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Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a rappelé en quoi consistait la décision sur laquelle le gouvernement est tombé d’accord dans la nuit de lundi à mardi. « En droit international, pour reconnaître un État, il faut prendre un arrêté royal. Cet arrêté royal a été conditionné sur deux aspects : le retrait d’une organisation terroriste et la libération des otages. (…) Par contre, à New York, nous allons faire un pas décisif et irréversible vers la reconnaissance de la Palestine parce que les Palestiniens ont droit à un État. Mais la réalité des choses, c’est qu’avant cet acte ultime de reconnaissance, il faudra respecter les deux conditions ».
Netanyahu qui traite De Wever de faible prouverait que l’accord belge va dans le bon sens
Yvan Verougstraete, le président des Engagés, voit dans la réaction de Benjamin Netanyahu la preuve que cette décision du gouvernement va dans le bon sens : « L‘important aujourd’hui, c’était que notre diplomatie belge puisse continuer à peser pour faire pression sur l’État d’Israël avec des sanctions pour que l’aide humanitaire recommence. Peser d’un point de vue politique, d’un point de vue diplomatique, pour qu’on aille vers une solution à deux États. Quand vous avez M. Netanyahou qui traite notre Premier ministre de faible, c’est que nous sommes certainement du bon côté de l’histoire. C’est que notre effet politique et diplomatique recherché est déjà en train de fonctionner. Nous serons du bon côté de l’histoire pour reconnaître l’État de Palestine et nous avançons dans la bonne direction. »
« Cette reconnaissance n’arrivera jamais au vu des conditions imposées par le MR »
Une affirmation contestée par les partis de gauche de l’opposition, pour qui cette reconnaissance n’arrivera jamais au vu des conditions imposées par le MR. « Tout le monde sait que ça mettra un temps fou de réaliser ces conditions », rappelle le président du PS Paul Magnette. « Pendant ce temps-là, M. Netanyahou gagne du temps. Il continue le génocide à Gaza, il continue d’occuper la Cisjordanie. Et donc malheureusement, cette solution à la belge qui n’en est pas une (…) ne règle absolument rien et qui fait que la Belgique n’est pas du bon côté de l’Histoire et c’est vraiment dommage. »
Le président du PTB, Raoul Hedebouw, est allé dans le même sens : « Tout le monde sait très bien, et d’ailleurs ça a été encore dit par le député N-VA M. Freilich cet après-midi, qu’il n’y aura pas une reconnaissance en fait. C’est du fake. On fait des petits jeux politiciens. Le but du gouvernement, c’était de sauver sa propre peau, pas celle du peuple palestinien. »
« Pas à la hauteur du drame »
Il est rejoint par Samuel Cogolati, le co-président d’Écolo qui parle en connaissance de cause : « J’ai un doctorat en droit international, j’ai vécu en Palestine, j’ai vu l’apartheid, j’ai vu la colonisation de mes yeux. Aujourd’hui, ce que vous décidez, c’est une non-reconnaissance de l’État de Palestine alors qu’il ne reste plus ici qu’un charnier, 67 000 morts. Et deux conditions qui n’ont absolument rien à voir avec le droit international. C’est comme si vous disiez que la reconnaissance de l’État d’Afghanistan implique directement la reconnaissance des talibans. Heureusement, ce n’est pas le cas. Donc, ce que vous avez fait, c’est du grand n’importe quoi et ce n’est pas à la hauteur du drame qui se déroule sous nos yeux. »
Quelques bons points distribués
Malgré ces critiques, Paul Magnette a tenu à reconnaître que le volet sanctions de l’accord est un pas dans la bonne direction. « Je veux être honnête intellectuellement : il y a des avancées sur les sanctions. Ça, il faut reconnaître. On réclamait des sanctions depuis tout un temps, les socialistes flamands, les chrétiens-démocrates, ont plaidé dans ce sens et la droite du gouvernement a cédé. Donc, il y aura effectivement des sanctions contre le gouvernement israélien. » Une autre avancée a été reconnue par Raoul Hedebouw… qui y voit un aveu de mensonge… « Ça fait deux ans que nous disons qu’il n’y a pas d’embargo sur les armes vers Israël. Ça fait deux ans que les ministres nous disent qu’il y a un embargo, qu’il n’y a pas d’armes qui transitent. Et aujourd’hui, le ministre Prévot doit avouer que oui, des armes continuaient à aller vers Israël. Et bien aujourd’hui, je demande qu’effectivement, l’embargo soit total. »
La Belgique impuissante internationalement ?
