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Nous vous en parlions ce jeudi, Éric, 56 ans, un travailleur du CPAS, a été tué à Gand lors d’une visite à domicile dans le cadre de ses fonctions. Selon les premiers éléments, le suspect, un homme syrien de 38 ans installé en Belgique depuis 10 ans, l’aurait poignardé avant de prendre la fuite.
Les caméras de surveillance ont permis de localiser ce dernier qui a été placé sous mandat d’arrêt pour meurtre avec préméditation. Un collège d’experts en psychiatrie va l’examiner, selon une décision du juge d’instruction.
Les visites à domicile font partie des obligations légales des travailleurs sociaux. « C’est un pan de leur travail qui n’est pas anodin, qui est difficile. Il est nécessaire parce que parfois on se rend compte de certaines choses sur le terrain qu’on ne pouvait pas imaginer lors d’un entretien dans un bureau », souligne Sébastien Lepoivre, président de la fédération des CPAS bruxellois, invité à réagir sur notre plateau.
« Violences, insultes et menaces »
Notre interlocuteur rappelle que si un tel drame reste exceptionnel, « les violences, insultes et menaces » sont, elles, fréquentes : « C’est du quotidien. »
« Les travailleurs sociaux sont en première ligne. Nos services d’accueil reçoivent un flux très important de demandes, parfois urgentes, qui peuvent déstabiliser certains bénéficiaires », ajoute-t-il.
Les interventions à domicile peuvent susciter de la crainte chez les agents, notamment lors des premières visites. Un lien de confiance peut ensuite s’instaurer, mais la montée de la violence reste une réalité : « La grande majorité des contacts se passent bien, mais on ne peut pas nier l’effet de violence qui évolue malheureusement. »
La hausse des demandes, notamment en raison du durcissement des conditions de chômage, inquiète les CPAS. « Une augmentation des flux génère une augmentation des tensions. Nous ne sommes plus en capacité de répondre à toutes les demandes ni de respecter certains délais légaux », souligne Sébastien Lepoivre, pointant un effet d’« entonnoir » aggravé par l’évolution de la pauvreté.
Des moyens jugés insuffisants
Les fédérations de CPAS réclament depuis deux décennies un financement « juste et structurel » pour renforcer leurs moyens humains et matériels, dit encore notre invité. « Il y a un remboursement des revenus d’intégration, mais cela ne couvre pas les besoins structurels. Nous avons aussi besoin d’un véritable plan de lutte contre la pauvreté, dont certains projets efficaces sont aujourd’hui supprimés », regrette le président.
Ce drame met en lumière les risques encourus par les travailleurs sociaux et relance le débat sur leurs conditions d’exercice face à une demande sociale croissante.


















