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En avril 2004, Damien Ernst, expert belge en énergie, dressait déjà un constat préoccupant sur la vulnérabilité des sous-stations électriques. Dans une récente interview de Benjamin Maréchal, le scientifique liégeois revient sur ce qu’il considère comme des véritables talons d’Achille des réseaux électriques. Une menace fortement sous-estimée selon lui.
Mais qu’est-ce qu’une sous-station électrique ? Damien Ernst explique : « Vous voyez, vous roulez parfois le long de l’autoroute et puis vous voyez quelque chose avec des barbelés, des barrières autour, avec des lignes électriques qui arrivent, des transformateurs. Vous vous dites qu’est-ce qu’il y a là à l’intérieur ? C’est ce qu’on appelle des sous-stations. » Ces infrastructures sont des points centraux où l’électricité est transformée pour être distribuée à travers tout le réseau.
Des cibles courantes en Ukraine et en Russie
Ces sous-stations sont essentielles mais également extrêmement fragiles. Elles regroupent des transformateurs et autres équipements sensibles nécessaires pour garantir la transmission de l’énergie. Ernst insiste sur leur rôle clé et leur sensibilité : « Ce sont les points très sensibles des réseaux électriques. Ce sont les points qui sont ciblés du côté ukrainien et du côté russe lors de cette guerre qu’on observe. » Ces installations deviennent des cibles stratégiques lors de conflits, comme le démontre l’actualité récente en Ukraine.
Le spécialiste exprime par ailleurs ses craintes pour l’Europe : « Moi, effectivement, ce que je crains énormément dans le futur, ce sont des attaques de drones. Les drones ne coûtent plus rien pour mettre des grenades sur les drones. » Selon Ernst, une attaque coordonnée contre les sous-stations européennes pourrait plonger tout le continent dans un black-out prolongé, avec des conséquences dramatiques. L’absence de pièces de rechange pour des réparations rapides aggraverait encore la situation.
Outre les attaques physiques, Damien Ernst alerte également sur les menaces cyber. Selon lui, « vous avez une vulnérabilité extrême de nos réseaux électriques qui a différentes origines » , notamment liées à leur complexité et au risque croissant de cyberattaques. Cette double vulnérabilité, physique et numérique, met le réseau sous pression.
Manque d’anticipation politique ?
L’expert exprime son scepticisme quant à la préparation actuelle face à ces menaces : « J’ai l’impression qu’on ne réagit pas à ce niveau-là. En fait, je sais exactement ce qui va se passer. On va se prendre une grosse attaque, comme d’habitude. Et puis, on va essayer de réagir, mais on n’anticipe pas assez. » Ernst reproche un manque d’anticipation et de solutions préventives pour protéger ces infrastructures essentielles.
Damien Ernst dresse un constat sombre mais réaliste. Il insiste : « Quand vous avez une telle vulnérabilité dans un système, quand vous vivez dans un monde tellement dangereux, un monde en guerre, vous vous faites frapper sur cette vulnérabilité-là. On ne va pas y échapper. Tôt ou tard, ça va venir. »


















