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300.000€ de loyer pour... 6 employés: la régie des bâtiments jette-t-elle "l'argent par les fenêtres"?

Combien de bâtiments possède l’État belge ? Il serait, selon la nouvelle ministre compétente Vanessa Matz, bien difficile de le dire. La Régie des Bâtiments est chargée de la gestion immobilière de l’État, pourtant, ses chiffres sont très opaques. Alors, combien? Et dans quel état se trouvent-ils? 

Au cœur du quartier européen dans la capitale, un bâtiment semble abandonné. À l’intérieur, nous sommes accueillis par Olivier. Il nous confirme que cet immeuble de 11.500 m2 appartient à l’État belge.

La Régie des Bâtiments est l’organe qui gère le parc immobilier de la Belgique. Ce bâtiment est resté inoccupé pendant quinze ans avant qu’un gestionnaire ne signe une convention afin que des associations puissent s’y installer. Le deal est très étonnant.

Chaque plateau vide représente 45.000 euros de taxes

Pourquoi la Régie accepte de prêter gratuitement ce bâtiment en plein cœur de Bruxelles ? La réponse tient en un mot : taxe. "Chaque plateau vide représente 45.000 euros de taxes. Là, la Régie des Bâtiments paie encore de l'ordre 315.000 euros par an pour tout le bâtiment, juste pour les taxes", explique Olivier Robberechts, gestionnaire du projet Stam Europa. 

Personne ne connaît la valeur de ce bâtiment ni le montant d’une rénovation ou d’une réaffectation. Vanessa Matz, la Ministre de la gestion immobilière de l’État, affirme qu'actuellement, "on n'a pas de cadastre de l'ensemble des bâtiments qui appartiennent à l'État, via la régie". 

Contactée à plusieurs reprises, la régie des bâtiments refuse toute interview. Elle répond uniquement par écrit : "La Régie des Bâtiments tient à jour une banque de données des biens qui relèvent de sa gestion. Il s’agit des biens immobiliers propriété de l’État et de ceux qui sont loués". 

7.200.000 mètres carrés à entretenir

Mathieu Michel était secrétaire d’État responsable de cette matière dans le précédent gouvernement. Ce dernier nous montre des documents qui sont, selon lui, le cadastre. "On a des informations qui sont basiques pour lesquelles on doit avoir des informations complémentaires qui existent dans d'autres types de documents. Ce qui a pu peut-être induire en erreur, c'est qu'en fait, les cadastres existent, mais ils sont parfois pas compilés", explique-t-il. 

On doit réinvestir dans des bâtiments parfois abandonnés 

Un logiciel est en cours d’élaboration pour compiler toutes les informations. Même s’il n’est pas tout à fait complet, il y aurait donc bel et bien un cadastre. Et selon Mathieu Michel, celui-ci montre une situation préoccupante : "Il laisse apparaître qu'on doit vraiment réinvestir dans des bâtiments qui ont parfois été un peu abandonnés. Parce qu'on a trop peu investi sur le patrimoine, on part très souvent au plus pressé". 

Prenons l'exemple de Val Duchesse, un château imposant que Bart De Wever voulait utiliser pour finaliser l’accord de gouvernement fédéral, mais il n’a pas pu le faire parce qu’il n’y avait pas de chauffage. Ce bâtiment fait partie des 874 complexes que gère la Régie des Bâtiments. 7.200.000 mètres carrés qu’il faut entretenir.

De l'argent "jeté par les fenêtres" ?

Mais a-t-on vraiment besoin de tous ces bâtiments ? Selon nos informations, près de 100.000 m² sont inoccupés, dont 50.000 m² sont des immeubles loués. C’est le cas à Braine-l’Alleud où ce bâtiment était occupé par le SPF Finances jusqu’en 2022. Aujourd'hui, deux étages sont vides. Il n’y a plus que la justice de paix et ses six collaborateurs... pour un bâtiment de 4.800 m2, loué 331 000 euros par an. Le bail court jusqu’en 2030.

"C’est incroyable combien d’argent est jeté directement par les fenêtres. Ça, je peux le dire pour les bâtiments qui sont vides ou qui seront vides dans les trois ou quatre prochaines années parce qu’un service X aura déménagé. Ce n’est pas une stratégie. Tu ne ferais pas ça avec ta propre maison", mets en garde Franky Demon, député fédéral.

On se retrouve un peu piégé

"Lorsque les finances demandent de prendre en location un bâtiment et qu'on prend un bail de quinze ans, mais que cinq ans après, les finances nous disent qu'on va rationaliser et qu'on va ramener les personnes qui sont dans ces bâtiments ailleurs. Et bien, on se retrouve avec un bail qui a été conclu pour une durée qui dépasse l'utilisation effective du bâtiment et donc, on se retrouve un peu piégé", souligne Mathieu Michel. 

Personne ne sait quel montant est perdu chaque année. Selon Mathieu Michel, il faudrait investir cinq milliards d’euros pour tout rénover. Mais l’accord de gouvernement prévoit une diminution du budget de la Régie des Bâtiments : 900 millions annuels qui seraient réduits de 250 millions d’ici 2029.

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