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Un militant d'extrême droite devient membre du MR: "On aurait dû nous consulter en interne"

L'annonce, en début de week-end, de l'arrivée au MR, de Noa Pozzi, ex-tête de liste de la formation d'extrême droite "Chez nous" en vue des dernières élections fédérales, n'est pas passée comme une lettre à la poste au sein de l'échiquier politique francophone, en ce compris la fédération liégeoise du MR.

L'affiliation du leader liégeois de "Chez nous" a été avalisée par le président du MR, selon Sudpresse. Il était d'ailleurs présent aux voeux du MR liégeois au milieu de la semaine écoulée. A gauche, la désapprobation est unanime.    

Les rumeurs sur ce rapprochement couraient déjà depuis quelques mois. En août, Georges-Louis Bouchez démentait cette information. Même s'il avait formulé sa demande d'adhésion via un formulaire en ligne, Noa Pozzi n'avait pas été accepté comme membre du MR.

Le président du Mouvement Réformateur expliquait alors à nos confrères de Sudinfo expliquait que sa cotisation de 20€ lui a été "immédiatement" remboursée. "Il a voulu s'affilier et nous l'avons refusé", assurait Georges-Louis Bouchez. "Il n’est pas et n’a jamais été membre du MR."

Ce dimanche soir, Georges-Louis se défend: Noa Pozzi a promis publiquement, conformément aux statuts du MR, de renoncer à ses engagements passés et d'adhérer aux valeurs du Mouvement, a déclaré dimanche soir le président du MR, Georges-Louis Bouchez au sujet de l'annonce de l'arrivée de celui qui était tête de liste de la formation d'extrême droite "Chez nous" en vue des élections de juin dernier.
Rappelant qu'il n'avait jamais hésité à "sanctionner au moindre dérapage", le président des libéraux francophones a souligné que dans le même temps, il ne pratiquerait jamais "l'exclusion d'une partie de la population pour une erreur de choix politique, même grave". "Notre but doit être de ramener les gens dans le giron démocratique et non l'inverse. Cette opération a déjà été faite avec des militants PTB par exemple", a-t-il précisé.

Les partis réagissent 

Dès samedi, le président du PS, Paul Magnette, a vivement décrié, sur "X", cette arrivée "tranquille" dans les rangs libéraux "après les multiples sorties xénophobes et homophobes assumées au @MR_officiel". Pour le chef de file socialiste, "chaque démocrate doit aujourd'hui se lever contre cet effacement de la différence avec l'extrême droite" et cette "stratégie assumée".    

En marge de la réunion des militants du PTB à l'occasion du Nouvel An, le président de la formation de gauche radicale, Raoul Hedebouw s'est "alarmé de cette perméabilité à l'égard de l'extrême droite, car ce n'est pas qu'importer des idées dans le cadre d'une rhétorique populiste de droite, c'est symptomatique d'un discours consistant à diviser pour mieux régner comparable à la démarche de Donald Trump".    

Les co-présidents d'Ecolo, Samuel Cogolati et Marie Lecocq ne sont pas demeurés en reste. "Quand le bleu vire au brun", a dépeint le premier via "X". "Le MR de Georges-Louis Bouchez relaie des discours de droite extrême, l'extrême droite vient à lui. Qui est-ce que ça étonne encore?", a demandé Marie Lecocq, via l'agence Belga.    

Au centre, la présidente de DéFI, Sophie Rohonyi a jugé que le MR n'était "plus libéral" car "être libéral, c'est défendre les libertés face à l'extrême droite, certainement pas s'acoquiner avec elle pour en banaliser les idées puantes". Au passage, celle-ci a fait observer, sur "X", que la formation amarante avait quitté une liste comptant un candidat MR proche de l'extrême droite italienne (la liste "Ensemble" à Sambreville, NDLR).    

Du côté des Engagés, la présidence du parti s'est abstenue de tout commentaire. Sans se prononcer sur une personne qu'il avoue ne pas connaître, le président des Engagés Bruxelles, Christophe De Beukelaer a souligné que l'enjeu de "l'immense retard économique, technologique et géopolitique pris par Bruxelles, la Belgique, et l'Europe" retenait toute son attention. Il a toutefois tenu à rappeler que les Engagés "n'ont et n'auront jamais aucune connivence avec les extrêmes".    

La cheffe du groupe MR au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Diana Nikolic, une des figures de proue du Mouvement Réformateur à Liège a quant à elle regretté que les libéraux liégeois n'aient été "ni consultés ni même informés quant à l'adhésion de Noa Pozzi".  

Disant maintenir son intransigeance au sujet des "valeurs libérales et progressistes qui fondent notre mouvement politique", elle a néanmoins dit croire à l'erreur et "à la possibilité de détourner des personnes, spécifiquement les plus jeunes, des idées extrémistes, populistes, haineuses, etc..".

Que Noa Piozzi "se détourne de l'extrême droite encore si jeune est plutôt une bonne nouvelle. Mais il n'a pas été un simple militant au sein du parti d'extrême droite, il en a été la tête de liste aux élections fédérales. Ça implique d'être extrêmement prudent avant de l'accepter éventuellement", a-t-elle notamment soutenu via Facebook.    

Enfin, on relèvera encore la "condamnation ferme de l'ouverture du Mouvement Réformateur à l'extrême droite" formulée dimanche par le Cercle des étudiants libéraux de l'ULB (non affilié au MR, NDLR).

Sophie Wilmès convaincue? 

Sur le plateau du RTL info 19h de ce dimanche 12 janvier, Sophie Wilmès est également revenue sur cette adhésion controversée. Cautionne-t-elle que le MR accueille des représentants de l'extrême droite en son sein? "Ça, ça pose question", a-t-elle répondu. "Je peux tout à fait comprendre que dans un parcours de vie on puisse changer d'avis, et tant mieux d'ailleurs, mais ça voudra dire que cette personne doit s'inscrire pleinement dans nos valeurs. S'agissant d'un cas aussi particulier et délicat que celui que vous évoquez, je pense qu'on aurait quand même dû consulter en interne pour voir ce qu'il y avait lieu à faire."

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