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Rencontres avec trois jeunes qui ont un point commun : ils sont habiles de leurs mains et cette compétence a été reconnue mondialement. À peine rentrés du Danemark de la neuvième édition de l’Euro Skills, Matéo et Louis sont déjà de retour au boulot. Ils ressentent les retombées positives de leurs performances. Leur agenda déborde et le délai d’attente a doublé. Il faut désormais six mois pour s’offrir leurs services. Ils ont 20 et 21 ans, mais ils sont pris au sérieux.
« Avant, on nous prenait pour des jeunes, donc on nous parlait comme à des jeunes, raconte Louis Lemaître, indépendant en parcs et jardins. Et maintenant, on n’a plus de plus en plus de projets techniques à réaliser. On a beaucoup plus de chantiers d’aménagement et de création. Avant c’était beaucoup de taille, mais tailler, c’est quand on est jeune qu’on fait ça. Puis maintenant, on a l’aménagement et ça commence vraiment à être chouette.»
Tout proche d’une médaille il y a un an à Lyon, aux World Skills, ils ont remporté le bronze il y a quelques semaines à l’Euro Skills à Herning, au Danemark. La médaille est le symbole de tout ce que la compétition leur a enseigné. « Franchement, je trouve qu’on a un autre regard sur nos chantiers et ça nous a permis d’évoluer et d’avancer plus vite, confie Matteo Bebronne, également indépendant en parcs et jardins. On a pu voir les autres travailler. On a pu apprendre avec eux, discuter et c’est ça qui fait que c’est une expérience extrêmement riche parce qu’on n’aurait jamais pu faire ça autrement ».
Dans ces compétitions, on enseigne l’exigence, la perfection, la résilience, ce qu’on n’apprend pas forcément à l’école. « On dit toujours que d’avoir participé à une compétition internationale ou de s’être formé au moins au minimum trois mois avec WorldSkills, ça permet d’avoir trois années d’expérience, en fait acquises en seulement trois mois, dit Virginie Gilon, porte-parole de Wordskills Belgium. Il y a des entreprises qui vont venir les chercher. Il y a des entreprises qui viennent aux compétitions pour justement détecter et aller chercher le jeune qui fera la différence dans leur entreprise ».
Dix ans plus tard, si Julien devait retenir un élément, ce serait la précision. Il se souvient régulièrement de ces compétitions internationales. « Quand on a des travaux de précision et qu’on doit prendre notre temps pour bien faire les choses, c’est clair qu’on a un peu des flashes de la compétition, raconte Julien Neulens, menuisier. On doit vraiment être minutieux et dans le moindre dixième de millimètre, parce que là-bas, c’est au 10ᵉ de mm. »
Dans son atelier, ce souvenir a une place de choix. Il montre avec fierté à ses clients ses médailles obtenues en 2016 et 2017 à Goteborg et à Abou Dabi. « C’est tellement un beau souvenir (...) Ce sont souvent des choses qu’on met dans un placard et finalement qu’on n’ouvre jamais, mais j’aime bien le montrer aux clients qui ne me connaissent pas le concours, et montrer qu’ils peuvent avoir confiance en leur société ».
Un coup de projecteur qui l’a emmené à Paris, en France. Un entrepreneur l’a repéré lors des concours et lui a proposé de construire un bar pour un événement sur la tour Montparnasse. Cette compétition ouvre des portes. « C’est même plus valorisant qu’un diplôme, estime Julien Neulens. Parce que finalement, toutes les personnes qui font ce genre de concours là, ce sont des passionnés, des gens qui adorent le métier, qui savent travailler. Aller affronter les gens de pays adverses pour faire un meilleur résultat que la Suède ou autres, c’est toujours valorisant ».
Ces jeunes s’illustrent dans des métiers parfois mal perçus. Mais un concours peut tout changer et tracer des parcours professionnels inespérés.


















