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Les agriculteurs belges bloquent plusieurs postes-frontières pendant 24 heures pour dénoncer l’accord du Mercosur, discuté lors d’un sommet en Uruguay. Ils pointent des normes sanitaires et environnementales inégales qui menacent leur compétitivité et la qualité des produits européens.
Les agriculteurs belges manifestent depuis hier soir, 22h jusqu'à ce soir 22h en bloquant plusieurs postes-frontières comme à Hensies, Bouillon, Chimay et Eupen. Cette action a lieu en marge d’un sommet important qui se tient ces 5 et 6 décembre en Uruguay concernant le Mercosur. C'est sommet potentiellement clé avant la décision du Conseil européen prévue les 19 et 20 décembre.
La FJA dénonce une nouvelle fois les "conséquences catastrophiques" de cet accord qui "permettent à des denrées produites selon des normes bien moins exigeantes que les nôtres d’arriver dans nos assiettes". Mais quelles sont ces normes exactement et que concernent-elles ?
Sébastien Geens est agriculteur. Dans sa ferme, il doit respecter toute une série de normes. "Là-bas, on peut utiliser des hormones de croissance. On nous garantit que cette viande-là n'arrivera pas en Europe. On doit se baser sur des contrôles qui sont faits sur place".
Hormones, antibiotiques, pesticides et bien-être animal
L'Union européenne a interdit l'usage des hormones depuis 1996. C'est aussi le cas des antibiotiques utilisés pour promouvoir la croissance des bovins, ils sont interdits depuis 2006 dans l'Union européenne et depuis 2022 pour toutes les viandes importées. Dans les pays du Mercosur, leur usage n'est pas interdit et les contrôles pour s'assurer que cette viande n'arrive pas sur nos territoires ne sont donc pas garantis.
On trouve ensuite les pesticides. Sur les 190 autorisés dans ces pays, 52 sont interdits en Europe, car ils sont considérés comme cancérogènes.
Les normes sur le bien-être animal ne sont également pas les mêmes. Les agriculteurs du Mercosur ne sont pas soumis aux mêmes règles, notamment en matière de surface disponible et de densité.
On ne sait pas être compétitifs
En plus de la charge administrative, il y a également le risque de concurrence déloyale. C'est ce qui inquiète Guillaume Van Binst, secrétaire général de la FJA, fédération des jeunes agriculteurs : "On ne sait pas être compétitifs parce qu'ils n'ont pas les mêmes coûts de production en termes de respect des normes, en termes de normes sociales, etc. Quand ils doivent engager des personnes là-bas, ça leur coûte évidemment beaucoup moins cher que par ici."
"La charge des normes engendre une charge administrative colossale et nous écrase sous le travail, au lieu de nous consacrer à notre mission première qui est de produire", regrette également Sébastien Geens.
Pour autant, les agriculteurs ne souhaitent pas l'abolition des normes existantes : "Si on veut produire de manière vertueuse, si on veut produire des aliments de qualité, il faut ces normes. Si on nous les impose à nous, alors il faut qu'elles soient imposées à l'ensemble des agriculteurs.", nuance Guillaume Van Binst.