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Le gouvernement fédéral a conclu à l’aube un accord budgétaire, mettant fin ainsi à des semaines d’incertitude politique. Au total, réparti sur les recettes et les dépenses, un effort de 9,2 milliards d’euros sera fourni d’ici 2029. Le gouvernement a annoncé les grandes lignes du budget en conférence de presse ce lundi matin.
Le ministre fédéral David Clarinval (Emploi, Économie et Agriculture) a détaillé les prochaines initiatives visant à renforcer la compétitivité du pays tout en soutenant le pouvoir d’achat des citoyens. Ces mesures, touchant l’énergie, l’emploi et la fiscalité, visent à dégager une stratégie de croissance pour les années à venir.
L’un des objectifs prioritaires est d’alléger les coûts énergétiques. Le gouvernement s’apprête à implanter la norme énergétique. Selon le ministre, cette mesure aura pour effet de « diminuer le coût de l’électricité pour les entreprises et pour les citoyens », ce qui réduira les dépenses pour les années à venir.
De nouvelles réformes touchant le marché du travail ont été définitivement validées en deuxième lecture, notamment celles concernant les flexi-jobs et le travail de nuit. Le gouvernement a également décidé de remettre en place les dispositifs pour les travailleurs saisonniers.
Ces efforts s’inscrivent dans un plan PME, qui doit s’échelonner dans les années à venir, ainsi que dans le maintien du Werkbonus (bonus à l’emploi).
Fiscalité et croissance : limiter les nouvelles taxes
Le gouvernement se réjouit de la validation des mesures budgétaires qui permettront de ne pas toucher aux taux de TVA, qui restent à 6 %, 12 % et 21 %.
Selon David Clarinval, l’objectif du gouvernement a été de « limiter le volume de taxe au minimum », grâce à une stratégie de croissance qui devrait « doper la croissance et d’éviter un certain nombre de taxes ».
Parmi les autres mesures :
- Le gouvernement va poursuivre les efforts d’investissements dans le secteur spatial avec l’Agence spatiale européenne.
- L’instauration d’un cadastre des allocations sociales est prévue.
- L’augmentation du salaire minimum reste également sur la table.
Indexation et pensions
Le ministre fédéral Maxime Prévot a détaillé certaines mesures clés issues des négociations budgétaires, insistant sur une ligne de conduite « justice et justesse ». L’objectif était de dégager de nouvelles ressources sans « étouffer les travailleurs », tout en préparant des réformes à long terme.
Afin d’être « juste », le gouvernement a pris des mesures concrètes pour préserver le pouvoir d’achat, notamment en anticipant les effets bénéfiques du Job Bonus et du salaire minimum.
Indexation des salaires : le ministre Prévot a clarifié la réforme de l’indexation : « Il n’y a pas de saut d’index sauf pour les élus parlementaires et les ministres qui ne verront pas leur salaire être indexé ». Une règle particulière sera appliquée pour 2026 et 2028 : l’index sera gelé sur la partie qui excède 4.000€ bruts. Il a poursuivi : « Tous les autres travailleurs conserveront leur index jusqu’à 4.000 euros. Si vous gagnez 5000 euros, vous aurez 4.000 euros qui seront indexés mais pas les 1.000 derniers ». Cette mesure est présentée comme intéressante pour la compétitivité, car elle aura un impact sur les coûts salariaux des entreprises et des entités publiques, un sujet de préoccupation majeur.
Un correctif majeur est apporté à la réforme des pensions concernant l’assimilation des périodes de maladie. « C’est un correctif majeur que nous apportons à la réforme, pour ne pas avoir de double peine, celle d’avoir été malade durant sa carrière et d’être pénalisé au moment du calcul de la pension », a précisé le ministre.
Débuts de carrière et flexibilité : la première année de travail sera désormais considérée comme une année entière dans le calcul des pensions, même si l’obtention du diplôme a lieu en juin. Il sera également possible de ventiler un « pot de 5 jours » en fonction des accrocs rencontrés, pour éviter une pénalité disproportionnée pour un jour ou deux d’écart.
Réformes fiscales, énergie et environnement
Les taux de TVA actuels (6 %, 12 % et 21 %) ont été maintenus. Toutefois, le gouvernement a procédé à un alignement sur le taux de 12 % de TVA pour quatre catégories de services et produits :
- Les nuitées d’hôtel et de camping (passant de 6 % à 12 %).
