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25% des nouveaux professeurs ne sont pas formés à la matière qu'ils enseignent: "Parfois, la catastrophe se révèle très vite"

L'an dernier, 25% des nouveaux professeurs ne disposaient pas d'un diplôme en lien direct avec la matière enseignée. C'est une des conséquences de la pénurie d'enseignants qui continue de s'aggraver. Une solution intéressante dans certains cas, mais qui peut aussi parfois poser problème.

"Je voudrais qu'on revoie certains grands classiques des proverbes, parce que beaucoup d'entre vous, je l'ai remarqué, ne les connaissent pas en fait." Annabel est licenciée en journalisme. Après 20 ans d'expérience dans différents secteurs, elle décide il y a deux ans de se lancer comme professeur de français, après avoir vu une petite annonce.

"Transmettre et de partager des choses avec la jeune génération, ça m'a parlé. Donc je suis allée à la séance d'information. Et puis j'ai commencé très vite en fait, après cette séance. On m'a proposé un poste et donc je me suis lancée", raconte Annabel.

Depuis, elle enchaîne les remplacements, d'école en école. Ce qui n'est pas toujours évident. Elle se forme au fur et à mesure.

"Dans les cours qu'on prépare, parfois on se dit, ça va durer 50 minutes, et en fait on se rend compte que ça dure 20 minutes. Ou l'inverse, c'est trop long par rapport à ce qu'on s'était fixé. Donc il faut s'adapter", constate-t-elle. 

Selon une note interne, qui a fuité dans la presse, 25% des nouveaux enseignants n'ont pas le diplôme en lien direct avec la matière qu'ils enseignent. Un chiffre qui a plus que doublé en 8 ans. La pénurie oblige les écoles à recruter des personnes qui n'ont pas le titre. Dans la pratique, c'est parfois compliqué.

Des expériences pas toujours concluantes

"Parfois on se dit, il vaut mieux arrêter le contrat, parce que très vite, la catastrophe se révèle. C'est-à-dire que la classe n'est pas tenue et surtout, il n'y a pas de transmission de savoir, explique Benoit Martin, directeur du Collège Cardinal Mercier. Mais souvent, c'est quand même mieux que rien. Et parfois, c'est beaucoup mieux que rien. C'est-à-dire qu'ils fonctionnent comme des professeurs à part entière. Et ils sont de très bons professeurs." 

Les futurs professeurs, de moins en moins nombreux, se forment notamment sur le site de Loverval, de la haute école Louvain-en-Hénault. Pour la directrice, la situation sur le terrain est inquiétante. Selon elle, recruter des professeurs qui n'ont pas le titre dévalorise le diplôme et impacte les élèves.

"Les professeurs qui ont le titre, le diplôme pour enseigner, peuvent mettre tout en place pour que l'élève dans la classe dispose, à la fin de l'année, de tout ce qui est nécessaire pour réussir, estime Katia Dobbelaere, directrice adjointe du département éducation de la haute école Louvain-en-Hénault. Mais quand on n'a pas toutes ces connaissances, l'élève en classe, il se sent souvent perdu. Et le niveau de l'enseignement peut baisser"

Nous avons contacté le cabinet de la ministre de l'Éducation Valérie Glatigny, qui n'a pas souhaité commenter les dernières données chiffrées qui inquiètent le secteur.

 

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