement.

Pour la première fois, la justice a retenu le caractère homophobe des crimes commis. « Là, j’ai tout remis en question et l’être humain évolue. Il est le fruit de sa culture, mais il a un esprit critique, et on ne peut pas décider pour quelqu’un », dit son papa. La diversité, la tolérance, le respect, ce sont ces messages qu’Hassan Jarfi diffuse désormais au travers de sa fondation. « Cette fondation, c’est une forme de thérapie, mais aussi une énergie ».

Des terrains de foot aux refuges pour jeunes homosexuels en manque d’hébergement, Hassan Jarfi a transformé sa peine en action. Aujourd’hui, le nom d’Ishane Jarfi résonne comme un combat contre l’intolérance. Son visage est devenu le symbole de l’inclusivité.

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