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De la gloire à la déchéance. Matthew Perry, star de Hollywood au destin brisé par une drogue insidieuse prescrite par des médecins peu scrupuleux, la kétamine. Un fléau qui n’épargne pas notre pays.
Salvador Plasencia est l’un des docteurs qui ont fourni l’acteur Matthew Perry en kétamine. Il risquait jusqu’à 40 ans d’emprisonnement, mais écope mercredi dernier de 30 mois de réclusion.
« Ça aurait pu être pire, estime Luz Plasencia, mère du médecin condamné. Mais Dieu merci ! Merci aux juges, merci tout le monde. Et je suis désolé pour la famille de Matthew Perry ».
La star de la série Friends est retrouvée sans vie le 28 octobre 2023, noyée dans son jacuzzi. En cause, une surconsommation de kétamine. « Matthew Perry cherchait un traitement pour la dépression et l’anxiété, raconte Anne Milgram, directrice de l’administration de lutte contre les drogues. Il s’est rendu dans une clinique locale où il est devenu dépendant à la kétamine par voie intraveineuse. »
Les SMS du médecin qui approvisionnait l’acteur illégalement sont édifiants. « Je me demande combien ce crétin serait prêt à payer », écrivait-il par exemple.
Au départ, la kétamine est un médicament utilisé comme anesthésiant aux États-Unis, dès les années 60. Puis pour soigner des dépressions profondes. Mais elle ne convient pas à tous les patients.
« Nous savons que la kétamine a des effets dramatiques sur le cœur et sur la pression sanguine », explique Gérard Sanacora, professeur de psychiatrie à Yale. D’autant que le médicament est détourné de son usage premier. Très prisée par les consommateurs de drogues à des fins récréatives, la kétamine se retrouve au cœur d’un vaste trafic mondial et transite notamment par la Belgique en poudre ou en comprimés. Traqué sans relâche par la douane.
« On en retrouve vraiment dans tout, raconte une employée de la douane à Anvers. Ils inventent sans cesse de nouvelles cachettes et nous nous découvrons parfois de très petites quantités, mais aussi des quantités beaucoup plus grandes. »
En 2024, 168 kilos de kétamine ont été saisis aux aéroports de Zaventem et de Liège. Les acteurs de terrain s’inquiètent du succès grandissant de la kétamine en Belgique. « Toute une série de personnes vont rentrer progressivement dans des usages beaucoup plus importants qui peuvent avoir une nocivité sur le corps et donc sur la santé mentale et psychique », met en garde Michaël Hogge, expert à l’Observatoire des drogues « Eurotox ».
Cette drogue hallucinogène peut s’avérer très néfaste pour la vessie, les reins ou le foie. l’Université d’Anvers a analysé des eaux usées à Bruxelles et en Flandre. La kétamine y est 7 à 11 fois plus présente aujourd’hui qu’il y a dix ans.
