- Les abonnements sportifs et l’entertainment (passant de 6 % à 12 %).
- Les services de takeaway, la vente à emporter (passant de 6 % à 12 %).
- Les boissons non alcoolisées (passant de 21 % à 12 %).
Dans une démarche environnementale, la TVA sur les pesticides augmentera.
Des hausses d’accises sur le gaz sont également prévues afin de simuler une augmentation de la TVA à 12 % en 2029, en prévision de l’obligation de l’Union Européenne d’atteindre 21 % de TVA sur le gaz d’ici 2030. Cependant, en contrepartie, « on a veillé à diminuer les accises résidentielles sur l’électricité », avance Maxime Prévot.
Une taxe de deux euros sur les colis venant de l’extérieur de l’UE sera introduite. La Fédération des entreprises du textile, du bois et de l’ameublement, Fedustria, s’est félicitée de l’instauration de cette taxe. « Des études menées par notre centre d’expertise Centexbel ont déjà démontré que ces colis respectent à peine les normes européennes de produits et étaient même, dans certains cas, dangereux. Ceci est totalement contraire aux principes de la concurrence loyale », a souligné la directrice générale de Fedustria, Karla Basselier.
La taxe sur les comptes-titres sera doublée, passant de 0,15% à 0,3%.
Enfin, pour décourager les modes de transport les moins durables, la contribution sur les billets d’avion sera augmentée, accentuée sur les trajets de courte distance qui pourraient être remplacés par le train.
Santé, Justice et services publics
Le ministre Prévot a tenu à souligner que les dépenses ne seront pas uniquement comprimées. Selon lui, il est « illusoire de faire un exercice de 10 milliards uniquement en comprimant les dépenses ». Il a insisté sur l’importance de ne pas « étouffer les services publics ».
Les moyens du secteur des soins de santé ont été largement préservés, avec le maintien d’une norme de croissance. Un effort net de 300 millions d’euros cumulés sur le reste de la législature a été demandé. « Par rapport aux 200 milliards, une contribution de l’ordre de 0,15 %, c’est modeste, ce qui montre que la Santé a été préservée », a affirmé Maxime Prévot.
David Clarinval a également annoncé que le gouvernement avait décidé que 100.000 des 500.000 malades de longue durée seraient remis à l’emploi d’ici 2029. La mesure doit permettre une économie de 2 milliards d’euros.
Des investissements importants sont prévus, notamment 600 millions d’euros alloués aux bâtiments de la Justice. Un parquet national financier sera également mis en place avec 370 agents engagés, afin de traquer les fraudeurs.
Garantir la pérennité de notre État-providence
Bart De Wever a réagi peu après la conférence de presse sur X. Il estime que cet accord et l’ensemble des réformes permettront à la dette de diminuer de 32 milliards au cours de cette législature. « Travailler aujourd’hui, récolter demain les fruits. C’est seulement ainsi que nous pourrons garantir la pérennité de notre État-providence », avance-t-il.
Travailler aujourd"hui, récolter demain les fruits.
— Bart De Wever (@Bart_DeWever) November 24, 2025
C"est seulement ainsi que nous pourrons garantir la pérennité de notre État-providence. Grâce à cet accord et à l"ensemble des réformes, l"accumulation de la dette diminue déjà de 32 milliards d"euros au cours de cette…
« Merci à tous les partenaires de la coalition pour le travail assidu, courageux et indispensable de ces derniers temps », a-t-il conclu.
Près de 20 heures de réunion
Les vice-Premiers ministres étaient arrivés la veille au cabinet du Premier ministre Bart De Wever aux alentours de 10h00. Ils espéraient sortir les négociations budgétaires de l’impasse et parvenir à un accord pour trouver dix milliards d’euros d’ici à 2030, avant la date limite fixée pour Noël. C’est chose faite.
Dimanche soir, on avait appris de bonnes sources que le Premier ministre avait soumis à ses collègues une nouvelle proposition sur la TVA qui a permis une avancée dans les discussions. Une conférence de presse se tient à 6h30.
« Le MR a été entendu, il n’y aura pas d’augmentation des taux de TVA », s’est réjoui Georges-Louis Bouchez sur X. « Le Gouvernement s’engage aussi à remettre au travail 100.000 personnes aujourd’hui en maladie, soit de façon abusive, soit avec des incapacités partielles », a-t-il ajouté.

