Mais pour Georges-Louis Bouchez, cette thématique de la position internationale de la Belgique sur Israël n’est pas la plus importante. « Ce qui me rend dingue, c’est qu’à un moment, il faut être un peu lucide. La Belgique n’a aucune influence sur ce qui se passe là-bas et l’Europe très peu. Ça fait deux mois qu’on est en train de bloquer tous les gouvernements de ce pays pour agir sur quelque chose où la clé se trouve aux États-Unis. »
Un aveu d’impuissance rappelé alors que les 5 présidents de partis étaient interrogés sur la position belge dans l’invasion russe en Ukraine. « Le droit international et la diplomatie, sans armée derrière, ce sont des feuilles de papier. Et ça, c’est la situation de l’Europe aujourd’hui. Comme nous n’avons pas de puissance, ni énergétique, ni industrielle, ni militaire, on a le ministère de la parole, ça n’aide pas grand-chose. »
Le PTB seul à plaider pour laisser place à la diplomatie avec Poutine
Sur ce conflit, PS, Ecolo et Engagés étaient les plus proches. Pour Paul Magnette, « bien sûr qu’il faut continuer à aider les Ukrainiens à organiser leur résistance et à se défendre contre Poutine. Parce qu’il y a un agresseur, c’est Poutine. Et il y a un agressé, c’est le peuple ukrainien. On a bien vu cet été ce que donnent les discussions entre Trump et Poutine : ils sont en train de partager le territoire de l’Ukraine dans le dos des Ukrainiens. Donc ça, ça ne peut évidemment pas être la solution. Il faut, comme depuis le premier jour, continuer à le défendre et le faire en envoyant des armes qu’on fait payer par les Russes. Il y a des avoirs russes qui sont gelés en Europe qu’on peut saisir pour se battre contre les Russes. »
Raoul Hedebouw s’est montré moins tranché sur l’attitude de soutien militaire à adopter face à la Russie… « Le PTB est le seul parti qui, dès le départ, avait dit qu’investir de plus en plus d’armes n’allait pas amener la paix dans la région. Et on le voit aujourd’hui. On va dans l’escalade militaire de plus en plus. Trump a pris complètement la main pour mettre la main sur le sous-sol ukrainien pour les multinationales américaines et je pense qu’il faut laisser une place à la diplomatie. Je ne crois pas à la victoire militaire. »
Ce à quoi Yvan Verougstraete a répliqué que « le langage de la diplomatie n’est pas le langage que comprend M. Poutine. S’il n’y a pas les armes et la capacité de se défendre, il continuera à avancer. Aujourd’hui, on doit veiller au respect de l’état de droit. Si l’intégrité territoriale d’un pays n’est pas respectée, nous ne pouvons l’accepter. Et je pense que c’est notre rôle de démocrate. Et à ce propos-là, peut-être à part vous, je pense que nous sommes plus ou moins d’accord », a-t-il lancé comme attaque vers le PTB.
Samuel Cogolati, de son côté, a rappelé que son parti était « partout, que ce soit en Ukraine face à l’envahisseur russe, que ce soit en République démocratique du Congo face au Rwanda, que ce soit aux côtés des Ouïghours, nous sommes toujours dans le camp de l’humanité, du droit international. Il faut aider les peuples aujourd’hui opprimés. »

















