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"On ne se rend pas compte des compétences de nos enfants": la mère de Lucile, trisomique 21, face aux défis persistants de l’inclusion scolaire

Quand on est parent d'un enfant porteur d'un handicap, comment réussir à l'intégrer au mieux dans la société ? C'est le casse-tête de la maman de Lucile, 9 ans que nous avions rencontrée l'année dernière. Plus sa fille grandit, et plus les obstacles se dressent sur sa route. Selon la maman, le système scolaire actuel aurait trop tendance à vouloir limiter ces enfants différents au milieu spécialisé. Elle ne se sent pas suffisamment épaulée.
 

Il y a un an, Lucile accepte de partager avec nous son univers plein de fantaisie. Un quotidien pas tout à fait comme les autres, avec ses frères et sœurs.

À l'époque, Judith, la maman, tient à ce que sa fille fréquente la même école que son frère. Pas une école spécialisée. Elle refuse que la trisomie 21 place sa fille en marge de la société.

Mais c'est un combat de tous les jours.

Un an plus tard, c'est une maman pleine de questionnements que nous retrouvons. Sa fille Lucile est sur le point de clôturer sa troisième primaire. Les parents doivent décider de la suite de son parcours scolaire.

"On voit qu'elle coince au niveau des apprentissages. Soit ça l'amènera à recommencer son année en cours, soit à aller vers le spécialisé pour avoir un soutien plus important," raconte Judith. "À l'âge adulte, je souhaite que mon enfant soit inclus dans la société. Si on la met dans une école différente, on la met à l'écart de la société."

Et Judith de s’interroger : "Comment est-ce qu'elle va pouvoir retrouver le lien avec la société en général si on la met dans un autre endroit ?"

Des aides, mais jugées insuffisantes

Aujourd'hui, en Fédération Wallonie-Bruxelles, il existe des pôles territoriaux, une équipe pluridisciplinaire de psychologues, logopèdes et autres éducateurs vient en aide aux enseignants du général et aux élèves qui en ont besoin. Mais pour la maman, cette aide est largement insuffisante. Pour faire bouger les choses, elle a rejoint une association qui met tout en place pour que les personnes porteuses d'un handicap ne soient pas exclues de la société.

Avec le responsable de l'ASBL, il découvre le communiqué que nous avons reçu de la ministre compétente.

"Chaque parcours est unique et nous avons à cœur de favoriser l'inclusion des élèves à besoins spécifiques dans l'enseignement ordinaire autant que possible, lorsque les dispositifs mis en place ne suffisent plus à garantir son bien-être et son épanouissement. Il peut être nécessaire de réévaluer la situation et d'envisager un passage vers l'enseignement spécialisé", écrit Valérie Glatigny, ministre de l’enseignement.

"Aujourd'hui, on est dans une forme de stagnation et on ne voit pas du tout l'évolution pour ces enfants alors qu'il y a beaucoup d'expériences positives qui montrent que ça fonctionne, que les élèves peuvent s'épanouir", raconte Thomas Dabeux, responsable plaidoyer inclusion ASBL. "Il faut vraiment s'assurer que ce choix puisse être possible et que l'accompagnement adapté puisse arriver là où on en a besoin", ajoute-t-il.

"J'ai l'impression qu'ils ne rendent pas compte des compétences de nos enfants", confie Judth Yasse.

"Ils ne se rendent pas compte qu'en fait les moyens, on les a mis en place de façon bricolage (…) mais que ça ne suffit pas et que ce n'est pas pensé pour eux", ajoute-t-elle.

Une aide bénévole bienvenue, mais limitée

Une matinée par semaine, Lucile peut aussi compter sur le soutien d'un bénévole qui suit son travail de manière plus personnalisée à l'école. Comme elle, 250 enfants sont accompagnés par l'ASBL Roméo. Mais là aussi, les moyens manquent.

Nathalie Koldrasinski, présidente de l’ASBL Romeo, nous fait part de son souhait d’être davantage aidée par l’État : "J'aimerais une collaboration parce que je pense qu'il peut y avoir un partenariat qui pourrait vraiment être porteur".

"On est les petites mains de tous ces professionnels", explique-t-elle. "Pourquoi j'ai envie de continuer ? Parce que je vois que ça fait des petits miracles", assure-t-elle.

L'ASBL lance aussi un appel aux bénévoles car 300 enfants sont toujours sur liste d'attente.

 

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