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Le président du MR Georges-Louis Bouchez a été entarté samedi à Liège lors d'une séance de dédicaces dans une librairie. Ce dimanche, nous avons plus d'informations sur l'individu à l'origine de l'acte. L'homme s'appelle Etienne Lorent. Quarantenaire, il est conseiller CPAS de la commune de Stoumont, près de Spa. L'entarteur fait partie du groupe politique local "VivrEnsemble". Il s'agit du groupe qui dirige la commune, composé de socialistes, d'écolos, d'engagés (anciens CDH) et de citoyens. Il indique toutefois ne pas être lié à un parti politique en particulier. Précisons enfin qu'il gère une petite entreprise active dans les petites constructions en bois et la conservation de la nature.
Nous avons contacté Etienne Lorent pour lui permettre d'expliquer son geste, mais il refuse de nous parler. "Je n'aime pas RTL", dit-il, avant de préciser qu'il diffusera un communiqué de presse. C'est bien ce qu'il a fait. Voici ci-dessous sa réaction écrite.
Communiqué de presse d'Etienne Lorent:
Quoi qu’en dise M. Bouchez, loin d’être "incohérente", cette démarche est éminemment politique et symbolique. Et elle se veut non violente, comme chacun a pu le constater. Elle s’inscrit dans la lignée des entartages visant certaines figures de la vie politique, sociale et culturelle.
Il s’agissait de représenter une frange de la population qui souhaite une politique qui ne soit pas seulement faite de "coups" médiatiques, mais qui travaille sur le fond et dans la durée.
Je ne fais partie d’aucune formation politique et ne porte de revendication pour aucune cause en particulier. Mes convictions politiques m’appartiennent et je trouve des représentants de celle-ci dans plusieurs partis. J’ai différents engagements citoyens et bénévoles pour des causes chères à mes yeux.
Sociologiquement, je fais plutôt partie du public du MR : je suis un indépendant gérant ma TPE (ndlr: très petite entreprise), je travaille sans compter, je vis dans un confort financier et socioculturel qu’on peut qualifier de privilégié. Cependant ma vision politique n’est pas guidée par le maintien de mes privilèges, mais par la construction démocratique plus équitable où je trouverai ma place comme un maximum de mes concitoyens.
Mon geste est dirigé vers une forme de politique où la communication, l’image et la recherche du buzz perpétuel inhibent le travail de fond au service de notre société.
De nombreux mandataires à tous les niveaux font un travail discret et remarquable consacrant peut-être 10% de leur temps à des la communication et 90% au travail au service de l’intérêt général. À mon sens Mr Bouchez est à l’opposé de ça. Il personnifie parfaitement ce qui, à mes yeux, est de la non-représentation politique.
Il dissimule la diversité d’idée derrière une posture omnipotente communiquant en tous sens, sans reculer devant les contradictions, confisquant bien souvent la parole de mandataires de l’ombre travaillant dans leurs compétences.
Il n’a pourtant qu’un mandat de sénateur coopté et de conseiller communal dans sa commune.
Son entartage est une réponse à l’obscénité de sa surreprésentation médiatique dont on peut difficilement me reprocher d’utiliser les mêmes ressorts.
En désignant de manière simpliste des minorités comme bouc émissaire (chômeur, migrants, drogués …), Mr Bouchez détourne la population d’autres enjeux bien plus importants.
Cette façon de faire, copiée malheureusement sur plusieurs exemples étrangers (Orban, Trump, Berlusconi, …) est, on le constate ailleurs, délétère pour la démocratie, en opposant et instrumentant sans cesse des groupes sociaux.
Nos nombreuses divergences sur ces idées ne font pas partie des motivations de ma démarche. Nous avons d’ailleurs eu avec Mr Bouchez un échange vif et intéressant après mon interpellation, je l’en remercie.
Ce geste médiatique est avant tout pour moi une manière de ramener aux yeux de tous le personnage à sa dimension ridicule.
Nouvelle réaction de Georges-Louis Bouchez
Suite au communiqué d'Etienne Lorent, le président du MR a réagi par écrit: "Contrairement à ce qu'il indique, il est un mandataire communal puisqu'il est conseiller de CPAS et sur une liste PS Écolo emmenée par un bourgmestre PS. Si ce monsieur avait été de droite, nous aurions eu droit au procès en fascisme mais ici, cela ne semble pas poser problème aux partis de gauche", a indiqué Georges-Louis Bouchez, déplorant le manque de réaction des "partis concernés". Soulignons toutefois que rien n'indique qu'Etienne Lorent est lié à Ecolo ou au Parti socialiste. La liste locale sur laquelle il a figuré a réuni des candidats d'horizons divers.
"Je serai toujours ouvert au ébat, mais on ne peut tolérer la moindre atteinte physique", a conclu le libéral.


















