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Depuis trente ans, l’ASBL Abbeyfield développe en Belgique un concept d’habitat groupé destiné aux personnes âgées, dans le but de retarder au maximum la dépendance. Le principe est simple : chaque résident dispose de son propre logement, mais partage avec les autres habitants des espaces communs comme la cuisine, la salle à manger, le salon ou encore le jardin. Le mot d’ordre de l’association est explicite : « habiter chez soi, mais vivre ensemble ». À Watermael-Boitsfort, neuf colocataires, âgés de 66 à 90 ans, expérimentent ce vivre-ensemble au quotidien.
Rencontres, autonomie et convivialité
François Verhulst, 85 ans, vit dans cette maison partagée depuis neuf ans. Pour lui, l’atout majeur réside dans la richesse des rencontres : « Ce qui m’intéresse vraiment beaucoup, c’est de rencontrer les gens, de pouvoir partager les choses avec eux. Ici, on est bien servi parce qu’on se rencontre beaucoup. On fait des choses ensemble, on décide des choses ensemble. C’est magique. » Contrairement à une maison de repos, l’autonomie y reste centrale. « On reste responsable de soi-même et co-responsable. Toute cette dynamique de la responsabilité est au cœur de la maison », insiste-t-il. Les repas du soir sont pris en commun, à 18 h 30, suivant une décision collective, et la vie est rythmée par des activités variées : yoga, qi gong, atelier d’écriture, ciné-club du vendredi… De quoi nourrir la convivialité et stimuler la créativité.
Un processus d’intégration exigeant
Mais vivre ensemble suppose aussi de bien s’entendre. Pour rejoindre une de ces maisons, les candidats doivent suivre un parcours précis. Jef Van Osta, président de l’ASBL Abbeyfield Brussels, en détaille les étapes : « On commence par un repas informel avec tous les habitants, puis suivent des entretiens individuels. Une chargée de mission s’assure de l’autonomie du candidat et un certificat médical est demandé. » L’objectif est de vérifier que la personne est à la fois autonome et compatible avec la dynamique collective.
Le vote final des habitants
L’intégration ne s’arrête pas là. Après ces démarches, le candidat effectue un « stage » de quelques semaines dans la maison afin de tester la vie commune des deux côtés. « Cela permet de s’assurer que le fit est là et que le match est bon », explique Jef Van Osta. La décision finale appartient ensuite aux colocataires, qui votent à bulletin secret. Chacun a donc un droit de regard décisif sur l’arrivée d’un nouveau résident. Une manière de protéger l’équilibre fragile mais essentiel d’une vie partagée.


















