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Dans un communiqué, les évêques belges soulignent avoir toujours coopéré pleinement à l'enquête "sans avoir caché les faits".
Les évêques belges ont exprimé, lundi, leur satisfaction quant à l'extinction de l'action publique dans le dossier relatif à l'Opération Calice, du nom de cette enquête judiciaire sur les crimes sexuels commis par des membres de l'Église catholique et leur dissimulation. Du côté des parties civiles, c'est la déception qui domine.
"Une fois de plus, les victimes n'ont pas été reconnues, elles n'ont clairement aucun droit dans ce pays", a déploré le prêtre retraité Rik Devillé, devenu porte-voix des victimes de violences sexuelles dans l'Église.
"La réquisition du parquet fédéral a été suivie dans son intégralité", a souligné l'avocat de l'archevêché de Malines-Bruxelles, Fernand Keuleneer. "Cela me semble être une décision juridiquement correcte et très équilibrée, qui est bien motivée. Certains des inculpés sont décédés, et pour les autres, il y a prescription. Ce n'est pas une surprise. Les parties civiles peuvent encore faire appel et ensuite, un pourvoi en Cassation est également possible."
"L'Église n'a pas non plus détruit de documents, comme certains l'ont prétendu à maintes reprises et continuent de le faire. Aucune preuve, ni même indication sérieuse n'ont été présentées à ce sujet. De telles affirmations sont inventées de toutes pièces", assurent-ils. Les évêques réitèrent leur compassion à l'égard des souffrances endurées par les victimes de violences sexuelles dans l'Église et réaffirment leur "engagement à la tolérance zéro à l'égard des violences sexuelles survenant dans un contexte pastoral".
"Les auteurs d'abus doivent être poursuivis et jugés selon les règles de l'État de droit. Lorsque des faits sont prescrits devant la justice, l'Église catholique assume une responsabilité morale en écoutant et en reconnaissant la souffrance des victimes", souligne la Conférence des évêques de Belgique dans son communiqué.
Du côté des victimes, la déception est grande après la décision de la chambre du conseil de Bruxelles de ne poursuivre aucun responsable ecclésiastique. "Les victimes se sont battues pendant des décennies pour obtenir une reconnaissance qui, une fois de plus, ne leur a pas été accordée. Les victimes de ces crimes historiques au sein de l'Église n'ont clairement aucun droit dans ce pays, et l'Église se trouve manifestement au-dessus de la justice. Dans ce pays, le pouvoir judiciaire n'a apparemment pas d'autre choix que de dire qu'il ne peut pas mener d'enquête approfondie sur l'Église", s'est offusqué le prêtre à la retraite Rik Devillé, qui défend depuis longtemps les victimes de violences sexuelles au sein de l'Église.
"Cette décision est très difficile, la douleur des victimes s'est encore accrue", a poursuivi l'ecclésiastique. "Elles doivent une fois de plus continuer à vivre sans justice. Nos espoirs reposent désormais sur le Parlement, et nous avons en outre mis en demeure les autorités belges. Lorsque l'on vit dans un pays où un groupe aussi important de victimes se voit refuser ses droits, il y a manifestement quelque chose qui cloche. Nous demandons également au gouvernement de créer un fonds pour les victimes afin que toutes les victimes puissent bénéficier d'une assistance psychologique aussi longtemps qu'elles en auront besoin".