Partager:
En matière de santé et de prise en charge, les 65 ans et plus représentent en moyenne 20 % de la population, soit 2,3 millions de Belges qui espèrent, peut-être s'offrir une place en maison de repos pour terminer leurs vieux jours. Problème, le coût de ces établissements ne cesse d'augmenter, ce qui n'est pas forcément le cas des pensions. A Bruxelles et en Wallonie, il faut compter en moyenne 2000 euros par mois pour une maison de repos standard.
Dans une maison de repos bruxelloise, Suzanne et sa sœur Françoise ont les yeux rivés sur les factures de la maison de repos de leur maman : 2.100 euros. Voilà ce qu'elle paye chaque mois, un tarif qui va encore augmenter dès le 1er février prochain de 94 euros.
"Je payais 1728 euros en 2 ans, donc en février 2023, ce qui fait une différence de 372 euros en 2 ans. C'est juste énorme, ce n'est pas possible", expliquent-elles.
Passer ses derniers jours en maison de repos, est-il devenu un luxe ? Dans un home à Watermael-Boisfort, les prix varient de 2.200 à 2.900 euros par mois. A cela s'ajoutent des frais additionnels pour un coiffeur, le médecin, la pédicure ou encore les médicaments.
"C'est vrai, le coût d'une maison de repos est cher parce que le coût de la vie est cher, les frais de gestion sont chers, le personnel est cher", explique la directrice de ce home. Le personnel représente 60 à 70 % du budget d'une maison de repos. A cela, il faut ajouter l'entretien du bâtiment, les factures d'énergie ou encore l'alimentation.
Pour la quasi-totalité des résidents, impossible de payer la facture simplement avec leur pension. "Je dois avoir environ 1.700 euros, quelque chose comme ça, et le prix avec tous les frais de médecins, etc., de médicaments, tout ce qu'on peut, ça revient quand même à 2700. Donc il faut trouver une économie de 1000 euros, et heureusement que j'ai été économe pendant mon temps de travail", note un résident.
Trois fois par semaine, Françoise vient voir son papa Emile, presque 101 ans, le plus âgé de la maison de repos. Avec ses besoins spécifiques, sa facture va de 3000 à 3400 euros par mois. "Papa a encore une bonne pension, mais ce n'est pas suffisant. Maman était mère au foyer, papa travaillait tout seul et donc pour venir ici, ils ont vendu leur maison. Moi, je suis d'accord de payer, mais j'attends un service en retour, ce qui n'est franchement pas toujours le cas", estime Françoise.
Épargner toute sa vie pour se payer une fin de vie en maison de repos : sans cet argent de côté et sans moyen de payer, certains résidents auraient pu faire un tout autre choix. "Je pense qu'on est aussi un peu à tournant maintenant, puisqu'on a le droit à l'euthanasie aussi. Donc, je pense que les gens qui n'auront peut-être plus les moyens ou ne voudraient pas embêter leur famille décideront quand le moment sera venu de faire ce geste là", explique une autre fille de résidante.
Mais ce qui explique le prix des maisons de repos, c'est aussi le vieillissement de la population. Les besoins en personnel ont augmenté ces dernières années, mais leur financement reste limité. "Ce qui fait que si nous voulons avoir le personnel adéquat pour bien soigner nos résidents, nous devons engager un certain nombre de personnes sur fonds propres. Les politiques doivent vraiment repenser la manière dont on finance les maisons de repos", note la directrice.
Les maisons de repos privées restent plus chers que les autres. "Parce que le privé ne bénéficie pas de toute une série d'aides et de subsides qui sont offerts à l'associatif. Par ailleurs, le secteur public n'a aucune limite dans ses pertes d'exploitation. Les prix sont réglementés. Une maison de repos n'est pas libre d'augmenter son prix comme elle veut. C'est soumis une autorisation préalable", note Vincent Fredericq, secrétaire général de la Fédération des maisons de repos privées.
Sur les neuf dernières années, le prix des maisons de repos a flambé, +38%. Comptez en moyenne 1850 euros en Wallonie et 2084 à Bruxelles. La pension des Belges augmente également, mais beaucoup moins vite : 2142 euros bruts pour un homme, 20% de moins pour une femme.