Près de 80 meurtres non-élucidés à cause du manque de médecins légistes tous les ans: qu'en est-il chez nos voisins?

En Belgique, la médecine légale est confrontée à une crise profonde, caractérisée par un taux d'autopsies parmi les plus bas d'Europe. Selon les données officielles, seulement 1 à 2 % des décès font l'objet d'une autopsie, bien en deçà de la recommandation européenne fixée à 10 %.

Un déficit qui a des conséquences. Selon une étude de l'ULB, il y aurait 70 et 80 meurtres qui passeraient inaperçus chaque année, faute d'examens post-mortem adéquats.

Le Dr Philippe Boxho, médecin légiste, souligne que ce manque d'autopsies est en partie dû à la pénurie de professionnels dans le domaine. En 2000, la Belgique comptait 42 médecins légistes ; aujourd'hui, ils ne sont plus qu'entre 22 et 24 . Les conditions de travail difficiles, notamment les gardes fréquentes - qui impactent lourdement la vie sociale -  et les salaires peu attractifs, dissuaderaient les jeunes médecins de s'engager dans cette spécialité. Selon Philippe Boxho, un légiste est moins bien payé que le généraliste qui travaille le moins en Belgique. 

Face à cette réalité, des initiatives ont été lancées pour renforcer la médecine légale. En 2023, l'ancien ministre de la Justice de l'époque, Vincent Van Quickenborne, a annoncé un investissement de 2,25 millions d'euros pour la création de nouveaux instituts médico-légaux (IML) à Bruxelles et à Louvain. Ces structures visent à améliorer la formation des médecins légistes et à augmenter le nombre d'autopsies réalisées. Depuis le départ de Vincent Van Quickenborne, le projet n'a plus été abordé. 

Et ailleurs? 

En comparaison internationale, la Belgique est à la traîne. La France présente un taux d'autopsies similaire, autour de 1,4 %, tandis que le Royaume-Uni atteint 6 % et les États-Unis 8 %. En Finlande, entre 24 et 30 %  des cadavres sont autopsiés.

Des chiffres qui mettent en évidence l'urgence pour la Belgique de renforcer sa médecine légale afin de garantir une justice plus efficace et de prévenir les crimes non détectés.

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