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Bruno Guillot est donc ce qu’on appelle un apostat, c’est-à-dire un musulman qui a renié sa foi. Il est venu sur le plateau du RTL info Signatures accompagné d’une personne pour le protéger car il l’avoue, il se sent toujours en danger. « Le risque zéro n’existe pas donc il faut absolument prendre des précautions. Tous les musulmans ne sont pas forcément de cette interprétation, néanmoins, il existe des textes qui vont dans ce sens », donc qui disent qu’il faut tuer les apostats. « Ce que j’aime à dire, c’est à nommer cet islam « l’islam des origines ». Donc il y a un propos qui dit celui qui change de religion, tuez-le. Et au début de mon apostasie, en 2017, je reçois pas mal de menaces de mort. Je reçois de la mort-aux-rats dans ma boîte aux lettres. Forcément, force est de constater qu’il est impossible de ne pas avoir cette crainte dans le cœur. »
Converti à l’âge de 15 ans
Bruno a grandi à Charleroi et y vit toujours. Il se convertit à l’âge de 15 ans, après que son père « décide de briser mon rêve footballistique. Et de ce fait, je finis par me recroqueviller sur moi-même et à m’ouvrir à d’autres communautés dont j’ignorais, je ne veux pas dire l’existence, mais du moins la réalité de leur culture. Au travers du fait que mon père ne m’ait pas accompagné dans ce périple, et ne m’ait pas soutenu, voire même rabaissé par rapport à cette mission, je finis par rentrer dans une famille maghrébine. Et cette famille était très chaleureuse, m’a vite présenté l’islam, m’a vite invité à la mosquée. J’ai une mosquée de la région de Charleroi d’ailleurs. Et de là, finalement, on finit par retrouver tous ces repères que nous n’avions pas auparavant. La déchristianisation d’une famille, le manque de spiritualité. »
Se réjouir du 11 septembre « aurait dû m’empêcher de m’approcher de cette vision »
Sa conversion a lieu juste après les attentats du 11 septembre aux États-Unis. Dans son livre, il témoigne du fait que certains musulmans de Belgique se sont réjouis des attentats. « C’est une chose qui, au départ, m’a complètement dégoûté, à mon jeune âge. Donc ça, c’est vraiment avant ma conversion. C’est normalement un facteur qui aurait dû m’empêcher de m’approcher de cette vision. Mais voilà, l’un dans l’autre, la communauté musulmane est une communauté qui est fort prosélyte et qui essaie constamment d’expliciter le pourquoi du comment. Pourquoi le christianisme est faux. Pourquoi le judaïsme est faux. Pourquoi l’islam est intrinsèquement, totalement et complètement la vérité. Et donc on a 15 ans et demi, on n’a pas forcément l’argumentaire. »
Les demandes en mariage de sa fille, « on prend vraiment une claque »
Il devient dès lors un musulman très pieux, il apprend l’arabe et connaît le Coran par cœur. Il fait des études à la très sélecte université islamique de Médine, en Arabie saoudite. Il ne serrait plus la main aux femmes, ne les regardait plus dans les yeux. Mais au fil des années, sa foi en cette religion commence à se lézarder. Une des raisons est qu’un musulman demande la main de sa fille alors qu’elle a 7-8 ans. « Ça m’étonne et ça me choque. Alors je ne vais pas mentir en disant que je ne savais pas que cela existait, bien sûr. Mais entre la théorie et la pratique, il y a vraiment un monde de différence. Et quand on est devant cette pratique, on prend vraiment une claque et on se dit, waouh, finalement, c’est quelque chose qui existe, c’est quelque chose qui est faisable. Et surtout quand ça vient d’une personne qui était à l’époque, pour la deuxième demande en mariage, de la région namuroise. »
Autre raison, pour quelqu’un qui commence à douter, c’est qu’il n’y a justement pas de place dans l’islam pour le doute. « Le doute volontaire est clairement non permis. Il est même l’une des causes qui excluent la personne de l’islam, et en fait un apostat, donc on revient au début du discours. Donc il est très difficile de quitter l’islam. Mais en même temps, il m’est arrivé à moi, ce que Saint-Augustin dira dans l’un de ses livres : les doutes conduisent à la foi. Je pense vraiment que mes doutes ont été salvateurs pour moi, car ils m’ont conduit à la certitude. »
« Très facile d’y rentrer, très difficile d’en sortir »
Celle de devenir catholique. Mais le chemin de sortie de l’islam est « très très difficile. C’est très facile d’y entrer, c’est très difficile d’en sortir. C’est très difficile parce qu’il y a plusieurs étapes. La première étape, c’est le déni. On a de la haine vis-à-vis de ce qu’on a pu faire penser, parfois même peut-être envers la communauté musulmane, à tort. Et ensuite, il y a toute une reconstruction interne qui est très très difficile, et ensuite une reconstruction externe », comme son apparence qui change. Il lui aura aussi fallu 3 ans pour remanger du porc. « Tout est diabolisé, donc c’est extrêmement compliqué. »
« Une volonté de communautarisme » dans les quartiers
Aujourd’hui, il témoigne de la présence de cette religion dans notre société belge. Il explique que les musulmans veulent habiter dans les mêmes quartiers car « il y a une volonté de communautarisme. On ne va pas se le cacher, d’ailleurs je pense que c’est visible. Il y a une volonté aussi de vivre entre musulmans. Il y a une volonté aussi de pouvoir pratiquer sa religion d’une manière la plus paisible possible et donc d’avoir accès à tout ce que la religion recommande, voire oblige. Comme la prière à la mosquée. Comme le fait de manger halal. Comme le fait d’avoir des écoles islamiques, etc. Donc forcément, habiter ensemble, ça facilite tout cela. Ça fait même de certains quartiers des quartiers presque musulmans. »
Un islam qui séduirait de plus en plus de jeunes
Il écrit également que l’islam est à la mode en ce moment en Europe, surtout chez les jeunes. Et pour lui, l’islam va encore prendre de l’importance chez nous. « Je pense que oui. Je pense que les réseaux sociaux contribuent à cela. Je pense que même le langage parfois contribue à cela. Je vais vous prendre juste une anecdote. Aujourd’hui la majorité des jeunes de toutes confessions confondues ont pour habitude de dire starfoullah par exemple. Qui est un terme qui est purement islamique. Qui signifie littéralement astaghfirullah, qu’Allah nous pardonne. Donc c’est un terme qui est vraiment purement islamique. Ce sont ce genre de termes qui n’existaient pas moi, personnellement, à mon époque. Et je pense que ceci dans cela favorise le fait de tendre l’oreille vers un islam qui parfois peut s’avérer être radical. Ça les attire », tout comme le nombre important de musulmans dans certaines classes. « Ça aussi, ça peut évidemment attirer des gens comme vous vers la religion. »


















