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Les kinés estiment depuis des années que leurs honoraires ne sont pas suffisants et que la charge administrative est trop importante. Nous avions rencontré François il y a un an. Lui, comme d’autres, envisageaient de se déconventionner. Ils auraient donc facturé plus aux patients, qui auraient été moins remboursés. Comment a évolué la situation ? François est-il toujours kiné ? A-t-il modifié sa manière de travailler ?
Malgré beaucoup d’interrogations, François continue aujourd’hui à pratiquer en tant qu’indépendant. En un an, sa rémunération n’a pas changé. Il est toujours conventionné et gagne 30€ brut par prestation.
"C’est toujours profondément injuste, déplore François. Il y a un manque de reconnaissance qui est parfois lourd à accepter, difficile à endosser moralement, et il faut essayer de faire avec et continuer à faire ce métier avec passion, à se former, à rester à jour malgré tout".
Lorsque nous l’avions rencontré il y a douze mois, il espérait que les honoraires allaient être revus à la hausse. Et pensait – comme d’autres – à se déconventionner.
"J’aimerais rester conventionné pour tous mes patients, pour qu’ils soient remboursés le mieux possible", racontait François. "Le problème, c’est que les honoraires qui ont été renégociés sont injustes", estimait-il.
Le statut d’indépendant en Belgique n’est pas adapté
Mais le mouvement de protestation n’a pas permis de changer les choses. Aujourd’hui, puisque rien ne bouge, François a accepté un contrat de salarié à mi-temps dans maison de repos."Pour un prestataire de santé conventionné, le statut d’indépendant en Belgique n’est pas adapté", dit-il.
Ce n’était pas une priorité pour lui, mais ce contrat lui permet d’alléger sa charge administrative. Et de s’en sortir fiscalement. "Je suis très content de travailler en maison de repos. La gériatrie est quelque chose qui me convient", confie-t-il. Et d’ajouter : "Je suis quand même très frustré et triste de voir que mon travail précédent d’indépendant à temps plein, l’engagement que j’y ai mis, les heures que j’ai passées à travailler n’ont pas été utiles, n’ont pas été reconnues".
Une revalorisation du métier attendue de longue date
Andreas est kiné depuis 27 ans. Il est aussi membre effectif de l'association Ask (Association de Soutien aux Kinésithérapeutes). Les honoraires ont été source de débat toute l’année. Sur les 27.000 kinés, 8.600 dont Andreas sont déconventionnés. Soit 32%.
"Ça montre qu’il y a une certaine envie de changer, pas d’augmenter les tarifs, mais d’avoir un statut reconnaissant pour le kiné et en même temps pour le patient, avec un remboursement logique pour tous les patients", déclare-t-il.
Une convention prévoyait une hausse de rémunération jugée trop faible. Elle a finalement été rejetée par le secteur. Les associations veulent aussi un meilleur remboursement des déplacements et la simplification administrative.
"Maintenant, c’est stop, parce que ça fait déjà des années que l’on demande une revalorisation de notre métier. Pas seulement au niveau financier, mais pas rapport à la reconnaissance de nos prestations, de notre action", s’indigne Fabienne Vandooren, Directrice générale d’Axxon Qualité en Kinésithérapie.
Sans convention depuis le premier janvier, les kinés peuvent donc théoriquement fixer leurs prix librement. Le secteur se dit ouvert à la négociation.