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L’affaire des « loyers oubliés », qui agite depuis plusieurs semaines les couloirs du Parlement wallon, n’est pas tombée aux oubliettes. Écolo et le PS dénoncent : les documents transmis le 25 juin par la Cour des comptes confirment que la ministre de la Fonction publique, Jacqueline Galant, a « menti à plusieurs reprises » devant les députés. « Elle a mis en cause son administration pour masquer ses propres erreurs et éviter d’en assumer la responsabilité. »
Tout commence le 4 décembre 2024, lors de la présentation du budget initial 2025 en commission parlementaire. Jacqueline Galant inscrit 21,2 millions d’euros pour les loyers des bâtiments administratifs, soit le même montant qu’en 2024.
« Une erreur »
Quelques mois plus tard, lors de l’ajustement budgétaire présenté le 11 juin 2025, une augmentation de 8,9 millions d’euros est proposée. « Alors qu’il n’y a rien de plus prévisible que des loyers », commente le chef de groupe Ecolo, Stéphane Hazée.
Interrogée sur cette hausse de 42 % par plusieurs députés, la ministre justifie : « L’administration a reconnu cette erreur de 9 millions d’euros » et « avait manifestement omis de tenir compte de l’entrée en vigueur de certaines locations ». Elle affirme aussi n’avoir apporté aucune modification aux propositions initiales de l’administration.
Face à cette accusation, les députés de l’opposition ont exigé d’avoir accès aux documents budgétaires émanant de l’administration, afin de vérifier les dires de la ministre. Mais les députés n’ont jamais eu gain de cause. « Là, on s’est dit qu’il y avait anguille sous roche », glisse la cheffe de groupe du PS, Christie Morreale. En fin de compte, les groupes PS et Ecolo se sont alors tournés vers la Cour des comptes. « Et là, c’était gros comme une maison », lâche Christie Morreale.
Quatre nouvelles locations
Contrairement à ce qu’a affirmé la ministre, l’administration avait bien demandé, dès le budget initial 2025, un montant de 27,959 millions d’euros pour les loyers — soit 6,7 millions de plus que les 21,2 millions inscrits par la ministre. Les services avaient également justifié cette demande par l’arrivée de quatre nouvelles locations : Cap Sud, Crosspoint, Renouv’O et Tour Paradis Express.
L’opposition fulmine. « À aucun moment, elle ne reconnaît qu’elle a délibérément ignoré la demande de l’administration formulée pour le budget initial. Pire, elle charge publiquement les agents de l’État et ment devant le Parlement. Elle a tenté de faire porter à d’autres la responsabilité de ses actes, puis a tenté de dissimuler la réalité des faits. Et elle a été prise en flagrant délit grâce aux documents officiels auxquels la Cour des comptes nous a permis d’avoir accès. »
Pour le PS, cela s’inscrit « dans une tendance idéologique du MR ». « Ils s’attaquent à la fonction publique, prônant le fait que les fonctionnaires sont incompétents. Ça, ajouté au fait qu’elle a menti, c’est une double trahison », estime la cheffe de groupe socialiste. « Pourquoi avoir menti ? », s’interroge par ailleurs Stéphane Hazée. « On a une ministre qui crée un contenu alternatif. Et si on n’avait pas la Cour des comptes, on ne l’aurait jamais su. »
L’opposition monte donc au créneau et pointe une « faute politique grave dans une démocratie ». « Mentir au Parlement, c’est mentir aux citoyens », résume le chef de groupe Ecolo. « Notre rôle est de faire toute la clarté sur la vérité », ajoute Christie Morreale. « De le dire aux citoyens et au gouvernement qui visiblement n’était pas informé. »
PS et Ecolo attendent une réaction de la part du gouvernement. Jusqu’à une démission ? « C’est une réponse qui appartient au gouvernement », répond Stéphane Hazée. Une démission sur fond de mensonge, c’est déjà arrivé, entend-on déjà. On se souviendra notamment de celle de Sarah Schlitz, accusée d’avoir menti devant le Parlement fédéral, au sujet de l’utilisation de son logo personnel lors d’événements subsidiés.
«Une tempête dans un verre d’eau»
De son côté, la ministre Jacqueline Galant a réagi à cette polémique via un communiqué et parle d’une «tempête dans un verre d’eau». Le gouvernement avait décidé de maintenir le montant prévu en 2025 dans le budget initial, car il souhaitait entamer une révision de la stratégie immobilière de la Région wallonne, explique-t-elle. Lors de l’ajustement budgétaire, l’administration a revu sa demande pour les loyers de 2 millions d’euros supplémentaires.
«La ministre ne rejette la faute sur personne», souligne le communiqué. «Il y a bien eu une inexactitude dans les montants communiqués par l’administration. (...) Il n’y a évidemment aucun mensonge. Il n’y a aucun impact sur le fonctionnement des administrations ou de la Région».


















